République Centrafricaine: Appel dramatique de la conférence épiscopale

Grâce à l’agence Misna

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CITE DU VATICAN, Jeudi 19 décembre 2002 (ZENIT.org) – « Face à l’aggravation de la crise en République Centrafricaine, passée sous silence complet des médias, la Conférence Episcopale locale lance un appel dramatique à travers l’agence MISNA”, indique cette agence missionnaire italienne, dont nous reprenons la dépêche en français.

“Les conditions de la population sont particulièrement critiques dans le nord du pays, contrôlé par les rebelles guidés par l’ancien chef d’état-major François Bozizé. « Au nom du premier principe clé de la Charte humanitaire, le droit de vivre dans la dignité, nous, Evêques de Centrafrique » lit-on dans un document signé par le président de la Conférence Episcopale, Mgr Paulin Pomodimo, « invitons les belligérants à ouvrir des couloirs humanitaires qui permettront aux agences et services compétents d’apporter de l’aide aux populations sinistrées ».

Les évêques décrivent un sombre tableau: « C’est un cri de détresse de la population centrafricaine qui gémit, pleure et enterre ses fils et ses filles en silence, loin des caméras des pays occidentaux ».

Les informations diffusées par la Conférence Episcopale décrivent un pays affligé par plus d’un an et demi d’instabilité politique, entre la tentative de coup d’Etat de mai 2001 et la tentative de putsch du mois d’octobre dernier. Pillages, vols, violences et exactions en tous genres contre les civils sont encore perpétrés par les rebelles de Bozizé et par les miliciens congolais de Jean-Pierre Bemba, venus épauler l’armée gouvernementale à l’occasion de l’attaque insurrectionnelle du 25 octobre. Plusieurs villes du nord sont concernées.

A Bossembélé (environ 95 kilomètres au nord-ouest de Bangui), les troupes de Bemba ont pillé le centre de santé et la pharmacie publique. Le dépôt pharmaceutique préfectoral de l’Ombella Mpoko, qui dessert les Sous Préfectures de Bossemblélé, Yaloké et Boali, soit une population de 160.000 personnes, a fermé ses portes, le personnel ayant fui les accrochages du 23 au 24 novembre 2002. Les résidences du maire, du curé et des soeurs ont également été pillées.

A Damara, à une soixantaine de kilomètres de la capitale, la population a servi de bouclier humain aux rebelles lors des bombardements de l’aviation libyenne, présente en Centrafrique pour appuyer les troupes gouvernementales.

Les conditions de vie des 660.000 habitants du diocèse septentrional de Kanga-Bandoro (350 kilomètres au nord-ouest de la capitale) et de plus d’un demi million de personnes dans la zone du diocèse de Bossangoa (300 kilomètres au nord de Bangui) sont particulièrement graves.

L’hôpital de Batangafo, lit-on sur le document de la Conférence Episcopale transmis à l’agence MISNA, est en rupture de stock de médicaments. La ville a été pillée par les rebelles de François Bozizé avant d’être bombardée par l’aviation libyenne.

La population s’est réfugiée dans les champs. La ville martyre, ajoutent les évêques, est Bossangoa, devenue depuis un peu plus d’un mois le fief des rebelles. La liste des immeubles détruits compte l’hôpital régional, le bloc opératoire, le dépôt pharmaceutique préfectoral, les locaux de la mairie, les sièges de la coopération allemande et d’une ONG italienne, le centre culturel catholique, les installations de la société centrafricaine de télécommunications.

« L’Evêché » écrit Mgr Pomodimo, évêque de la ville, « a été démoli avec une rare violence, on ne sait pas pourquoi. Des missionnaires ont été frappés, ligotés, torturés » et un prêtre centrafricain ainsi qu’un journaliste de la radio du diocèse et deux gardiens ont été tués.

« La population de l’Ouham a enregistré beaucoup de pertes en vie humaine et en biens. La plupart des localités importantes situées en direction de la frontière tchadienne sont aux mains des insurgés. Certaines routes, selon des sources de l’agence MISNA, auraient été minées et par conséquent, la population du nord serait isolée. Avant que la République Centrafricaine ne sombre dans un tourbillon de violence, les évêques appellent les grandes puissances et la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour faciliter la tenue du dialogue politique sans exclusive.

« L’Eglise » conclut le document, « condamne la violence sous toutes ses formes. Elle prône l’amour, la paix, la justice, le respect de la personne humaine, le pardon, la tolérance, la réconciliation ».
© Misna

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ZENIT Staff

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