"Prix du courage politique" au pape : Allocution du président de "Politique internationale"

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CITE DU VATICAN, mardi 5 octobre 2004 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous l’allocution prononcée par le président de la revue « Politique internationale » lors de la remise du « Prix du courage politique » à Jean-Paul II, samedi 2 octobre, en présence de membres de KTO et de représentants de la revue « Politique internationale ».

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* * *

Très Saint Père merci. Merci pour l’honneur que vous nous faites en nous autorisant à vous honorer. En nous autorisant à honorer, en votre personne, celui qui, même s’il dialogue avec l’Eternité, n’en a pas moins réalisé une oeuvre terrestre immense, gigantesque. Une oeuvre sous-tendue par une intuition libératrice qui a peu d’équivalent dans l’Histoire.

Vous êtes pour nous tous, très Saint Père, quelles que soient nos croyances et nos convictions philosophiques, une étoile dans la nuit; une référence éthique; un phare qui balaie l’océan.

Vous êtes

– Celui qui, par son courage politique, nous a démontré qu’il n’y a pas de limites à ce que la volonté peut accomplir;

– Celui qui a su apprivoiser l’impossible;

– Celui qui a fait la preuve qu’il n’existe pas de fatalité de l’injustice;

– Celui qui a expliqué inlassablement que la liberté, comme la victoire, se donne d’abord à ceux qui l’ont rêvée;

– Celui dont chaque démarche et chaque initiative rappelle que le mot «courage» vient du mot «coeur».

Bref, nous admirons en vous – entre autres – le prophète désarmé qui redonne aux peuples captifs et aux oubliés de l’Histoire des raisons d’espérer; le prophète désarmé dont la moindre intervention sur la scène internationale ridiculise l’interrogation fameuse de Staline: «Le Pape, combien de divisions?».

Dans un monde où l’accommodement avec l’agresseur ou l’oppresseur est souvent considéré comme une forme raisonnable de comportement, comme une forme de «réalisme», voire de sagesse; dans un monde où l’on a un peu trop tendance à se prosterner devant le statu quo – quel qu’il soit, même s’il est indéfendable -, dans ce monde-là vous avez, très Saint Père, fait mûrir l’esprit de résistance.

Votre « N’ayez pas peur » adressé dès 1978 à vos compatriotes polonais a porté, en réalité, bien au-delà de la Pologne. Et chacun reconnaît aujourd’hui le rôle décisif que vous avez joué, tout au long de ces années de plomb, dans l’effondrement du communisme en Europe et le démantèlement de l’Empire soviétique. Et tout cela, je le répète, en un temps où, dans le confort ouaté des Chancelleries, la bienséance consistait à ne surtout «pas faire de vagues» et à sacrifier, sans trop de remords, la justice à la stabilité.

Votre démarche à vous, très Saint Père, c’est le contraire de l’esprit de Munich!

Partout, et pas seulement en Europe, on vous a entendu fustiger, dénoncer à voix haute les dictatures et les tyrannies, de gauche comme de droite. On vous a vu faire publiquement la leçon à Castro, à Duvalier, à Stroessner, à Marcos, à Pinochet -et à tant d’autres… A tous, vous avez répété que la seule légitimité et la seule finalité du pouvoir, c’est l’homme; qu’aucun régime n’est éternel; et qu’on ne saurait impunément fabriquer une symétrie morale factice entre le Bien et le Mal.

Très Saint Père, pour toutes ces raisons – et pour toutes les autres, que chacun connaît et qui nous entraînent dans votre sillage lumineux – permettez-moi au nom de KTO, de Politique Internationale, de l’Association de Politique Etrangère de la Sorbonne et de tous nos amis…

permettez-moi, de vous dire, une fois encore, avec les mots simples de tous les jours: « pour ce que vous avez fait et pour ce que vous ferez encore: merci et que Dieu vous protège! »

[Texte original: Français]

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ZENIT Staff

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