Moluques : Amélioration des conditions de vie, mais insécurité et chômage

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Parallèlement à la visite ad limina

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CITE DU VATICAN, Mardi 25 mars 2003 (ZENIT.org) – En dépit d’une amélioration globale des conditions de vie, les réfugiés hésitent à retourner chez eux, mettant en avant l’insuffisance de la sécurité et le chômage, indique « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris (http://eglasie.mepasie.org), dans son bulletin n° 371, du 16 mars. Un retour sur la situation, alors que Jean-Paul II reçoit, cette semaine les évêques d’Indonésie présents à Rome pour leur visite ad limina.

Que ce soit dans la province des Moluques-Nord ou dans celle des Moluques, la situation, de l’avis général, est redevenue calme à la suite des accords de paix signés entre musulmans et chrétiens en février 2002 (1). Cependant, les réfugiés présents en grand nombre autour d’Amboine, chef-lieu des Moluques, à Célèbes ou ailleurs en Indonésie hésitent encore à retourner chez eux. Parmi les raisons qu’ils mettent en avant, on trouve d’une part des arguments économiques, le chômage et le sous-emploi sévissant dans les deux provinces, et d’autre part des raisons de sécurité. Pour ces réfugiés, le calme rétabli est précaire.

Dans la province de Célèbes-Nord, Pieter Kalamu et Memi Karaeng, un couple avec ses deux enfants, fait partie des 30 000 personnes qui ont fui les violences intercommunautaires des Moluques-Nord. Ces derniers mois, Djakarta a cherché à encourager les retours vers les Moluques et, pour ce faire, a, le 31 décembre dernier, supprimé les aides distribuées aux réfugiés tout en offrant des incitations financières à ceux qui acceptent de retourner chez eux. En dépit de cela, Pieter Kalamu explique que lui, sa femme et ses enfants ont choisi de rester à Célèbes car il trouve des petits boulots qui lui permettent de vivre à Manado (Célèbes-Nord) alors que tout est encore détruit aux Moluques et qu’il n’y a pas de travail là-bas. Il ajoute que le traumatisme subi lors des affrontements aux Moluques l’empêche encore de penser à regagner son pays d’origine et que, de toute façon, la sécurité n’y est pas garantie. Quinze mille personnes, principalement chrétiennes, seraient aujourd’hui dans son cas à Célèbes-Nord.

A la fin février 2003, selon le gouverneur de la province des Moluques, seulement un tiers des 330 000 personnes qui ont trouvé refuge à Amboine et dans ses environs immédiats sont retournés chez eux ou ont accepté d’être relogés de façon permanente ailleurs. Récemment, une équipe du Jesuit Refugee Service, stationnée à Amboine, est allée à Kasui, cette petite île située au sud-est de la grande île de Céram (Seram) qui a été le théâtre, à partir du mois de novembre 2000, de l’islamisation forcée d’environ 800 chrétiens locaux (2). Interrogés par la délégation, les musulmans locaux ont déclaré ne pas voir d’obstacles au retour des réfugiés dans l’île. Toutefois, des villageois âgés ont dit être opposés à ces retours. Pour eux, les chrétiens qui sont partis après avoir été islamisés et qui sont revenus au christianisme une fois à l’abri, hors de Kasui, sont des apostats et, comme tels, ne sont pas les bienvenus. Ces musulmans âgés ont ajouté qu’ils craignaient que ces chrétiens ne cherchent à prendre leur revanche, une fois de retour à Kasui.

Pour le sociologue Alex Ulaen, de l’université d’Etat Sam Ratulangi de Manado, les réfugiés refusent de retourner chez eux, non seulement parce qu’il leur est douloureux de revenir sur les lieux où ils ont souffert, mais aussi et principalement parce que les autorités se montrent incapables de leur garantir une réelle sécurité. Le P. Johanis Ohoitimur, des Missionnaires du Sacré-Cœur, partage la même analyse. « Les problèmes économiques sont secondaires par rapport aux questions de sécurité », déclare-t-il.

Dans ce contexte, reconstruire est difficile. Mgr Petrus Mandagi, évêque catholique d’Amboine, témoigne ainsi que, sur les quatre paroisses de la province des Moluques-Nord, seules deux ont repris leurs activités. Pour les deux autres, dans un cas, les fidèles ne sont pas revenus et sont toujours réfugiés hors de la province, dans l’autre, à Ternate, chef-lieu de la province, « deux cents musulmans occupent toujours les locaux paroissiaux et l’église » et contraignent ainsi les catholiques à célébrer la messe chez l’un ou chez l’autre. Par ailleurs, dans une interview à un journal d’Amboine, Siwalima, Mgr Mandagi a certes loué les efforts des responsables gouvernementaux, tant à Djakarta qu’à Amboine, pour l’aide apportée aux réfugiés mais il a dénoncé les bureaucrates qui détournent une part substantielle des sommes allouées aux réfugiés.
© EDA

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ZENIT Staff

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