Voeux de Noël aux employés du Vatican © Vatican Media

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Se laisser « contaminer » par la joie de Noël, comme les santons de la crèche

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Vœux de Noël du pape aux employés du Vatican

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Le pape François invite à être « heureux » comme les santons de la crèche, qui sont « comme “contaminés” par la joie de l’événement auquel ils participent, c’est-à-dire la naissance de Jésus ». Et il évoque le berger qui « exprime la joie étonnée de celui qui accueille le mystère de Jésus avec une âme d’enfant ». « C’est un trait de la sainteté », poursuit-il : « conserver la capacité de s’étonner, de s’émerveiller devant les dons de Dieu, ses “surprises”, et le don le plus grand, la surprise toujours nouvelle, c’est Jésus ».

Le pape François a rencontré les employés du Saint-Siège et de l’État de la Cité du Vatican à l’occasion des vœux de Noël, ce vendredi 21 décembre 2018, dans la Salle Paul VI. Il a d’abord pris le temps de faire un bain de foule, bénissant des enfants, échangeant avec les familles, posant pour des selfies avec des jeunes et recevant des cadeaux le long de l’allée.

Cette joie, explique le pape, est liée « au fait d’être saint ». Au Vatican, poursuit-il, il y a des personnes qui « sont un exemple de vie », qui travaillent « toujours avec ce sourire, avec cette application saine, belle ». Ce sont « des personnes simples, modestes, qui font beaucoup de bien au travail et dans les relations avec les autres. Et ce sont des personnes joyeuses ». Parce que, explique le pape, « elles ont en elle une grande sérénité et savent la transmettre aux autres. Et d’où vient cette sérénité ? Toujours de lui, Jésus, le Dieu-avec-nous ».

Voici notre traduction du discours prononcé par le pape.

HG

Discours du pape François

Chers frères et sœurs,

Merci d’être venus nombreux, y compris avec vos familles. J’ai aimé saluer les familles, mais le prix revient à l’arrière-grand-mère, 93 ans, avec sa fille, qui est grand-mère, avec les parents et les deux enfants. La famille est belle, comme cela ! Et vous travaillez pour la famille, pour les enfants, pour faire vivre votre famille. C’est une grâce ! Gardez les familles. Et bon Noël à tous !

Noël est une fête joyeuse par excellence, mais souvent, nous nous apercevons que les gens, et peut-être nous-mêmes, nous sommes pris par tellement de choses qu’à la fin il n’y a pas la joie ou, si elle est là, elle est très superficielle. Pourquoi ?

Il m’est venu à l’esprit cette expression de l’écrivain français Léon Bloy : « Il n’y a qu’une seule tristesse, […] celle de ne pas être saint » (La femme pauvre ; cf. exh. ap. Gaudete et exsultate, 34). Donc, le contraire de la tristesse, c’est-à-dire la joie, est lié au fait d’être saint. La joie de Noël aussi. Être bon, avoir au moins le désir d’être bon.

Regardons la crèche. Qui est heureux, dans la crèche ? Cela, j’aimerais vous le demander à vous, les enfants, qui aimez observer les santons… et peut-être aussi les bouger un peu, les déplacer, en provoquant la colère de votre papa qui les a installés avec tant de soin !

Alors, qui est heureux dans la crèche ? La Sainte Vierge et saint Joseph sont pleins de joie : ils regardent l’Enfant Jésus et sont heureux parce qu’après mille préoccupations, ils ont accueilli ce Cadeau de Dieu, avec beaucoup de foi et beaucoup d’amour. Ils « débordent » de sainteté et donc de joie. Et vous me direz : forcément ! C’est la Sainte Vierge et saint Joseph ! Oui, mais ne pensons pas que pour eux, cela a été facile : on ne nait pas saint, on le devient, et cela vaut aussi pour eux.

Ensuite, les pasteurs sont pleins de joie. Les pasteurs aussi sont saints, certainement, parce qu’ils ont répondu à l’annonce des anges, ils sont accourus aussitôt à la grotte et ils ont reconnu le signe de l’Enfant dans la mangeoire. Ce n’était pas évident. En particulier, dans les crèches, il y a souvent un berger, jeune, qui regarde vers la grotte d’un air rêveur, enchanté : ce berger exprime la joie étonnée de celui qui accueille le mystère de Jésus avec une âme d’enfant. C’est un trait de la sainteté : conserver la capacité de s’étonner, de s’émerveiller devant les dons de Dieu, ses « surprises », et le don le plus grand, la surprise toujours nouvelle, c’est Jésus. La grande surprise, c’est Dieu !

Et puis, dans certaines crèches, les plus grandes, avec beaucoup de personnages, il y a les métiers : le cordonnier, le porteur d’eau, le forgeron, le boulanger… et plus on en a, plus on en met. Et ils sont tous heureux. Pourquoi ? Parce qu’ils sont comme « contaminés » par la joie de l’événement auquel ils participent, c’est-à-dire la naissance de Jésus. Ainsi leur travail aussi est sanctifié par la présence de Jésus, par sa venue parmi nous.

Et cela nous fait aussi penser à notre travail. Naturellement, il y a toujours une part de fatigue dans le travail, c’est normal. Mais, dans mon pays, je connaissais quelqu’un qui ne se fatiguait jamais : il faisait semblant de travailler, mais il ne travaillait pas. Il ne se fatiguait pas, cela se comprend ! Mais si chacun réfléchit un peu à la sainteté de Jésus, il suffit de peu, un petit rayon – un sourire, une attention, une courtoisie, une demande d’excuse – alors toute l’ambiance du travail devient plus « respirable », n’est-ce pas ? Ce climat pesant, que nous créons parfois, nous les hommes et les femmes, avec notre arrogance, nos fermetures, nos préjugés, se dissipe et on travaille aussi mieux, avec plus de fruit.

Il y a quelque chose qui nous rend tristes au travail et qui nuit à l’ambiance de travail : ce sont les cancans. S’il vous plaît, ne dites pas de mal des autres, ne médisez pas. « Oui, mais celui-ci m’est antipathique, et celui-là… ». Regarde, prie pour lui, mais ne médis pas, s’il te plaît, parce que cela détruit : cela détruit l’amitié, la spontanéité. Et critiquer celui-ci et celui-là. Regarde, mieux vaut se taire. Si tu as quelque chose contre lui, va le lui dire directement. Mais ne médis pas. « Et, Père, ça vient tout seul, de médire… ». Mais il existe un bon médicament pour ne pas médire, je vais vous le dire : se mordre la langue. Quand l’envie te vient, mords-toi la langue et comme cela, tu ne médiras pas.

Dans les milieux de travail, il existe aussi « la sainteté de la porte d’à côté » (cf. Gaudete et exsultate, 6-9). Ici aussi, au Vatican, certainement, je peux en témoigner. Je connais certains d’entre vous qui sont un exemple de vie : ils travaillent pour leur famille, et toujours avec ce sourire, avec cette application saine, belle. La sainteté est possible. C’est possible. C’est désormais mon sixième Noël comme évêque de Rome et je dois dire que j’ai connu des saints et des saintes qui travaillent ici. Des saints et des saintes qui vivent bien leur vie chrétienne et s’ils font quelque chose de mal, ils s’excusent. Mais ils avancent, avec leur famille. On peut vivre comme cela. C’est une grâce et c’est très beau. D’habitude, ce sont des personnes qui n’apparaissent pas, des personnes simples, modestes, qui font beaucoup de bien au travail et dans les relations avec les autres. Et ce sont des personnes joyeuses ; non pas parce qu’elles rient tout le temps, non, mais parce qu’elles ont en elle une grande sérénité et savent la transmettre aux autres. Et d’où vient cette sérénité ? Toujours de lui, Jésus, le Dieu-avec-nous. C’est lui la source de notre joie, qu’elle soit personnelle, en famille ou au travail.

Alors voici mes vœux : être saints, pour être heureux. Mais pas des saints d’images pieuses, non, non. Des saints normaux. Des saints et des saintes en chair et en os, avec notre caractère, nos défauts, et aussi nos péchés – nous demandons pardon et nous avançons – mais prêts à nous laisser « contaminer » par la présence de Jésus parmi nous, prêts à courir vers lui comme les bergers, pour voir cet Événement, ce signe incroyable que Dieu nous a donné. Que disaient les anges ? « Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple » (Lc 2,10). Irons-nous le voir ? Ou serons-nous pris par d’autres choses ?

Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur de la sainteté. Je vous assure, c’est le chemin de la joie. Bon Noël à tous !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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