Le cardinal Pietro Parolin © L'Osservatore Romano

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Russie : le dialogue est essentiel, affirme le card. Parolin

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« La construction de la paix exige de ne pas s’isoler dans ses propres intérêts nationaux »

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Le cardinal Parolin affirme que « le dialogue » est essentiel pour la diplomatie du Vatican : « Elle ne s’appuie pas sur d’autres forces que le soin et la protection de chaque personne et de chaque nation par le dialogue. »
« Je discuterai avec mes interlocuteurs en Russie de questions d’intérêt commun et de crises dans différentes régions du monde, à la fois éloignées et très proches », a dit le secrétaire d’État du Vatican à l’agence russe TASS le 20 août 2017. La visite du cardinal Parolin en Russie, sur l’invitation des autorités du pays, se tient du 21 au 24 août 2017. Nous traduisons du russe.
« La construction de la paix exige de ne pas s’isoler dans ses intérêts nationaux, a affirmé le cardinal Parolin, mais de mener un dialogue patient et constructif avec le respect mutuel. Et c’est ce que tous attendent des dirigeants des puissances mondiales. »
« Le Saint-Siège exerce à la fois un rôle spirituel et un rôle diplomatique, a dit le cardinal. Par conséquent, la diplomatie du Vatican a un caractère spécifique. »
« Le monde moderne, a-t-il noté, donne lieu à de nombreux défis pour les chrétiens. Et cela concerne non seulement la préservation des valeurs, mais aussi le concept même de la personnalité humaine et de sa dignité. »
La rencontre à La Havane
En évoquant la rencontre du pape François avec le patriarche russe Kirill à La Havane (Cuba) en février 2016, le cardinal Parolin a dit qu’elle était « attendue depuis longtemps ». Cette rencontre, a-t-il dit, « a permis d’avoir un nouveau regard » sur « la communion tant désirée » des Églises: celle qu’« exige l’Évangile que nous professons ».
Le cardinal Parolin a estimé qu’il est « très important » qu’une « vision réciproque positive renouvelée existe » dans les deux Églises : il faut que cette vision soit « partagée » par « les  prêtres et les croyants », a-t-il ajouté.
« Cela est une condition, à mon avis, a poursuivi le secrétaire d’État, pour la réalisation de nouvelles démarches – et, je pourrais ajouter, de démarches sans précédent – dans le développement du dialogue œcuménique et de rapprochement de nos Églises. »
Parmi les initiatives contribuant au rapprochement, le cardinal a évoqué une exposition des reliques de Saint-Nicolas de Bari à Moscou et à Saint-Pétersbourg : « Il ne fait aucun doute, a-t-il dit, que cet événement et d’autres initiatives similaires, que l’on peut appeler l’’œcuménisme des saints’, donnent l’occasion de vivre pleinement ce que l’unit déjà les chrétiens. » C’est « un exemple, a ajouté le cardinal, pour d’autres initiatives qui renforcent la compréhension mutuelle et la coopération dans divers domaines ».
La menace du terrorisme islamique
Le cardinal a répondu à une question sur la menace du terrorisme islamique radical, en précisant qu’il distingue « deux aspects dans cette question ». « D’une part, a-t-il expliqué, il s’agit d’actions prises par un gouvernement particulier et souvent dictées par des situations spécifiques… Bien sûr, pour l’Église, a-t-il dit, la nécessité de trouver des moyens de surmonter le terrorisme est évidente, mais toutes les actions doivent être pesées pour empêcher une situation où l’utilisation de la force peut entraîner une spirale encore plus large de violence ou de violation des droits de l’homme, y compris la liberté de religion. »
« D’autre part, a dit le secrétaire d’État, l’Église calcule toujours ses actions à long terme, et il s’agit avant tout de l’éducation et de la formation de la conscience de soi, en particulier des nouvelles générations, ainsi que d’un dialogue interculturel et interreligieux fort. »
« Au cours des dernières décennies, a affirmé le cardinal Parolin, le Saint-Siège a fait tous les efforts possibles pour établir, renforcer ou restaurer le dialogue au niveau culturel et religieux, et plus encore dans le domaine social et humanitaire. Je suis absolument convaincu que vivre et suivre l’Évangile peut, en soi, apporter une contribution importante à la formation de la société et de la culture, qui à leur tour contribuent à l’autodétermination et contribuent en même temps à un dialogue riche et constructif avec d’autres cultures et religions authentiques. »
Non à un « dialogue de sourds »
Le « numéro 2″ du Vatican s’est attardé sur la rencontre du pape François et du président américain Donald Trump en mai dernier en soulignant qu’elle « avait eu lieu dans une atmosphère de respect mutuel » et de « franchise réciproque ». Il a exprimé l’espérance que « malgré la fermeté dans l’accomplissement des promesses faites par le président américain pendant la course préélectorale et malgré le fait que Washington a annoncé son retrait de l’accord de Paris, les approches pragmatiques prévaudront ».
« La décision de l’administration américaine de ne pas arrêter les négociations sur les changements climatiques en témoigne », a-t-il ajouté.
« Il me semble que dans les relations internationales modernes, a dit le cardinal, de plus en plus prévaut la compréhension que les politiques et les stratégies basées sur un conflit et une confrontation ouverts – je les appellerais « dialogue de sourds » – ou pire, qui alimentent les craintes et se basent sur l’intimidation par des armes nucléaires ou chimiques, ne conduisent pas aux résolutions correctes des problèmes et ne réduisent pas les tensions entre pays. »
Le Venezuela, « un pays que j’aime »
En conclusion, le secrétaire d’État a répondu à une question concernant la situation au Venezuela. « La situation au Venezuela, un pays que j’aime et dans lequel j’ai beaucoup d’amis, m’inquiète beaucoup », a-t-il confié.
« Comme je l’ai dit à maintes reprises, a expliqué le cardinal, le Saint-Siège a suivi de près le développement de la crise vénézuélienne depuis sa création et a tenté de trouver une solution pacifique et démocratique, même si de nombreux désaccords subsistent. En ce qui concerne les perspectives de règlement, je pense que le chemin reste toujours le même: il est nécessaire de s’asseoir à la table de négociation, de créer un climat de confiance, en évitant les démarches qui menacent par l’exacerbation de la tension et par de nouveaux affrontements. »
« Il faut respecter ses interlocuteurs et ses adversaires, dialoguer sérieusement, a-t-il poursuivi, tout en respectant les principes de la démocratie et de la justice, tout en maintenant la détermination à mettre en œuvre les accords conclus, en mettant l’accent sur le bien-être des personnes qui en ont besoin. »
« Nous ne devons pas oublier, a conclu le cardinal, et considérer comme un problème secondaire la grave crise humanitaire qui se passe dans un pays où les gens meurent en l’absence de nourriture et de médicaments. J’aimerais ajouter que la communauté internationale, en particulier les pays amis du Venezuela, assume une responsabilité considérable et doit fournir une aide désintéressée pour contribuer – par une voie pacifique – à la sortie positive de la situation actuelle. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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