Mgr Barbarin: "A Lyon, j'irai prier dans un lieu symbolique de l'histoire de la foi"

Entretien du « Progrès » avec Mgr Barbarin

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CITE DU VATICAN, Mardi 17 juillet 2002 (ZENIT.org) – « A Lyon, j’irai prier dans un lieu symbolique de l’histoire de la foi », confie Mgr Barbarin, nouvel archevêque de Lyon dans un entretien avec Jeanine Paloulian du quotidien lyonnais « Le Progrès » (www.leprogres.fr). Mgr Barbarin se dit impressionné de s’inscrire dans la succession de saint Irénée de Lyon (130-202).

 » Lorsque le nonce apostolique m’a dit Lyon, j’ai aussitôt pensé : c’est trop pour moi. Non, je n’ai pas peur, mais en revanche cela m’impressionne. Lyon, ce sont les débuts de l’histoire de l’Eglise en France. C’est l’abbé Couturier, les Cahiers du Témoignage chrétien, le père de Lubac. C’est s’inscrire d’une manière particulière dans la foi dont l’Eglise est le témoin « , déclare Mgr Philippe Barbarin, jusqu’ici évêque de Moulins.

JP – Vous êtes un évêque heureux ?

Mgr B. – Le mois de juin 2002 est un mois splendide. Le 2, j’ai ordonné un diacre, un agriculteur. Le 30, j’ai ordonné un prêtre, pour le diocèse, le premier depuis 1996. Il y en a douze autres qui se préparent. Les 21, 22, 23 juin, nous avons fêté le cinquième centenaire du Triptyque de Moulins en présence du directeur général du Louvre et le 26 juin, j’ai donné mon accord au nonce, c’était le jour anniversaire de la mort de Hans Urs Von Balthasar. Deux jours plus tard, le 28 juin, jour de la Saint Irénée, j’ai célébré la messe chez des religieuses. L’une d’elles a précisément évoqué, ce jour-là, dans les intentions de prière,  » l’Eglise de Lyon en attente d’une évêque « . Je ne pouvais rien dire, mais j’ai pensé très fort à Lyon.

JP – Et votre diocèse de Moulins ?

Mgr B. – J’ai conscience que mon départ est un petit peu injuste pour les habitants de l’Allier. Je déteste l’idée que l’on puisse penser que je ne suis venu à Moulins que pour faire mon apprentissage d’évêque avant de partir ailleurs. D’ailleurs je n’ai accepté la proposition du nonce qu’en ayant la certitude que mon successeur resterait au moins dix ans dans ce diocèse. Je suis triste de quitter les habitants de l’Allier car je les aime. Et puis, ici, on fait partie de ceux qui nourrissent la France.

JP – Quand arriverez-vous à Lyon ?

Mgr B. – Dès jeudi matin, pour un premier contact. Je célébrerai ma première messe à Caluire, car il y a là un prêtre admirable qui a des liens forts avec Madagascar et aussi parce que c’est la ville marquée par Jean Moulin. Ensuite, j’irai prier dans l’un des lieux symboliques de l’histoire de la foi chrétienne, l’amphithéâtre des Trois Gaules ou Saint-Irénée. Je viendrai m’installer à la mi-septembre, car, le 7 septembre, je dois célébrer une grande fête à Montluçon et je ne peux pas leur faire faux bond, ce serait les traiter en parents pauvres.

JP – Un évêque, qu’est-ce aujourd’hui ?

Mgr B. – Tout d’abord un pasteur. Il doit conduire.

JP – Lyon vous fait peur ?

Mgr B. – Lorsque le nonce apostolique m’a dit Lyon, j’ai aussitôt pensé : c’est trop pour moi. Non, je n’ai pas peur, mais en revanche cela m’impressionne. Lyon, ce sont les débuts de l’histoire de l’Eglise en France. C’est l’abbé Couturier, les Cahiers du Témoignage chrétien, le père de Lubac. Impressionné aussi à l’idée d’être successeur de Saint Irénée. C’est s’inscrire d’une manière particulière dans la foi dont l’Eglise est le témoin.

JP – Votre prédécesseur, le cardinal Billé.

Mgr B. – Il avait toujours le mot juste, l’expression parfaite. Quand il parlait, non seulement on le comprenait parfaitement, mais il n’y avait rien à ajouter. Je l’avais invité à venir présider les cérémonies d’anniversaire du triptyque de Moulins en lui rappelant que, depuis les années cinquante, c’est-à-dire depuis le cardinal Gerlier, aucun archevêque de Lyon n’était venu dans le diocèse de Moulins qui est pourtant voisin de celui de Lyon (ndlr, l’arrondissement de Roanne jouxte le département de l’Allier). Il se savait déjà malade, mais m’avait dit :  » Je viendrai, sauf si le ciel me tombe sur la tête « .

JP – Madagascar a été pour vous une expérience très riche ?

Mgr B. – J’avais eu l’occasion de me lier avec des prêtres italiens qui venaient de Madagascar. Lorsque j’ai demandé à mon évêque de Créteil d’y aller comme Fidei Donum, il m’a fait cette très belle réponse :  » Ce n’est pas parce que nous sommes une église pauvre (ndlr, le diocèse de Créteil compte quatre fois moins de prêtres que celui de Lyon, pour une population un peu moindre) que nous ne devons pas partager « . J’y suis resté quatre ans et, depuis mon retour, je reste très attaché au diocèse de Fianarantsoa. Là-bas, j’ai aussi vécu une expérience de dialogue œcuménique qui est venue renforcer celle que j’avais déjà eue comme délégué diocésain à l’œcuménisme. En rentrant de Madagascar, en août 1998, je suis passé par Moscou, car le billet d’avion via Moscou coûtait moins cher qu’un vol direct avec Paris. J’en ai profité pour visiter Moscou et Saint-Petersbourg, pour nouer des contacts. C’est ainsi que, lors de mon ordination épiscopale à Moulins, il y avait des représentants de l’évêché de Smolensk et du métropolite de Minsk.

JP – Henri de Lubac vous a redonné le goût des études ?

Mgr B. – J’ai eu la chance de rencontrer le père Henri de Lubac à Paris, alors qu’il arrivait de Lyon en 1975. Je me souviens de notre premier contact. Il m’a donné un livre et dit,  » revenez aussi souvent que vous le voudrez « . Je l’ai rencontré régulièrement tous les deux mois, jusqu’à sa mort (ndlr en 1985), c’est d’ailleurs chez lui que j’ai rencontré le théologien Hans Urs Von Balthasar.

JP – Qu’est-ce-que vous aimez ?

Mgr B. – A part le jogging, j’aime aussi les étoiles. J’aime observer le ciel et les constellations. Tous les soirs, je les regarde. (ndlr Mgr Barbarin a une lunette astronomique dans son bureau). Je suis aussi un tintinophile passionné. L’album préféré d’Hergé était Tintin au Tibet, le mien, le Temple du soleil. J’aime aussi la musique, mais n’ai plus le temps de jouer du piano.

JP – Votre principal défaut ?

Mgr B. – L’impatience. A Madagascar, comme tout était sur un autre rythme, je m’étais dit que j’allais me débarrasser de mon impatience. Je ne suis pas certain d’y être parvenu. Mais à Lyon, je sais que j’ai vingt-trois ans devant moi. A condition que le ciel ne me tombe pas sur la tête.

JP – Qu’est-ce qui vous rend heureux ?

Mgr B. – Prêcher l’Evangile et voir ce qu’il génère dans le cœur des gens.
© Le Progrès 2002

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ZENIT Staff

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