Is 45: "La certitude de l´action providentielle de Dieu", source "d´espérance"

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Catéchèse liturgique du 31 octobre

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CITE DU VATICAN, Mercredi 7 novembre 2001 (ZENIT.org) – « La certitude de l´action providentielle de Dieu est source d´espérance pour le croyant », affirmait Jean-paul II dans sa catéchèse liturgique du 31 octobre.

Voici le texte intégral de l´allocution en italien de Jean-Paul II au cours de l´audience hebdomadaire générale du 31 octobre dernier, dans la traduction offerte par L´Osservatore Romano en français du 6 novembre 2001.

Le pape commentait le cantique du prophète Isaïe (Is 45, 15-16.21b-23) que la liturgie latine propose aux Laudes du vendredi de la première des quatre semaines sur lesquelles sont répartis le 150 psaumes.

– Allocution de Jean-Paul II –

« En vérité tu es un Dieu qui se cache » (Is 45, 15). Ce verset, qui introduit le Cantique proposé aux Laudes du vendredi de la première semaine du Psautier, est tiré d´une méditation du Second Isaïe sur la grandeur de Dieu manifestée dans la création et dans l´histoire: un Dieu qui se révèle, tout en restant caché dans l´impénétrabilité de son mystère. Il est, par définition, le « Deus absconditus ». Aucune pensée ne peut l´emprisonner. L´homme peut seulement contempler sa présence dans l´univers, presque en suivant ses traces et en s´agenouillant dans l´adoration et dans la louange.

Le cadre historique dans lequel naît cette méditation est celui de la surprenante libération que Dieu obtint pour son peuple, au temps de l´exil à Babylone. Qui aurait pu penser que les exilés d´Israël seraient revenus dans leur patrie? Si l´on considère la puissance de Babylone, ces derniers auraient dû seulement se désespérer. Mais voilà la grande annonce, la surprise de Dieu, qui vibre dans les paroles du prophète: comme au temps de l´Exode, Dieu interviendra. Si, à l´époque, il avait réussi à faire plier la résistance du pharaon grâce à de terribles châtiments, il choisit à présent un roi, Cyrus de Perse, pour vaincre la puissance babylonienne et rendre la liberté à Israël.

2. « En vérité tu es un Dieu qui se cache, Dieu d´Israël, sauveur » (Is 45, 15). A travers ces paroles, le prophète invite à reconnaître que Dieu agit dans l´histoire, même s´il n´apparaît pas au premier plan. On dirait qu´il se trouve « en coulisse ». C´est lui le metteur en scène mystérieux et invisible, qui respecte la liberté de ses créatures, mais qui, dans le même temps, a en main les événements du monde. La certitude de l´action providentielle de Dieu est source d´espérance pour le croyant, qui sait pouvoir compter sur la présence constante de Celui « qui a modelé la terre et l´a faite […] qui l´a fondée » (Is 45, 18).

En effet, l´acte créateur n´est pas un épisode qui se perd dans la nuit des temps, et qui a pour conséquence que le monde, après ce début, doit se considérer comme étant abandonné à lui-même. Dieu appelle sans cesse la création sortie de ses mains à exister. Reconnaître ce fait signifie également confesser son unicité: « N´est-ce pas moi, Yahvé? Il n´y a pas d´autre Dieu que moi » (Is 45, 21). Dieu est, par définition, l´Unique. Rien ne lui est comparable. Tout lui est soumis. Il s´ensuit également le devoir de rejeter l´idolâtrie, envers laquelle le prophète prononce des paroles sévères: « Ils sont inconscients ceux qui transportent leurs idoles de bois, qui prient un dieu qui ne sauve pas » (Is 45, 20). Comment se mettre en adoration devant un produit de l´homme?

3. Cette polémique pourrait sembler excessive à notre sensibilité d´aujourd´hui, comme si elle visait les images considérées en elles-mêmes, sans se rendre compte qu´on peut leur attribuer une valeur symbolique, compatible avec l´adoration spirituelle de l´unique Dieu. C´est bien sûr la sage pédagogie divine qui entre ici en jeu et qui, à travers une discipline rigide d´exclusion des images, protégea historiquement Israël des contaminations polythéistes. L´Eglise, en partant du visage de Dieu manifesté dans l´Incarnation du Christ, a reconnu dans le Deuxième Concile de Nicée (787) la possibilité d´utiliser les images sacrées, tant qu´elles sont interprétées dans leur valeur essentiellement relationnelle.

Toutefois, l´importance de cet avertissement prophétique à l´égard de toutes les formes d´idolâtrie demeure, car, plus que dans une utilisation erronée des images, elles sont souvent cachées dans les attitudes à travers lesquelles les hommes et les choses sont considérés comme des valeurs absolues et se substituant à Dieu lui-même.

4. De l´image de la création, l´hymne nous conduit sur le terrain de l´histoire, où Israël a de nombreuses fois pu faire l´expérience de la puissance bénéfique et miséricordieuse de Dieu, de sa fidélité et de sa providence. Lors de la libération de l´exil, en particulier, s´est une fois de plus manifesté l´amour de Dieu pour son peuple, et cela a eu lieu de façon si surprenante et évidente, que le prophète appelle « les survivants des nations » eux-mêmes à témoigner. Il les invite à discuter, s´ils le peuvent: « Rassemblez-vous et venez! Approchez tous ensemble, survivants des nations » (Is 45, 20). La conclusion à laquelle le prophète arrive est que l´intervention du Dieu d´Israël est indiscutable.

Une merveilleuse perspective universaliste apparaît alors. Dieu proclame: « Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car je suis Dieu, il n´y en a pas d´autre » (Is 45, 22). Il ressort ainsi clairement que la prédilection dont Dieu a fait preuve en choisissant Israël comme son peuple n´est pas un acte d´exclusion, mais plutôt un acte d´amour dont toute l´humanité est destinée à bénéficier.

C´est ainsi qu´apparaît, déjà dans l´Ancien Testament, la conception « sacramentelle » de l´histoire du salut, qui voit dans l´élection particulière des fils d´Abraham, et ensuite des disciples du Christ dans l´Eglise, non pas un privilège qui « clôt » et « exclut », mais le signe et l´instrument d´un amour universel.

5. L´invitation à l´adoration et l´offre du salut concernent tous les peuples: « Oui, devant moi tout genou fléchira, pour moi jurera toute langue » (Is 45, 23). Lire ces paroles dans une optique chrétienne signifie tourner sa pensée vers la pleine révélation du Nouveau Testament, qui indique en Christ « le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2, 9), si bien que « que tout, au nom de Jésus, s´agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus-Christ, qu´il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 10-11).

A travers ce Cantique, notre louange du matin s´étend aux dimensions de l´univers, et donne également la parole à ceux qui n´ont pas encore eu la grâce de connaître le Christ. C´est une louange qui devient « missionnaire », en nous poussant à marcher sur toutes les routes, en annonçant que Dieu s´est manifesté en Jésus comme le Sauveur du monde.

© L´Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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