CITE DU VATICAN, Lundi 10 juin 2002 (ZENIT.org) - Le visage du Christ souffre dans les pauvres et les marginaux, rappelle le pape Jean-Paul II dans son discours aux évêques du Venezuela en visite ad limina. Le pape recommande, dans le service des pauvres, que l´Eglise ne se sente pas en compétition avec l´Etat mais qu´elle collabore avec les services publics lorsque c´est possible.

Dans son discours, le pape a en effet évoqué le travail de l´Eglise pour répondre aux besoins dramatiques de la population du Venezuela. Un discours qui intervient alors que le pays a été secoué, entre le 11 et le 14 avril 2002 par le coup d´Etat puis par le retour du président Hugo Chavez qui avait auparavant lancé des accusations très dures contre des personnalités de l´Eglise catholique.

Après avoir souligné d´abord l´aide publique et l´action de promotion intégrale de l´homme réalisée par l´Eglise, le président Chavez en était venu à accuser l´Eglise d´être le "cancer" de la révolution qu´il voulait promouvoir.

Dans sa rencontre avec les évêques, le pape a constaté l´augmentation ces dernières années de la "pauvreté, parfois extrême" alors que le pays est un grand exportateur de pétrole.

"Le visage du Christ souffrant devient concret, affirmait Jean-Paul II, dans tant de paysans, d´indigènes, de marginaux urbains, d´enfants abandonnés, de personnes âgées sans attention, de femmes maltraitées, ou de jeunes au chômage".

"Je sais que tout cela interpelle votre sollicitude pastorale, continuait le pape, puisque l´on ne peut pas passer loin de notre prochain malheureux, qui tant de fois requiert une attention immédiate, y compris avant toute analyse des causes de son malheur".

"L´Eglise, tant grâce à l´engagement désintéressé de nombreuses personnes, que par l´action constante de tant d´institutions, a toujours donné et continue de rendre témoignage à la miséricorde divine par son dévouement généreux et inconditionnel envers les plus nécessiteux".

C´est pourquoi, expliquait le pape, "sans entrer en concurrence avec tout ce qui relève de la compétence des autorités publiques, l´Eglise se sentira parfois appelée à donner une voix à ceux que personne ne semble écouter".

En d´autres occasions, elle devra, continuait le pape, "chercher d´autres formes de collaboration loyale dans ces initiatives qui ont pour objectif le bien intégral des personnes et qui, pour cela, correspondent à la mission de l´Eglise comme à la finalité spécifique des organisations sociales".

Ces dernières, ajoutait le pape, ne peuvent pas "ignorer l´apport considérable de l´Eglise sous de nombreux aspects du bien commun".

"Je sais bien, remarquait encore Jean-Paul II, que cette facette de votre ministère n´est pas toujours facile, et que n´y manquent pas les malentendus, les tentatives de tergiverser, ou des propositions partiales de façon plus ou moins déclarée".

"Mais ce n´est pas là le terrain où se meut l´Eglise, qui désire promouvoir précisément un climat de dialogue ouvert et constructif, patient et désintéressé, parmi tous ceux qui tiennent en main les responsabilités publiques, avec le but de mettre en valeur la dignité et les droits inaliénables de la personne", concluait le pape.