Rencontre sur la protection des mineurs, 22 février 2019 © Vatican Media

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Protection des mineurs : quelque chose s'est passé, un pas en avant

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Troisième briefing de la rencontre des présidents des Conférences épiscopales

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« Quelque chose s’est passé » ; « un pas en avant très important »… Les participants au troisième briefing de la rencontre des présidents des Conférences épiscopales du monde sur la protection des mineurs, ont été unanimes, ce 23 février 2019 : le témoignage bouleversant d’une femme victime d’abus, a particulièrement interpellé les évêques.
Le p. Federico Lombardi, modérateur de la rencontre, a évoqué devant la presse le témoignage « très fort », la veille au soir, d’une femme européenne, victime d’abus sexuels perpétrés par un prêtre durant cinq ans. « Nous avons vécu ce qui a été jusqu’à présent le moment le plus intense de toute la rencontre, a-t-il affirmé… Ce moment a été un pas en avant très important, car il a touché toutes les personnes en profondeur. »
La femme, dont l’anonymat a été préservé, a parlé du traumatisme qui l’a marquée à vie : « le plus difficile est de faire face tous les jours à ce vécu qui t’envahit et ressurgit dans les moments les plus improbables. Tu devras vivre avec ça … toujours ! » « J’ai eu besoin de 40 ans, a-t-elle confié, pour trouver la force de dénoncer. Je voulais briser le silence dont se nourrit toute forme d’abus. »
Elle a aussi fait part de ses questions « auxquelles tu ne trouveras pas de réponse, parce que l’abus n’a pas de sens » : « Pourquoi moi ?… Où étais-tu, Dieu ? » Et de souligner : « La victime n’est pas coupable de son silence ! Plus est long le temps du silence, subi par la victime entre peur, honte et sentiment d’impuissance, plus le traumatisme et les blessures sont importantes. Il n’y a pas de prescription pour les blessures. »
Pour la religieuse nigériane Sœur Veronica Openibo, « quelque chose s’est passé » durant ce témoignage : « comme si nous étions témoins de ce qu’elle a vécu ». « J’ai senti dans ce hall une capacité à écouter, à avoir de l’empathie », a-t-elle assuré, souhaitant que la rencontre soit l’occasion de décrire clairement la façon dont il faut réagir aux abus, étape par étape.
Mgr Charles Scicluna, membre du comité organisateur de la rencontre et secrétaire adjoint de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a confié que ce témoignage avait « ému le pape et nous tous » : « les femmes nous apportent la sagesse dont nous avons besoin… et hier cette femme, qui a tant souffert à cause d’un prêtre… a transformé nos cœurs. »
L’archevêque maltais a estimé qu’il fallait « plus de communication avec les victimes ». Il ne suffit pas d’écouter des victimes durant trois jours, a-t-il aussi insisté, l’écoute doit se poursuivre quand les participants rentreront dans leurs diocèses : « si tu n’écoutes pas les victimes, tu ne comprendras jamais la nécessité de réparer ».
Le p. Arturo Sosa, préposé général des jésuites, a exprimé l’engagement des participants à faire « tout ce qui sera possible » pour « donner une réponse » à ce fléau, pour écouter les cris des victimes ; il y a eu des pas très clairs pour faire la vérité, a-t-il affirmé.
Pour le cardinal Marx, cette rencontre est un grand pas en avant, notamment dans la culture du dialogue au sein de l’Eglise, et elle doit être suivie d’autres rencontres rapidement.
Parmi les thèmes abordés dans les groupes de partage, rapportés par le préfet du Dicastère pour la communication Paolo Ruffini : la crise de la famille, qui génère immaturité affective ; mais aussi le rôle de la famille dans la lutte contre les abus ; la “diffusion de la pornographie”, “plaie de nos sociétés” ; la vision du mariage qui ne peut pas être “l’antidote à la concupiscence”; la possibilité d’un “jumelage entre diocèses”.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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