Kohr Virap (Arménie) © wikimedia commons (MrAndrew47)

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La réconciliation entre la Turquie et l’Arménie passe par la mémoire

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Analyse du père Georges-Henri Ruyssen après le voyage du pape

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Le processus de paix entre l’Arménie et la Turquie ne peut passer que par « une réconciliation » de cette dernière « avec sa mémoire », affirme le prêtre jésuite Georges-Henri Ruyssen. Spécialiste de l’Arménie, le canoniste professeur à l’Institut pontifical oriental à Rome, plaide au micro de Radio Vatican pour le respect de « la vérité historique » du massacre des Arméniens par les Ottomans en 1915-1917.
Après le voyage apostolique qui a eu lieu du 24 au 26 juin en Arménie, le chercheur belge salue l’utilisation par le pape François du terme ‘génocide’, contesté par la Turquie : « Ce mot est très fort car il renvoie à un crime prévu par le droit pénal international, et fait partie des crimes contre l’humanité qui sont les plus graves ». Ainsi, ajoute-t-il, « le pape n’a pas eu peur de le réutiliser (après l’avoir employé en avril 2015, ndlr) et a brisé de nouveau un tabou ».
Alors que le gouvernement turc a vu dans ce terme, prononcé au premier jour du voyage, « la mentalité des croisades », le père Ruyssen assure que le pape François ne veut pas « piétiner ou condamner la Turquie », mais qu’il s’en tient « à la vérité historique ». Le pape argentin veut « une réconciliation entre la Turquie et l’Arménie », souligne-t-il, impliquant d’abord une réconciliation de la première « avec sa mémoire », quitte à « remettre en question »  sa fierté afin de libérer « les Turcs de leur mauvaise conscience ».
Auteur d’ouvrages sur l’histoire du peuple arménien de 1894 à 1925, le père Ruyssen, assure qu’à l’époque du massacre, le pape Benoît XV était au courant « et le Saint-Siège faisait tout ce qu’il pouvait pour faire arrêter le génocide, sauver les chrétiens et porter secours aux réfugiés », alors que « les autres puissances regardaient ailleurs ». « Aucun peuple chrétien, ajoute le jésuite, n’a vécu dans sa chair pareil martyre par fidélité à sa foi ».
Evoquant « le parallèle qui est fait entre le génocide arménien et les persécutions que subissent aujourd’hui les chrétiens en Irak et en Syrie », le chercheur constate qu’« aujourd’hui comme à l’époque, la voix du pape est une des rares voix à s’élever en leur faveur », « dans l’indifférence des puissances chrétiennes ».
Avec une traduction d’Océane Le Gall

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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