"Les moyens humains ne peuvent se substituer à la fin divine de l’Eglise"

Les perspectives pastorales selon le card. Lustiger

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CITE DU VATICAN, Jeudi 21 mai 2001(ZENIT.org) – Le cardinal Lustiger a souligné l´importance, pour la nouvelle évangélisation, au lendemain du Jubilé, de s´interroger sur les « méthodes ». L´Eglise ne peut pas, disait-il en substance, se contenter « de choix apparemment techniques dans l’oeuvre évangélisatrice » et « les moyens humains ne peuvent se substituer à la fin divine de l’Eglise, à sa mission de sanctification du Nom »

Au début du nouveau millénaire
Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, a été chargé par Jean-Paul II de tenir, cet après-midi l´allocution sur le thème central du consistoire: « Les perspectives pastorales » de l´Eglise en ce début de millénaire, à la lumière des priorités indiqués par Jean-Paul II le 6 janvier dans « Novo millennio ineunte ». Priorités réunies autour de sept têtes de chapitres dans le document préparatoire élaboré à l´attention des cardinaux.

L’intime relation des fidèles avec leur Seigneur
Constatant que « les sept thèmes proposés pour ce Consistoire extraordinaire désignent les urgences pastorales que la célébration du Jubilé a mises en lumière », le cardinal s´interrogeait sur le programme, présenté par les ch. II et IV de la lettre de Jean-Paul II, pour conclure: « Il ne s´agit pas alors d´inventer un nouveau programme. Le programme existe déjà: c´est celui de toujours, tiré de l´Évangile et de la Tradition vivante ». Il s´agit toujours, et partout de l´Eglise, Epouse du Christ, qui aime son Seigneur et veut le faire aimer. Le cardinal disait: « En elle le Seigneur déploie le dessein rédempteur pour tous les hommes; en elle, il rassemble tous ceux que le Père lui donne pour qu’ils soient ses disciples. C’est donc dans l’intime relation des fidèles avec leur Seigneur, dans le don du Saint Esprit que résident pour l’Eglise la source et la règle de son action ».

Nous ne sommes peut-être qu’au début de l’ère chrétienne
Le cardinal citait la lettre du pape: « Non, ce n´est pas une formule qui nous sauvera, mais une Personne, et la certitude qu´elle nous inspire: Je suis avec vous! (n. 29). Evoquant l´appel du Christ demandant à Pierre d´avancer en eau profonde, le « duc in altum » qui est comme le leitmotiv de Novo millennio ineunte, le cardinal affirmait: « L’évangélisation … ne peut que commencer, avec les épreuves et les insondables richesses que Dieu dévoilera à son Eglise. Nous ne sommes peut-être qu’au début de l’ère chrétienne ». « Nous devons d’autant plus garder les yeux de la foi fixés sur le Christ, notre Maître et notre Seigneur », ajoutait l´archevêque de Paris.

Les moyens sont-ils neutres?
Il interrogeait ensuite: « Les moyens sont-ils neutres? Tous peuvent-ils convenir au service de l’Evangile, dès le moment, certes, où ils ne comportent aucun élément contraire au bien moral? » Non, la méthode est loin d´être indifférente. Il ne s´agit pas de rechercher l´efficacité avant tout. « Cette recherche d’efficacité commune à toute notre époque engendre pour les hommes des souffrances et des maux aussi grands que les bienfaits espérés », affirmait le cardinal Lustiger. L´histoire du XXe siècle ne manque pas d´exemples. Le cardinal débusquait l´idolâtrie qu´une telle recherche sait travestir. « Car, dans la vie humaine, disait-il, les moyens choisis souvent prennent figure de fins: il sont réduits au service de finalités inavouées: la volonté de puissance, le désir de jouissance, le profit, la gloire ou la vanité … Bref, des moyens nous nous faisons des idoles. Nos idoles restent cachées ».

Travailler à la divinisation de tous les hommes
« Les moyens humains, continuait l´archevêque, ne peuvent se substituer à la fin divine de l’Eglise, à sa mission de sanctification du Nom ». Et d´affirmer a contrario, avec un recentrement sur la personne du Christ qui épouse le mouvement de la Lettre du pape: « En nous contentant de choix apparemment techniques dans l’oeuvre évangélisatrice, nous méconnaîtrions le sujet de l’action qui est l’Eglise elle-même. Ce serait aussi ignorer la nature originale de la mission que le Christ lui confie: travailler au Salut, à la divinisation de tous les hommes. Se satisfaire de moyens humains, c’est oublier le Visage de l’Unique Médiateur, du seul Chemin entre Dieu et les hommes ».

Vraie et fausse réforme
Il évoquait à ce propos la distinction du cardinal Congar entre « Vraie et fausse réforme dans l’Eglise », comme pour d´emblée baliser les impasses. S´appuyant sur les leçons de notre histoire, le cardinal continuait: « A vues humaines, une réorganisation s’impose par voie d’autorité et demande du temps pour être acceptée. Elle a toujours un coût humain, les victimes, et elle est souvent détournée de ses fins. La période révolutionnaire qu’a connue l’Est de l’Europe pendant presque un siècle en est une illustration ».

Dans la puissance et la douceur de l’Esprit de Jésus
L´Evangile indique une autre voie. « Dans la puissance et la douceur de l’Esprit de Jésus, rappelait le cardinal Lustiger, ce n’est pas ainsi qu’agit l’Eglise. L’Eglise ne peut vivre son renouvellement propre qu’en se convertissant à son Seigneur, qu’en recherchant la face de Dieu, dans la docilité à l’Esprit saint. De sorte que la charité et l’amour soient la source et la force de toute rénovation ».

Une véritable communion
Ainsi, dans le choix de la méthode pastorale, est en jeu aussi sa réussite, il est déjà un témoignage rendu au Christ. Le cardinal expliquait en effet: « En procédant dans cette humilité et cette pauvreté, les avancées que nous proposerons, loin d’être une cause de ruptures ou de divisions, susciteront de nouvelles conversions et un amour plus grand de l’unique Seigneur. Malgré les incompréhensions inévitables entre les peuples chrétiens aussi divers par l’histoire, la culture et les intérêts, nous aiderons nos frères et sœurs en humanité à s’accepter, voire à s’aimer les uns les autres dans une véritable communion ».

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ZENIT Staff

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