CITE DU VATICAN, Jeudi 13 juin 2002 (ZENIT.org) – « Il n´est pas nécessaire de recourir aux biotechnologies pour vaincre la faim », souligne Mgr Agostino Marchetto, observateur permanent du Saint-Siège à la FAO, dans un entretien accordé à ce matin à Rome à Radio Vatican et au Service d´information religieuse, à l´issue du deuxième sommet de l´organisation internationale.
En tout, 181 pays ont été représentés à Rome, dont 74 par leur chef d´Etat ou de
gouvernement et 248 ministres, la plus forte présence de tous les sommets
intergouvernementaux du genre, soulignait le président du Conseil italien, M. Silvio Berlusconi.
– Mgr Marchetto, quel est votre impression d´ensemble à l´issue de ce sommet?
– Le fait de se retrouver ensemble pour discuter de problèmes aussi importants et étudier comment relancer les engagements déjà pris en 1996 doit être évalué positivement. Lorsqu´on juge un tel événement, il faut se poser la question: Et s´il n’avait pas eu lieu? Dans ce sens, en dépit de ses aspects sombres et faibles, il a manifesté la volonté de répondre au scandale de 815 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.
Evidemment, on peut faire davantage et on peut faire mieux. L´un des plus grands problèmes de l´humanité, comme le pape l´a dit dans son message (cf. ZF020610, ndlr). L´engagement assumé par les pays riches jusqu´à 2006, est d´augmenter jusqu´à 0,39 % de leur Produit national brut (PIB) leur contribution au développement – qui aurait dû atteindre 0,7 %, selon l´engagement initial, sans parler du 1 %, selon l´objectif fixé par Paul VI.
Le sommet n´a pas obtenu la présence des principaux chefs d´Etats et de gouvernements. Et cela indique certainement un désintérêt: lorsqu´on est préoccupé, on vient.
Mais un tel jugement ne doit pas effacer le travail de toutes les personnes qui, de différentes manières, se sont engagées dans la préparation et dans la réalisation du sommet. Il faut en outre tenir compte de l´histoire de la naissance d´une rencontre de ce genre: il y a des oppositions, des difficultés sur la vision, la méthodologie à adopter. Donc les défections ne doivent pas être lues comme le rejet d´un appel à s´engager davantage dans les objectifs convenus.
Mais tout cela nous dit qu´il y a encore une certaine inertie et des difficultés à aller au-delà des égoïsmes nationaux. La culture de la solidarité a encore du mal à émerger. Le sens de la sécurité alimentaire entendue comme un droit, s´il ne peut être assumé comme un devoir par un Etat, parce qu´il est pauvre ou a des carences, doit être alors assumé comme un devoir par toute la famille humaine: nous sommes tous responsables.
– On a fait plus d´une fois appel aux pays industrialisés pour consentir une participation des plus pauvres à ce qu´est la globalisation: cette idée fait son chemin?
– Dans le document final, on parle de la globalisation et l´on dit qu´il est nécessaire de vaincre ses aspects négatifs et donc on constate une reconnaissance de la part de tous – y compris des pays riches – de ses conséquences négatives. Espérons maintenant qu´il y ait cette ouverture des frontières (les douanes empêchent les pays pauvres de pouvoir exporter dans les pays riches) même s´ils doivent aider les pays pauvres à rencontrer les marchés des riches. En effet, il ne suffit pas d´ouvrir uniquement les frontières pour trouver une solution.
– On a dit au cours du sommet qu´en fait il n´y a pas de carences de biens alimentaires, mais une carence de technologies et de développement. Pourquoi recourir alors aux aliments génétiquement modifiés (OGM)? N´y a-t-il pas le risque de faire des pays du Tiers monde des sortes de cobayes pour ces produits que nous mêmes regardons avec méfiance?
– Oui, je suis bien d´accord. Il n´est pas nécessaire de recourir aux biotechnologies, avec les éventuels risques que cela pourrait comporter, pour résoudre le problème de la faim. Pour le moment et c´est là le risque, ces recherches sont aux mains des grandes entreprises internationales, avec le risque que ce soit le secteur privé à dicter ses lois dans ce domaine et avec le risque de ne pas faire le bien commun des pays les plus pauvres. Je crois de toute façon que le document final est équilibré sur ce point. La recherche scientifique est également légitime – mais je le répète – en tenant toujours compte de la nécessité de respecter la biodiversité. C´est sûrement là l´un des arguments principaux en faveur du Tiers monde qui est riche en biodiversités et pourrait donc apporter cette contribution, en en recevant aussi des récompenses.
<b>- Résoudre le problème de la faim, c´est aussi résoudre beaucoup d´autres choses en même temps, et avant tout la guerre? C´est vrai, ou est-ce une utopie?
– Je crois que la paix des coeurs est fondamentale pour arriver à la paix entre les nations. Cette analyse n´est pas faite seulement par le Saint-Père qui dit que vaincre la faim veut dire aussi lancer les conditions d´un avenir de paix et de sécurité dans le monde. Cette observation a également été faite par d´autres et je crois qu´elle commence maintenant à faire son chemin aussi pour les Etats-Unis, qui ont lancé l´alliance contre les attentats terroristes, mais elle est appelée aussi à soutenir une alliance pour éliminer la faim de la face de la terre.