Mgr Mario Grech © Twitter @BishopScicluna

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OSCE : le Saint-Siège plaide pour l’accès universel à l’eau potable

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Mgr Grech invite à renforcer la coopération transfrontalière dans ce domaine

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« L’accès à l’eau potable est un droit humain fondamental et universel », rappelle Mgr Joseph Grech qui met en garde : « la demande croissante, le changement climatique, l’hygiène inadéquate, la pollution et le gaspillage de l’eau menacent des millions de personnes, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables ».
La Délégation du Saint-Siège à la Réunion de mise en œuvre de la dimension économique et environnementale (EEDIM) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), est intervenue en la personne de Monseigneur Joseph Grech, chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente du Saint Siège auprès des organisations internationales à Vienne, le 14 octobre 2019.
Si les États, « garants de l’accès universel à une eau saine et propre », n’adoptent pas « une culture de la rencontre, réunissant dans une cause commune tous les efforts nécessaires », souligne Mgr Grech en citant le pape François, « la concurrence peut facilement se développer entre les États pour les sources d’eau transfrontalières » et « devenir un risque majeur pour la sécurité », pouvant « même conduire à la guerre ».
C’est pourquoi, conclut-il, il faut renforcer la « coopération transfrontalière » en matière d’utilisation de l’eau afin d’ « assurer des relations transnationales stables et prévisibles ».
Voici notre traduction du discours prononcé par Mgr Joseph Grech.
HG
Discours de Mgr Joseph Grech
Monsieur le Président,
Tout d’abord, le Saint-Siège tient à remercier les organisateurs de l’EEDIM de cette année d’avoir consacré cette séance d’ouverture à « Faire le point sur la mise en œuvre des engagements environnementaux de l’OSCE en mettant l’accent sur la gestion de l’eau à l’appui du Programme 2030 pour le développement durable », ainsi que les principaux intervenants pour leur contribution à nos débats.
Monsieur le Président,
Depuis la montée de l’industrialisation au XIXe siècle, les relations de l’humanité avec la planète ont subi une dangereuse transformation. Alors qu’autrefois nous considérions la terre comme la source des dons de Dieu nécessaires à notre subsistance commune, nous en sommes maintenant venus à la considérer comme une simple ressource naturelle à piller à volonté. Déjà en 1971, le pape saint Paul VI avertissait que « par une exploitation inconsidérée de la nature, l’humanité court le risque de la détruire et de devenir à son tour victime de cette dégradation » (1). Plus récemment, le pape François a observé que « les choses sont en train d’atteindre un point de rupture, en raison du rythme rapide des changements et de la dégradation » (2).
Cette dégradation se manifeste dans le domaine de la gestion de l’eau. L’accès à l’eau potable est un droit humain fondamental et universel (3). Elle est indispensable à la vie humaine et au maintien des écosystèmes terrestres et aquatiques (4). Néanmoins, la demande croissante, le changement climatique, l’hygiène inadéquate, la pollution et le gaspillage de l’eau menacent des millions de personnes, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables.
Ces défis sont au cœur des préoccupations de la dimension économique et environnementale de l’OSCE. Conformément à l’Acte final d’Helsinki, les États participants se sont engagés à œuvrer en faveur de la « prévention et de la lutte contre la pollution des eaux, en particulier des fleuves transfrontaliers et des lacs internationaux », ainsi qu’à établir « des méthodes d’évaluation des ressources en eau douce et à améliorer leur utilisation, notamment en développant des méthodes de production moins polluantes et entraînant une consommation moindre d’eau douce » (5). L’OSCE a mis en œuvre ces engagements de manière proactive, en encourageant la gestion conjointe de l’eau par différents pays et secteurs, sur la base des principes de transparence, de responsabilité et d’équité. Les opérations sur le terrain de l’OSCE favorisent la bonne gouvernance de l’eau et la participation de la société civile grâce à des cours de formation sur la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), ainsi qu’en soutenant les associations d’utilisateurs de l’eau et les conseils de bassin. Ensemble, ces initiatives représentent une contribution précieuse à l’objectif 6 de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable, qui s’engage à « assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous ». (6)
Pour encourager davantage ces efforts, ma délégation souhaite attirer l’attention sur le concept d’ « écologie intégrale » du pape François, c’est-à-dire « une approche intégrée de la lutte contre la pauvreté, du rétablissement de la dignité des exclus et, en même temps, de la protection de la nature ». (7) Une telle approche devrait inciter les États, garants de l’accès universel à une eau saine et propre, à adopter « une culture de la rencontre, réunissant dans une cause commune tous les efforts nécessaires » (8) garantissant ce droit fondamental dont le résultat mène vers des sociétés plus sures.
En l’absence d’une telle cause commune, la concurrence peut facilement se développer entre les États pour les sources d’eau transfrontalières et peut devenir un risque majeur pour la sécurité (9). Le pape François a émis l’hypothèse qu’une telle concurrence pourrait même conduire à la guerre (10). Pour éviter cela, nous devons renforcer la coopération en matière d’utilisation de l’eau. Parce que le besoin de partage de l’eau peut aussi devenir une opportunité de coopération transfrontalière et conduire à des efforts accrus en vue de l’adoption d’instruments contraignants pour assurer des relations transnationales stables et prévisibles (11).
La coopération dans ce domaine conduira également à une société plus sûre puisque l’eau, élément fondamental nécessaire à la vie, sera assurée par les États.
Merci, Monsieur le Président !
 
1. Lettre apostolique Octogesima Adveniens (14 mai 1971), 416-417.
2. Lettre encyclique Laudato Si’ (24 mai 2015), 61.
3. Ibid. 30.
4. Ibid. 28.
5. Acte final d’Helsinki, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (1er août 1975), article 5, « Contrôle de la pollution de l’eau et utilisation de l’eau douce ».
6. Agenda 2030 pour le développement durable, Nations Unies (21 octobre 2015), Objectif 6, « Eau propre et assainissement ».
7. Laudato Si’, 137-9.
8. Pape François, Discours aux participants au quatrième atelier organisé par l’Académie pontificale des sciences : « The human right to water : an interdisciplinary focus and contributions on the central role of public policies in water and sanitation management » (24 February 2017).
9. Intervention de Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, « Décennie internationale pour l’action : L’eau au service du développement durable », Premier dialogue pour discuter de l’amélioration de l’intégration et de la coordination des travaux de l’ONU sur les buts et objectifs liés à l’eau dans le cadre de son pilier développement durable (22 mars 2017).
10 Pape François, Salutation au personnel de la FAO (20 novembre 2014).
11. Intervention de Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, « Décennie internationale d’action : L’eau au service du développement durable », premier dialogue sur l’amélioration de l’intégration et de la coordination des travaux de l’ONU sur les buts et objectifs relatifs à l’eau dans le cadre de son pilier développement durable (22 mars 2017).
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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