Chers Frères dans le Christ,

1. "Aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu" (1 Jn 4,7).

C’est avec joie que je vous souhaite la bienvenue à Rome en ce jour de fête. Je remercie de tout cœur le Patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartholomaios Ier, et le Saint-Synode qui vous ont envoyés pour cette célébration dans un esprit de fraternité ecclésiale et de charité réciproque.

2. L’échange annuel de visite, à Rome pour la fête des saints Pierre et Paul et au Phanar pour la fête de saint André, ravive la charité de nos cœurs et nous encourage à poursuivre notre chemin vers la pleine communion. Nous pouvons déjà y vivre une forme d’harmonie dans la perspective de la pleine unité autour de l’unique autel du Seigneur. Au cours de cette année, le Seigneur nous a donné des occasions de manifester au monde notre volonté commune de rechercher et de parcourir toutes les voies pouvant nous conduire à l’unité, d’adresser à l’humanité un appel à la paix et à la fraternité, dans le respect mutuel, la justice et la charité.

3. Je désire renouveler aujourd’hui au Patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartholomaios Ier, l’expression de ma profonde gratitude pour sa participation fraternelle à la Journée de Prière pour la paix à Assise. Avec d’autres frères, nous avons proclamé au monde, sous diverses formes, l’exhortation de Jean: "Aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu". Si l’humanité s’engage résolument sur cette voie, alors s’atténueront peu à peu les violences et les menaces qui pèsent sur les hommes.

4. En conclusion du IVe symposium sur l’environnement, consacré à la Mer adriatique, j’ai eu la joie de signer avec Sa Sainteté Bartholomaios Ier la Déclaration de Venise. Ce texte exprime notre engagement commun pour la sauvegarde et le respect de la nature; il manifeste également notre volonté d’œuvrer afin que, dans notre monde, la science soit au service des hommes et que ces derniers se sentent toujours responsables de la création.

5. Il reste beaucoup à faire pour que règne une meilleure fraternité sur la planète. Le désir de vengeance l’emporte bien souvent sur la paix, notamment en Terre Sainte et dans d’autres régions du monde frappées par une violence aveugle; cela nous fait sentir la précarité de la paix, qui nécessite que nous unissions nos forces, que nous soyons ensemble et que nous agissions ensemble, afin que le monde puise dans notre témoignage commun la force nécessaire pour opérer les changements qui s’imposent. Cette voie de la collaboration nous conduira aussi à la pleine communion, selon la volonté du Christ pour ses disciples.

6. Mais si nous sommes fermement convaincus de leur nécessité, le dialogue de la charité et notre fraternité ne peuvent cependant suffire. Nous avons encore à persévérer pour que le dialogue de la charité soutienne et nourrisse à nouveau notre dialogue de la vérité; j’entends par là le dialogue théologique dont nous avions annoncé l’ouverture au monde, à l’occasion de la fête de saint André en 1979, avec le regretté Patriarche Dimitrios, mettant dans cette démarche de grands espoirs. Malgré nos efforts, ce dialogue théologique piétine. Nous constatons notre impuissance à dépasser nos divisions et à trouver en nous la force de nous tourner avec espérance vers l’avenir. Cette phase délicate ne doit pas nous décourager pour autant. Nous ne pouvons pas non plus accepter dans l’indifférence cet état de fait. Nous ne pouvons renoncer à continuer le dialogue théologique, démarche indispensable en vue de l’unité.

Éminence, chers membres de la Délégation, je vous remercie de votre visite. Je vous saurais gré de transmettre mes salutations fraternelles à Sa Sainteté Bartholomaios Ier, aux membres du Saint-Synode et à tous les fidèles du Patriarcat œcuménique. Ma visite au Phanar reste pour moi un souvenir inoubliable, que j’évoque avec une très grande joie. Le Seigneur soit toujours avec nous tous!

(Texte original: Français)