Mgr Janusz Urbanczyk - Stift Klosterneuburg

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OSCE : La personne au centre de l’économie, par Mgr Urbanczyk

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Des chefs d’entreprise guidés par des motivations morales

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« Le développement du capital humain signifie (…) soutenir des actes concrets qui placent le bien de la personne au centre de nos efforts économiques », affirme Mgr Urbanscyk qui dénonce, avec les paroles du pape François, un « mécanisme pervers qui broie les ressources pour obtenir des profits toujours croissants ».
Mgr Janusz S. Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège, a pris la parole au cours de la session d’ouverture de la première réunion préparatoire au 26ème Forum économique et environnemental de l’OSCE intitulé « Promouvoir le progrès économique et la sécurité dans l’espace de l’OSCE par l’innovation, le développement du capital humain et la bonne gouvernance publique et des entreprises », et qui s’est tenu à Vienne les 22 et 23 juillet 2018.
« Sans une bonne gouvernance publique et des entreprises, l’activité économique est facilement corrompue », déclare encore Mgr Urbanczyk. « L’exercice de la responsabilité par les chefs d’entreprise et la direction exige (…) une réflexion constante sur les motivations morales qui devraient guider les choix personnels de ceux à qui ces tâches incombent », a-t-il encore affirmé en citant le Compendium de la doctrine sociale de l’Église.
Voici notre traduction du discours de Mgr Urbanczyk.
HG
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège est heureux de s’associer aux orateurs précédents pour remercier la Présidence italienne de l’OSCE et le Bureau du Coordonnateur des activités économiques et environnementales de l’OSCE pour l’organisation de cette première réunion préparatoire du 26ème Forum économique et environnemental centré sur l’innovation, le développement du capital humain et la bonne gouvernance publique et des entreprises.
Permettez-moi en ce moment d’offrir quelques considérations sur les sujets de cette réunion.
Le développement du capital humain
Le Saint-Siège a affirmé à maintes reprises que « le sujet et le but de toutes les institutions sociales [- donc aussi de l’économie -] est et doit être la personne humaine qui, de par sa nature même, a totalement besoin de la vie sociale ». (1) Une approche de la vie économique, de la production et du travail qui ne cherche que la richesse et qui réduit les hommes et les femmes à être des parties instrumentalisées dans un « mécanisme pervers qui broie les ressources pour obtenir des profits toujours croissants » (2) n’est pas seulement nuisible à la société elle-même, mais surtout contredit la dignité humaine inhérente à toute personne.
C’est dans cette optique que ma délégation comprend le « développement du capital humain » : chercher à promouvoir la croissance économique et l’intégration par une approche des hommes et des femmes sur leur lieu de travail qui reconnaisse d’une part leur dignité inhérente et leur contribution à la vie économique et, d’autre part, le potentiel de réussite économique qui réside dans l’utilisation et le développement réfléchis, honnêtes et justes des bien-nommées « ressources humaines ». (3)
Le développement du capital humain signifie également soutenir des actes concrets qui placent le bien de la personne au centre de nos efforts économiques, en augmentant les possibilités pour les jeunes d’entrer sur le marché du travail, en assurant à tous les travailleurs un salaire juste et stable, en garantissant un salaire égal pour un travail égal – notamment pour les femmes -, en profitant des dons et des ressources de tous les travailleurs et en s’appuyant sur ceux-ci. Dans le contexte d’une économie de plus en plus numérisée, avec ses nouveaux modèles économiques et une utilisation plus avancée des technologies numériques, il est important que les décisions relatives aux réductions sur le lieu de travail soient dûment et soigneusement prises en compte : une décision, purement guidée par le profit, de diminuer la main-d’œuvre ne peut être qualifiée de « développement ».
Étant donné que ma délégation considère que cette question et les discussions sur ce plan sont très utiles dans le cadre de la deuxième dimension de l’OSCE, elle réitère sa satisfaction pour l’attention qui sera accordée au développement du capital humain au cours de cette année.
Bonne gouvernance publique et des entreprises
Une croissance économique solide et durable exige des responsabilités. Sans une bonne gouvernance publique et des entreprises, l’activité économique est facilement corrompue. Ces notions importantes attirent notre attention sur les rôles des chefs d’entreprise et de la direction, qui ont « une importance centrale du point de vue de la société, car ils sont au cœur de ce réseau de liens techniques, commerciaux, financiers et culturels qui caractérise la réalité de l’entreprise moderne. En raison de la complexité croissante des activités commerciales, les décisions prises par les entreprises produisent un certain nombre d’effets interdépendants très importants, dans les sphères à la fois économique et sociale. Pour cette raison, l’exercice de la responsabilité par les chefs d’entreprise et la direction exige (…) une réflexion constante sur les motivations morales qui devraient guider les choix personnels de ceux à qui ces tâches incombent » (4).
Alors qu’une saine et juste croissance économique – y compris l’engagement accru du secteur économique avec le numérique – est entravée par l’absence de bonne gouvernance publique et des entreprises, la corruption endommage et détruit activement ce potentiel de croissance. Comme l’a souligné la Présidence italienne, la corruption « menace la base de la démocratie et de la sécurité, ainsi que la stabilité et la compétitivité du système économique ».(5)
Le pape François reste très clair dans sa condamnation de ce phénomène apparemment indéracinable, le qualifiant de « malédiction sur la société, privant les pauvres et fournissant un terrain fertile au crime organisé (…), à l’exploitation de l’homme et de l’environnement » et qui « favorise la croissance des intérêts particuliers et nuit au bien commun ». (6)
Ma délégation saisit cette occasion pour remercier le Président en exercice de l’OSCE, M. Alfano, d’avoir nommé Mme Paola Severino Représentante spéciale pour la lutte contre la corruption ; elle se félicite de l’attention accrue accordée à la lutte contre la corruption dans la région de l’OSCE.
En conclusion, permettez-moi d’assurer tous les participants à cette réunion que ma délégation attend avec intérêt ces deux jours de discussions et de débats sur des questions qui, une fois de plus, mettent en évidence la valeur du « deuxième panier » de la sécurité globale.
Merci, Monsieur le Président !
1. Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde moderne, Gaudium et spes, 7 décembre 1965, 25.
2. Pape François, Discours au personnel de l’Institut national de la Sécurité sociale (INPS), 7 novembre 2015.
3. Cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Église, 301-303.
4. Compendium de la doctrine sociale de l’Église, 344.
5. Programme de la Présidence italienne de l’OSCE, 2018, p. 2
6. Pape François, Préface du livre « Corrosione » (Corrosion) par le card. Peter Turkson/Vittorio Alberti (Rizzoli, 2017).
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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