Voeux au Corps diplomatique, 9 janv. 2017, capture CTV

Voeux au Corps diplomatique, 9 janv. 2017, capture CTV

Réfugiés: allier ouverture et accueil, sécurité et paix, c'est possible!

Print Friendly, PDF & Email

Discours du pape François aux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« Construire des sociétés ouvertes et accueillantes envers les étrangers et, en même temps, sûres et en paix à l’intérieur », c’est possible ! C’est ce qu’affirme le pape François dans son discours de ce 9 janvier 2017 au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, soit quelque 184 délégations. Refusant les oppositions fatalistes, le pape promeut des solutions qui insufflent « l’espérance » qu’on peut travailler pour tenir ensemble des politiques qui allient « sécurité et paix » et « accueil ».
« Nous sommes fréquemment accablés par des images de mort, de douleur d’innocents qui implorent aide et consolation, de deuil de qui pleure un être cher à cause de la haine et de la violence, du drame des réfugiés qui fuient la guerre ou des migrants qui périssent tragiquement », a rappelé le pape dans ce discours sur le thème justement de la « sécurité » et de la « paix » dans une perspective d’ »espérance ».
C’est, plus encore, une façon d’incarner une « culture de la miséricorde » comme « valeur sociale », une culture de la « rencontre », fait remarquer le pape dans le sillage de l’Année sainte : « Je suis convaincu que pour beaucoup, le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde a été une occasion particulièrement propice aussi pour découvrir la « grande et positive incidence de la miséricorde en tant que valeur sociale ». Chacun peut ainsi contribuer à donner vie à « une culture de la miséricorde, fondée sur la redécouverte de la rencontre des autres : une culture dans laquelle personne ne regarde l’autre avec indifférence ni ne détourne le regard quand il voit la souffrance des frères ». »
« Ainsi seulement, avertit le pape, on pourra construire des sociétés ouvertes et accueillantes envers les étrangers et, en même temps, sûres et en paix à l’intérieur. »
Il prend en compte le phénomène mondial des migrations dont le Doyen du Corps diplomatique venait de dire qu’elle « ne sont pas un phénomène spécifique mais une condition humaine «  qui concerne le monde entier : « Cela est d’autant plus nécessaire, dit le pape, dans le temps présent où des flux migratoires considérables continuent sans arrêt dans différentes parties du monde. Je pense d’une façon particulière aux nombreux migrants et réfugiés dans certaines régions de l’Afrique, dans le Sud-Est asiatique et à tous ceux qui fuient les zones de conflit au Moyen-Orient. »
Il a mentionné deux grands rendez-vous de l’ONU : « L’année dernière, la Communauté internationale s’est confrontée à deux importants rendez-vous convoqués par les Nations Unies : le premier Sommet Humanitaire Mondial et le Sommet sur les Grands Mouvements de Réfugiés et de Migrants. »
Le pape affirme la nécessité d’ « un engagement commun en faveur des migrants, des personnes déplacées et des réfugiés, qui permette de leur donner un accueil digne ».
Et il indique les conditions de cette mise en œuvre du côté des sociétés qui accueillent et du côté des migrants: « Ceci implique de savoir conjuguer le droit « de tout homme […] de se rendre à l’étranger et de s’y fixer», et en même temps de garantir la possibilité d’intégrer les migrants dans les tissus sociaux où ils s’insèrent, sans que ceux-ci sentent leur sécurité, leur identité culturelle et leurs équilibres sociopolitiques menacés. D’autre part, les migrants eux-mêmes ne doivent pas oublier qu’ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions des pays dans lesquels ils sont accueillis. »
Le pape refuse de s’enfermer dans une alternative entre « fermeture » et « accueil », « prudence » et « ouverture » ou plutôt il indique en quoi consiste la vraie prudence politique : « Une démarche prudente de la part des autorités publiques ne comprend pas la mise en œuvre de politiques de fermeture envers les migrants, mais implique d’évaluer avec sagesse et prévoyance jusqu’à quel point leur pays est en mesure d’offrir une vie décente aux migrants, spécialement à ceux qui ont effectivement besoin de protection, sans porter atteinte au bien commun des citoyens. »
Il invite à considérer les personnes et pas d’abord les chiffres: « Surtout, on ne peut pas réduire la crise dramatique actuelle à un simple comptage numérique. Les migrants sont des personnes, avec des noms, des histoires, des familles, et une véritable paix ne pourra jamais advenir tant qu’il y aura même un seul être humain violé dans son identité personnelle et réduit à être un simple numéro statistique ou un objet d’intérêt économique. »
Le pape souligne que tous les pays sont en quelque sorte concernés :  « Le problème migratoire est une question qui ne peut laisser aucun pays indifférent alors que d’autres assument l’obligation humanitaire d’affronter une situation d’urgence qui semble être sans fin, souvent avec d’importants efforts et de lourdes difficultés. Tous devraient se sentir constructeurs et participants du bien commun international, également par des gestes concrets d’humanité qui sont des facteurs essentiels de cette paix et de ce développement que des nations entières et des millions de personnes attendent encore. »
Il a rendu un hommage spécifique à l’action de quatre pays européens : « Je suis pour cela reconnaissant aux nombreux pays qui, avec générosité, accueillent ceux qui sont dans le besoin, en commençant par divers pays européens, en particulier l’Italie, l’Allemagne, la Grèce et la Suède. »
Et justement à propos de la Grèce, le pape a évoqué son voyage œcuménique auprès des réfugiés de Lesbos : « Je resterai toujours marqué par le voyage que j’ai fait avec mes frères le Patriarche Bartholomée et l’Archevêque Jérôme à l’île de Lesbos, où j’ai vu et touché de la main la situation dramatique des camps de réfugiés, mais aussi l’humanité et l’esprit de service de beaucoup de personnes engagées à les assister. »
Mais le pape a aussi rendu hommage à la générosité des voisins de la Syrie et de l’Irak quant à l’accueil des réfugiés : « Il ne faut pas oublier non plus l’accueil offert par d’autres pays européens et du Moyen Orient, comme le Liban, la Jordanie, la Turquie, comme aussi l’engagement de divers d’Afrique et d’Asie. »
Pour ce qui est de l’Amérique il dénonce une nouvelle fois le trafic des êtres humains : « Au cours de mon voyage au Mexique également, où j’ai pu faire l’expérience de la joie du peuple mexicain, je me suis senti proche des milliers de migrants d’Amérique Centrale, qui affrontent de terribles injustices ainsi que des dangers en essayant de trouver un avenir meilleur, victimes d’extorsion et objets de ce déplorable commerce – forme horrible d’esclavage moderne – qu’est la traite des personnes. »

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel