Célébration pénitentielle de la rencontre sur la protection des mineurs, 23 février 2019 © Vatican Media

Célébration pénitentielle de la rencontre sur la protection des mineurs, 23 février 2019 © Vatican Media

Lutte contre les abus : "personne ne peut se soustraire", affirme Mgr Naameh

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Méditation à la veillée pénitentielle (Texte intégral)

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« Personne ne peut se soustraire, personne ne peut dire : ‘mais personnellement je n’ai rien fait de mal’, a affirmé l’archevêque ghanéen Mgr Philip Naameh, à la veille de la conclusion de la rencontre sur la protection des mineurs, au Vatican, ce 23 février 2019 : « Nous portons la responsabilité non seulement de nous-mêmes, mais aussi de tous les autres membres de notre fraternité, et de la fraternité dans son ensemble. »
Dans une méditation, au cours d’une célébration pénitentielle en fin de journée, dans la Salle Regia du Vatican, l’archevêque de Tamale et président de la Conférence épiscopale du Ghana, a souligné que « tout comme le fils prodigue dans l’Évangile, nous avons aussi exigé notre héritage, nous l’avons obtenu, et maintenant nous sommes en train de le gaspiller ».
« Trop souvent, a-t-il déploré, nous avons gardé le silence, détourné le regard, évité les conflits – nous étions trop suffisants pour nous confronter aux côtés obscurs de notre Église. Nous avons ainsi dilapidé la confiance placée en nous… Nous n’avons pas accordé aux personnes la protection à laquelle elles avaient droit, nous avons détruit des espoirs et des personnes ont été profondément violées, tant dans leur corps que dans leur âme. »
Il s’agit aujourd’hui, a ajouté Mgr Philip Naameh, « d’assumer notre responsabilité, de savoir rendre compte, et d’établir la transparence » : « Il nous reste un long chemin à parcourir » et « la présente réunion n’était qu’une étape parmi tant d’autres ». De retour dans leurs diocèses, les évêques devront en effet regagner la confiance des communautés.
Méditation de Mgr Philip Naameh
Chers frères, chères sœurs,
L’Evangile du fils prodigue nous est bien connu. Nous l’avons souvent évoqué, et nous avons souvent prêché cet Évangile. Dans nos congrégations et nos communautés, on tient presque pour acquis qu’il faut s’adresser aux pécheurs et les encourager à se repentir. Nous le faisons peut-être déjà de façon si routinière que nous en oublions quelque chose d’important. Nous oublions bien vite d’appliquer cette Écriture à nous-mêmes, de nous voir tels que nous sommes, c’est-à-dire comme des fils prodigues.
Tout comme le fils prodigue dans l’Évangile, nous avons aussi exigé notre héritage, nous l’avons obtenu, et maintenant nous sommes en train de le gaspiller. La crise actuelle des abus en est l’expression. Le Seigneur nous a confié la gestion des biens du salut, il nous a fait confiance pour accomplir sa mission, pour annoncer la Bonne Nouvelle et pour l’aider à établir le royaume de Dieu. Mais que faisons-nous ? Rendons-nous justice à ce qui nous a été confié ? Nous ne pourrons pas à répondre sans l’ombre d’un doute à cette question par un ‘oui’ sincère. Trop souvent, nous avons gardé le silence, détourné le regard, évité les conflits – nous étions trop suffisants pour nous confronter aux côtés obscurs de notre Église. Nous avons ainsi dilapidé la confiance placée en nous – particulièrement en ce qui concerne les abus dans la sphère de responsabilité de l’Église, qui est notre responsabilité première. Nous n’avons pas accordé aux personnes la protection à laquelle elles avaient droit, nous avons détruit des espoirs et des personnes ont été profondément violées, tant dans leur corps que dans leur âme.
Le fils prodigue dans l’Évangile perd tout – non seulement son héritage, mais aussi son statut social, sa bonne conscience, sa réputation. Nous ne devrions pas être surpris si nous subissons le même sort, si les gens parlent mal de nous, s’il y a de la méfiance à notre égard, si certains menacent de retirer leur soutien matériel. Nous ne devrions pas nous en plaindre, mais plutôt nous demander comment devrions nous agir différemment. Personne ne peut se soustraire, personne ne peut dire : ‘mais personnellement je n’ai rien fait de mal’. Nous sommes une fraternité, nous portons la responsabilité non seulement de nous-mêmes, mais aussi de tous les autres membres de notre fraternité, et de la fraternité dans son ensemble.
Que devons-nous faire différemment et par où devrions-nous commencer ? Regardons à nouveau le fils prodigue dans l’Évangile. Pour lui, la situation commence à s’améliorer quand il décide de devenir très humble, d’accomplir des tâches très simples et de ne réclamer aucun privilège. Sa situation change à mesure qu’il se reconnaît lui-même, qu’il admet avoir fait une erreur, qu’il l’avoue à son père, qu’il en parle ouvertement et qu’il est prêt à en accepter les conséquences. De cette façon, le Père éprouve une grande joie au retour de son fils prodigue et facilite l’accueil mutuel des frères.
Pouvons-nous aussi le faire ? Sommes-nous prêts à le faire ? La présente réunion le révélera. Elle doit le révéler si nous voulons montrer que nous sommes de dignes fils du Seigneur, notre Père céleste. Comme nous l’avons entendu et débattu aujourd’hui et au cours des deux journées précédentes, il s’agit notamment d’assumer notre responsabilité, de savoir rendre compte, et d’établir la transparence.
Il nous reste un long chemin à parcourir pour mettre en œuvre tout cela de manière durable dans un environnement humain approprié. Nous avons fait divers progrès à des vitesses différentes. La présente réunion n’était qu’une étape parmi tant d’autres. Nous ne devons pas croire que, simplement parce que nous avons commencé à changer quelque chose ensemble, toutes les difficultés ont ainsi été éliminées. Comme pour le fils qui rentre chez lui dans l’Évangile, tout n’est pas encore accompli. Il lui reste encore à convaincre son frère. Nous devons nous aussi faire de même : convaincre nos frères et sœurs dans les congrégations et les communautés, regagner leur confiance, et rétablir leur volonté de coopérer avec nous, pour contribuer à l’établissement du Royaume de Dieu.
© Librairie éditrice du Vatican

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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