Retraite de carême à Ariccia © L'Osservatore Romano

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Retraite de carême: au tombeau du Christ, un accouchement extraordinaire

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Huitième méditation du p. Michelini, jeudi 9 mars 2017

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Au tombeau du Christ, les femmes ont été les « protagonistes d’un accouchement extraordinaire », explique le père Michelini.
« La sépulture et le sabbat de Jésus » : c’était le thème de l’avant-dernière méditation du p. Giulio Michelini ofm, lors de la retraite de carême du pape François et de quelque 74 collaborateurs de la curie romaine à Ariccia, jeudi 9 mars 2017.
Avec la mise au tombeau de Jésus, le franciscain a suggéré de déposer là aussi « tous les crucifiés du monde », les victimes des plus horribles tragédies et les injustices du siècle passé et d’aujourd’hui : « des corps d’hommes et de femmes sans sépulture, brûlés dans les chambres à gaz,  enterrés dans les fosses communes des goulags, qui sombrent au large en méditerranée, retrouvés dans l’océan après avoir été jetés depuis les avions des « vols de la mort ». Face au mystère de la souffrance, de la mort et de la vie, de la croix, le prédicateur a invité à réfléchir à l’attitude de « l’attente », en s’appuyant, comme les jours précédents, sur les figures féminines présentes dans le récit de Matthieu, notamment celles qui suivent la sépulture de Jésus et attendent après du tombeau.
Il a fait remarquer que la sépulture de Jésus, ce n’est pas seulement un geste de « piété/pitié » mais un véritable « commandement » pour le croyant : une pratique profondément ancrée dans la tradition juive que rappellent les sépultures de Sarah, de Moïse, et des déportés de Ninive. Ainsi, la sépulture de Jésus a « ratifié le fait et la réalité de la mort du Messie de Dieu », un geste qui attestait de « la fin de toute chose ».
Mais alors, pourquoi les femmes se rendent-elles au tombeau ? Que pouvaient-elles faire ? C’est souvent ce que l’on se demande : « Que peut-on faire devant la douleur des autres ? » Dans certains cas on peut seulement « être là ».
Ce n’est pas un geste inutile, comme le montre par exemple le geste de la sœur de Moïse, qui suivait de loin le sort de son petit frère abandonné sur la rive du Nil, et qui assura son salut : « Nous sommes portés à penser aux femmes qui ont assisté de loin à la mort et à la sépulture du messie, et qui seront ensuite celles qui annonceront la nouvelle de sa résurrection »
Les femmes ont été les « protagonistes d’un accouchement extraordinaire – au sens symbolique – qui s’entrevoit dans le fait qu’elles restent assises en face du tombeau, un tombeau taillé dans la roche, nouveau », comme « un nouveau sein virginal qui s’ouvre pour accueillir et garder dans la mémoire, des femmes avant tout, le corps du crucifié » qui, par la résurrection, « renaît au monde ».
Les femmes, « attendent comme des femmes qui vont enfanter, en offrant tout ce qu’elles peuvent offrir, leur souffrance » : en face du tombeau, elles assistent d’une certaine façon à la lutte entre la vie et la mort, et elles se souviennent « que dans ce tombeau a eu lieu l’affrontement qui est la mère de toutes les luttes » : une renaissance qui rappelle aussi celle de qui « vit dans le péché et puis parvient à une vie nouvelle dans le Christ ».
Les femmes « se rendent au tombeau, lieu de mort, et elles vivent l’expérience de la naissance à la vie. De même que personne ne peut se donner à soi-même la vie, et la reçoit à sa venue au monde, de même, la vie qui vient après la mort, personne ne peut se la donner. Les femmes qui assistent à la sépulture de Jésus nous disent ce que l’on peut faire : « attendre ». »
Pour conclure, le franciscain a invité à se poser deux questions: face aux souffrances que je ne peux « qu’observer de loin », et qui affligent l’humanité d’aujourd’hui, qu’est-ce que je fais? « Est-ce que je remplis mon attente par la prière ? Ou est-ce que je pense que, simplement, il n’y a rien à faire, et je m’éloigne encore plus de cette croix ? »
Et puis : comment est-ce que je vis le rapport à la mort ? « Avec peur, désespoir, en l’enlevant, ou est-ce que j’ai confiance dans le Dieu de Jésus Christ qui l’a relevé d’entre les morts ? »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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