Du goulag à la pourpre, le cardinal Swiatek, "Témoin de la Foi"

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CITE DU VATICAN, Lundi 27 septembre 2004 (ZENIT.org) – Le cardinal Casimir Swiatek, 90 ans, dont dix au goulag, a reçu ce lundi matin à Castelgandolfo le Prix « Témoin de la Foi », « Fidei Testis » des mains de Jean-Paul II.

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Le Prix lui a été attribué par l’Institut Paul VI de Brescia, ville natale de Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI, au cours du récent symposium organisé à l’occasion du 25e anniversaire de sa création.

Né en 1914 à Pinsk, dans l’Administration apostolique d’Estonie, le cardinal Swiatek est archevêque de Minsk-Mohilev, en Biélorussie, et Administrateur apostolique de Pinsk. Il a été ordonné prêtre en avril 1939 en Biélorussie, il a ensuite traversé la seconde guerre mondiale, la persécution nazie puis la persécution soviétique. Arrêté à plusieurs reprises, il fut condamné aux travaux forcés en Sibérie en 1944: il a passé dix ans au Goulag où il a manifesté cette foi « forte et courageuse » qui lui a permis de survivre aux privations et à la cruauté.

Il est revenu chez lui en 1954, au milieu des églises détruites: un choc. « Chaque jour était une lutte très dure, je me sentais comme David contre le géant Goliath, à une différence près: je n’avais pas même une fronde! », a-t-il confié dans son « Journal », avec un humour typiquement slave. « Je souffrais, ajoute-t-il, parce que l’Occident nous avait oubliés, en cherchant la paix et la sécurité en embrassant nos tortionnaires. Alors qu’ici, on détruisait les églises, les prêtres étaient emprisonnés et les croyants persécutés ».

« Eminence, comment avez-vous fait pour résister au goulag? », demande le quotidien italien « L’Avvenire », il sourit: « L’officier du KGB m’a posé la même question avant d’autoriser ma sortie de prison. J’ai répondu: ma vie, je la dois à Dieu, c’est lui mon salut! C’est le message que je répète chaque jour, et que je veux laisser à vous aussi: Dieu, comme tu es grand! Comme tu es bon! »

Le P. Swiatek a été nommé évêque après la Chute du Mur de Berlin, en 1991. Jean-Paul II l’a créé cardinal en 1994: en lui remettant sa barrette cardinalice, le pape l’a embrassé et l’a remercié de son témoignage héroïque.

Ce lundi, Jean-Paul II a de nouveau rendu hommage à ce grand « Témoin de la foi », en rappelant les étapes de son « Chemin de Croix »: deux ans après son ordination sacerdotale, en 1941, il est emprisonné une première fois et finalement, il sera injustement condamné, rappelait le pape, à la déportation en camp de travaux forcés où il souffrit « d’épuisement, de la faim et du froid ».

« On ne pouvait survivre que par la foi », avez-vous confié, disait le pape en citant le cardinal, « et le Seigneur vous a accordé une foi forte et courageuse, pour surmonter la longue épreuve, au terme de laquelle vous êtes revenu dans votre communauté ecclésiale en témoin encore plus crédible de l’Evangile: Fidei testis ».

Ce titre, a fait remarquer Jean-Paul II, est « plus que tout autre approprié pour un chrétien », et à plus forte raison « pour un pasteur marqué de la pourpre cardinalice qui, au cours des années difficiles de la persécution de l’Eglise en Europe de l’Est a rendu un témoignage fidèle et courageux au Christ et à son Evangile ».

« Par la parole et par l’exemple, concluait le pape, vous avez annoncé à tous, croyants et non-croyants, la vérité du Christ, la lumière qui éclaire tous les hommes ».

Les 25 ans de l’Institut ont été marqués par un symposium consacré à la déclaration conciliaire sur la Dignité humaine, « Dignitatis humanae », promulguée par Paul VI en 1965.

Le secrétaire général de cet organisme culturel, le prof. Xeniu Toscani a précisé au micro de Radio Vatican: « le thème de ce colloque était: « Dignitatis humanae – la liberté religieuse chez Paul VI ». Or, le cardinal Swiatek a été un témoin éminent de la liberté, du désir de liberté religieuse piétinée par qui l’a incarcéré pour éviter l’expression de sa foi religieuse et de son activité pastorale. Du reste, l’institut Paul VI récompense de grandes personnalités de la culture inspirées par la religion et leurs œuvres. Nous en sommes à la quinzième édition du prix: parmi les lauréats on peut citer entre autres le théologien suisse et défunt cardinal Hans Urs von Balthasaar, le professeur Oscar Cullman – pour ses travaux dans le domaine œcuménique –, le philosophe Paul Ricoeur et Jean Vanier, dans le domaine de la promotion des droits humains et du développement des peuples ».

« L’institut Paul VI a été fondé, rappelait le prof. Toscani, par l’Œuvre pour l’Education chrétienne de Brescia, une fondation cultuelle et religieuse qui a décidé de promouvoir la constitution de cet institut afin que les chercheurs du monde entier y trouvent un instrument de recherche adéquat. En 25 ans, l’institut a avant tout constitué des archives pour recueillir la documentation éditée et inédite, qui soit une source pour des études et des recherches sur la personnalité de Paul VI. Il a ensuite recueilli une bibliothèque spécialisée qui comprend la bibliothèque personnelle de Paul VI, de Giovanni Battista Montini-Paul VI, et les très nombreuses études publiées ces dernières années sur cette grande figure et sur ses activités. Enfin, l’institut promeut des colloques internationaux et des journées d’étude que des thèmes spécifiques et invite des chercheurs parmi les plus qualifiés dans le monde ».

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ZENIT Staff

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