Lavement des pieds du Jeudi Saint 2016, L'Osservatore Romano

Lavement des pieds du Jeudi Saint 2016, L'Osservatore Romano

Lavement des pieds de réfugiés: un geste “qui parle plus que les paroles”

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Messe de la Cène du Seigneur dans un Centre pour demandeurs d’asile

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« Les gestes parlent plus que les images et que les paroles », a fait observer le pape dans son homélie de la messe de la Cène du Seigneur qui fait mémoire de l’institution de l’eucharistie et du sacerdoce et du don du commandement de l’amour.
Le pape François s’est rendu à Castelnuovo di Porto, à quelque 30 km au nord de Rome, ce jeudi après-midi, 24 mars, Jeudi Saint, pour se rendre à un centre pour demandeurs d’asile (un “Cara”) qui accueille 892 personnes de 25 pays différents (15 d’Afrique, 9 d’Asie, 1 européen hors de l’UE).
Le pape a lavé les pieds de douze personnes: quatre Nigérians catholiques, trois femmes érythréennes de confession copte orthodoxe, trois musulmans du Mali, de Syrie, et du Pakistan, un Indien de religion hindoue, et une assistante italienne.
Le pape versait de l’eau sur un pied, l’essuyait, l’embrassait, avant d’échanger avec la personne un regard, un sourire, un geste de la main: certains saisissaient celle du pape pour l’embrasser avec affection et respect. Plus d’un a été ému aux larmes.
Dans son homélie, le pape les avait préparés à ce geste en expliquant sa signification de fraternité et de volonté de paix.
Le pape est parti de deux gestes accomplis dans l’évangile lu ce Jeudi saint. Un geste de Jésus : « Les gestes… Il y a, dans cette Parole de Dieu que nous avons lue, deux gestes : Jésus qui sert, qui lave les pieds. Lui qui était le « chef », lave les pieds des autres, aux siens, aux plus petits. Un geste. »
Et celui de Judas : « Le second geste : Judas qui va auprès des ennemis de Jésus, de ceux qui ne peuvent pas la paix avec Jésus, pour prendre l’argent par lequel il a trahi, les 30 pièces de monnaie. Des gestes. »
Le pape a actualisé le sens de l’évangile en rapprochant le geste de Jésus de la volonté des hôtes du centre de vivre en paix: « Aujourd’hui aussi, il y a deux gestes : l’un, nous tous, ensemble – musulmans, hindous, catholiques, coptes, évangéliques, mais frères, enfants du même Dieu – qui voulons vivre en paix. Un geste. »
Il a aussi rapproché le geste de Judas de celui des kamikazes de Bruxelles, le 22 mars : « Il y a trois jours, un geste de guerre, de destruction, dans une ville de l’Europe, de gens qui ne veulent pas vivre en paix. Mais derrière ce geste, comme derrière Judas, il y en avait d’autres. »
« Derrière Judas, a expliqué le pape, il y avait ceux qui ont donné l’argent, pour que Jésus soit livré. Derrière ce geste, d’il y a trois jours, dans une capitale européenne, il y a des fabricants, des trafiquants d’armes qui veulent le sang, pas la paix, qui veulent la guerre, pas la fraternité. »
Le pape a dénoncé la vente d’armes : « Deux gestes semblables: d’une part, Jésus lave les pieds, alors que Judas vend Jésus pour de l’argent. Et d’une part, vous, nous, tous ensemble, différentes religions, mais enfants du même Père, frères, alors que, ces pauvres achètent des armes pour détruire la fraternité. »
Il a lu le lavement des pieds comme un signe de fraternité vécue : « Aujourd’hui, en ce moment, quand je ferai le même geste que Jésus, de vous laver les pieds, à douze d’entre vous, nous tous, nous sommes en train de faire le geste de la fraternité, et nous disons tous: “Nous sommes divers, nous sommes différents, nous avons des cultures et des religions différentes, mais nous sommes des frères, et nous voulons vivre en paix.”. »
Et d’expliquer encore son geste en disant : « Voilà le geste que je fais avec vous. Chacun de nous porte une histoire, chacun de vous porte une histoire: tant de croix, tant de douleurs, mais aussi a un coeur ouvert qui veut la fraternité. »
Le pape a invité à unir leur prière dans cette direction : « Que chacun, dans sa langue religieuse, prie le Seigneur afin que cette fraternité contamine le monde, pour qu’il n’y ait pas ces 30 pièces de monnaie pour tuer le frère, pour qu’il y ait toujours la fraternité et la bonté. Ainsi soit-il. »
Au terme de la messe, après un bref moment d’adoration du Saint-Sacrement dans le ciboire, une chorale a chanté. Puis le pape a dit quelques mots avant de saluer les résidents un à un, jusqu’à la nuit tombée. Beaucoup lui ont remis des lettres, d’autres ont fait des selfies pour prolonger l’instant.
Avant de saluer les résidents un à un, le pape a résumé son message: « Maintenant, je vais vous saluer chacun, de tout coeur. Je vous remercie de cette rencontre. Et rappelons-nous seulement que c’est beau de vivre ensemble, en frères, avec des cultures, des religions, et des traditions différentes: nous sommes tous frères! Et cela a un nom: paix et amour. Merci. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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