"L'Economie de François" @ Twitter, Dicastère au service du développement humain intégral

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"L'économie de François": le pape propose un "pacte" aux jeunes du monde

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Rendez-vous à Assise en mars 2020

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Le pape François appelle les jeunes du monde entier à un « pacte » et un pacte concernant l’avenir de l’humanité de la planète, un pacte pour inventer l’économie de la vie, l’économie de l’avenir, l’économie amie de l’homme, de tout homme, et de la planète: une économie inclusive, non pas comme l’économie « pathologique » qui « exclut » et qui « tue ».
Le pape a en effet lancé un message aux jeunes – notamment entrepreneurs et économistes –  le 11 mai dernier et il convoque les jeunes de tous les pays, spécialistes en économie, à venir participer à un forum sur ce sujet du 26 au 28 mars 2020 à Assise, la ville de saint François.
Pour les jeunes, des bourses d’études seront prévues de façon à ce qu’ils puissent venir du monde entier.
Le pape venait de recevoir au Vatican le Prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz, dans le cadre d’une rencontre de sa fondation pour l’éducation intégrale « Scholas occurrentes ».
Nous avons publié notre traduction du message du pape. L’événement intitulé « L’économie de François » vient d’être présenté au Vatican ce mardi matin, 14 mai 2019, par le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, accompagné de Mgr Domenico Sorrentino, archevêque-évêque d’Assise, de M. Luigino Bruni, professeur d’économie politique et consultant auprès du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, de Mme Stefania Proietti, ingénieur et maire d’Assise et du p. Mauro Gambetti, franciscain conventuel et Custode du couvent sacré d’Assise.
Mgr Sorrentino évoque notamment comment le choix, par saint François d’Assise,  de « Dame pauvreté est aujourd’hui une source d’inspiration pour un mode de vie et une économie au service de « tous les « démunis » de l’histoire » pour qui le pape François, à Assise, à invoqué « une éthique de solidarité capable de proximité, d’inquiétude et de partage ».
Il s’agit aussi, souligne l’évêque, dans le sillage de saint François d’associer, eu lieu de les opposer, « économie et écologie ».
Pour l’évêque d’Assise, « les jeunes peuvent faire la différence », car « ils sont l’avenir dans tous les sens, même l’avenir de l’économie »:  « Un pacte avec eux est gagnant ».
Nous publions ci-dessous l’intervention de S.E. Mgr Domenico Sorrentino,, dans une traduction rapide, de travail.
AB
 

Dépouillement de saint François d'Assise © sanfrancesco.org

Dépouillement de saint François d’Assise © sanfrancesco.org

Présentation par Mgr Domenico Sorrentino
Amis de la communication,
Je pense que vous attendez des informations sur le processus ayant conduit à cet appel du pape François. Il peut également être utile de se faire une idée de cet événement, qui reste à construire, mais qui ne naît pas comme un champignon.
« L’Économie de François » est un événement d’étude, de rencontre, de confrontation, de recherche entre jeunes universitaires et opérateurs économiques, convoqué par le pape François. Il est significatif que le pape donne un tel rendez-vous dans un lieu hautement symbolique comme Assise, une ville déjà choisie par saint Jean-Paul II comme icône de la paix pour ce qu’on appelle « l’esprit d’Assise ». Le titre de l’événement – l’Économie de François -, fait référence en premier lieu au saint d’Assise, mais fait allusion à l’enseignement économique et social du pape François.
En fait, cet événement trouve son inspiration dans l’enseignement du pape, qui, depuis Evangelii gaudium puis dans Laudato si ‘, a vigoureusement dénoncé l’état pathologique d’une si grande partie de l’économie mondiale, en parlant d’une « économie qui tue », et en montrant comment cela tue les personnes et l’environnement ensemble, et donc aussi l’avenir.
Beaucoup ont été ébranlés par cette dénonciation. Une dénonciation entièrement inspirée par l’Evangile. Les catholiques et tous les hommes de bonne volonté, s’ils ont des yeux pour voir et un cœur pour aimer, ne peuvent manquer d’être ébranlés par cette dénonciation et s’engager dans un engagement à la conversion, personnelle et sociale. Malheureusement, il y a ceux qui sont agacés par cette dénonciation et deviennent des critiques injustes et aguerris. L’Évangile a toujours été et reste un « signe de contradiction ».
Nous nous sentons en parfaite harmonie avec le pape François. En serait-il autrement pour ceux qui se retrouvent chaque jour, dans la ville de François d’Assise, à méditer sur son parcours évangélique, caractérisé par le choix de la pauvreté et des pauvres?
Dans cette écoute sincère du magistère papal, parmi les nombreuses offres de collaboration que j’imagine être parvenues, deux demandes précises lui sont également arrivées, par des voies différentes et éventuellement convergentes, de la part du soussigné et du professeur Luigino Bruni. L’initiative d’aujourd’hui a également mûri dans le dialogue dont il nous a honorés. Aujourd’hui, nous en parlons de nos points de vue respectifs, moi en tant qu’évêque chargé de diriger l’événement et lui qui en assume la direction scientifique.
Pour concevoir l’événement, comme une hypothèse à présenter au pape, et sur laquelle nous avons également dialogué avec le cardinal Turkson, qui nous assure le parrainage de son dicastère, nous avons dû partir avec une certaine avance. Nous avons actuellement une idée de projet, une idée que le pape a acceptée et faite sienne. Mais la structure organisationnelle et de contenu de l’événement reste toute à construire: ce sera le travail des prochains mois et nous ne voulons certainement pas le poursuivre tout seuls. En particulier, il m’appartient à moi, en ma qualité d’évêque, d’accepter les demandes et les collaborations des différentes « âmes » de la ville de Saint-François.
Vous en voyez ici représentées quelques unes: de l’âme franciscaine, représentée par le Custode du couvent sacré, le p. Mauro Gambetti, à l’âme civile, exprimée par la maire de la ville, Stefania Proietti, ingénieur, à l’âme charismatique d’une « excellence » de la charité, qu’est l’Institut Séraphique, représenté ici par son président, M. Di Maolo, avocat, un institut qui, depuis 1871, s’est d’abord consacré  aux aveugles et aux sourds-muets, et aujourd’hui de plus en plus aux handicapés, et qui préconise concrètement une manière de concevoir l’économie à partir des plus fragiles et à leur service. Pour sa part – j’en suis convaincu -, même le professeur Bruni mettra ses compétences en synergie avec de nombreux collègues,  fort également de l’expérience stimulante de l’économie de communion ou de l’économie prophétique, comme il aime l’appeler.
Comment ces deux lignes se sont-elles rencontrées, en dialogue avec le pape François?
Je pars de celui qui me concerne le plus directement. Je vis là où, il y a huit siècles, le jeune François, en conflit avec son père Bernardone qui ne partageait pas son choix radical de l’Evangile, s’est dépouillé de ses vêtements, jusqu’à être complètement nu, pour restituer aussi ses vêtements avec son argent. Un geste spectaculaire, mais surtout prophétique. Depuis quelques années, nous l’appelons de lieu le « Sanctuaire du dépouillement » (« Sanctuaire du renoncement », “Shrine of renunciation”). Lorsque le pape François a parlé dans cette salle qui rappelle l’événement, il a rappelé tous les « démunis » de l’histoire, invoquant pour eux une éthique de solidarité capable de proximité, d’inquiétude et de partage. Par son geste prophétique, le « pauvre » d’Assise n’a pas agi de manière anti-économique, mais comme un acte de fondation d’une économie alternative.
Depuis quelques années, ce Sanctuaire – certes pas tout seul, étant donné les diverses réalités franciscaines de la ville, mais aussi d’autres, comme Pro-civitate christiana, qui ont toujours eu cet intérêt et le cultivent avec un haut niveau d’initiative et de passion – [ce Sanctuaire] mène une réflexion sur les dimensions économiques de la spiritualité du dépouillement. Il y parvient en associant économie et écologie. Vous pouvez le voir dans la brochure qui, je l’espère, vous a été distribuée. Des rencontres se tiendront également à la fin de cette semaine, du 18 au 19 mai. Le pape a donné à plusieurs reprises sa bénédiction à cette activité du Sanctuaire. Le discours qu’il a fait lors de sa visite à la salle du Dépouillement en 2013 a été touchant et il a écrit une belle lettre pour l’érection du Sanctuaire en 2017.
Pendant plusieurs années, cela a été naturel naturel pour moi de l’inviter à revenir, en particulier pour le mois de septembre, lorsque le sanctuaire tient une session consacrée aux thèmes de la conservation de la création. Chaque fois, le pape a répondu par une bénédiction en me disant qu’il ne pouvait pas venir. Peut-être que je n’avais pas deviné la [bonne] date. Ou peut-être n’avais-je pas deviné le thème spécifique qui aurait pu inciter le pape à revenir à Assise pour la quatrième fois.
Je reconnais volontiers que cette étincelle a jailli d’une idée de Luigino Bruni, qui s’est retrouvé à en parler au pape en juin 2018 dans le climat créé par le synode des jeunes. Je peux témoigner que, lors d’une réunion que nous avons eue avec le Saint-Père le 25 avril dernier, l’idée de relever les défis de l’économie en mobilisant les jeunes a provoqué une adhésion enthousiaste du Saint-Père. Les jeunes peuvent faire la différence. Ils sont l’avenir dans tous les sens, même l’avenir de l’économie. Un pacte avec eux est un gagnant.
Nous avons également soumis au pape la proposition d’une reconnaissance – un « prix », si on veut l’appeler ainsi, mais sans aucune concurrence avec le Nobel! – qui pourrait être remise par lui-même pour encourager ceux qui se démarquent réellement au niveau mondial par des pratiques dignes d’une économie inspirée par la fraternité et la solidarité. À ce sujet, le pape nous a dit – sans l’exclure – que cela ne devrait pas être la première préoccupation. L’important c’est le moment de la formation et le pacte d’engagement commun.
Et nous en sommes à l’initiative d’aujourd’hui, dont nous ne disposons pour l’instant que des premiers préliminaires, sur lesquels nous construirons l’itinéraire des prochains mois. Nous le ferons avec l’agilité d’un comité, déjà déterminé d’une certaine manière, nécessaire pour concrétiser rapidement un événement ambitieux, qui, nous l’espérons, n’est que le début d’un parcours. Compte tenu de cette agilité opérationnelle qui nous permet de partir, nous ne manquerons pas d’écouter et de créer des synergies. Si le diocèse, l’Institut séraphique, la municipalité d’Assise et le Centre des Focolari pour l’économie de communion participent au comité, en tant qu’évêque chargé de diriger, il ne serait pas légitime d’oublier que le diocèse est le lieu de toutes les « âmes ecclésiales », toutes dignes d’écoute et toutes appelées à collaborer. A Assise, cela signifie en particulier les familles franciscaines, héritières des idéaux de François. Nous ne nous fermons pas aux suggestions d’où qu’elles viennent, à commencer par cette rencontre avec vous, amis journalistes.
Ce qui nous intéresse, c’est d’utiliser la terminologie chère au pape et, en croyant aussi l’interpréter, ce n’est pas de célébrer un événement, mais de déclencher un processus. Merci.
(c) Traduction de Zenit, Anita Bourdin

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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