Mgr Paul Richard Gallagher @ Holy See Mission

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Droits humains : il faut des dirigeants politiques déterminés, affirme Mgr Gallagher

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Pas de considérations idéologiques pour les financements publics

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Pour faire progresser la liberté religieuse dans le monde, il est nécessaire, estime Mgr Gallagher, « que les autorités politiques s’engagent auprès des dirigeants religieux, des organisations confessionnelles et des organisations de la société civile, véritablement déterminées à promouvoir la liberté religieuse et la liberté de conscience ».
Mgr Paul Richard Gallagher a prononcé un discours le 2 octobre 2019 à l’ouverture des travaux du Symposium qui se tient au Vatican, dans l’ancienne Salle du Synode, sur le thème « Les chemins de la dignité humaine : Partenariat avec les organisations confessionnelles ». Un symposium qui a abordé la promotion du droit fondamental à la liberté religieuse, la lutte contre le fléau de la traite des personnes et l’aide humanitaire.
Le secrétaire du Vatican pour les Relations avec les États a aussi invité à « dénoncer les violations de la liberté religieuse » et à « développer un réseau international de leaders religieux et de personnes de bonne volonté pour construire la tolérance, la fraternité et un sain pluralisme ».
En ce qui concerne l’aide humanitaire, si le Saint-Siège « apprécie » la collaboration avec gouvernements et organisations internationales, il déplore cependant, a déclaré l’archevêque, que le financement public soit parfois « conditionné par des considérations idéologiques, qui ne sont pas toujours compatibles avec des principes et convictions religieuses ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Gallagher.
HG
Discours de Mgr Paul Richard Gallagher
« Les chemins de la dignité humaine : Partenariat avec les organisations confessionnelles » :
Monsieur le Secrétaire d’État, Honorable Mike Pompeo,
Excellences, Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de souhaiter la bienvenue à chacun d’entre vous à ce colloque coparrainé par la Section pour les Relations avec les États de la Secrétairerie d’État et l’Ambassade des États-Unis d’Amérique auprès du Saint-Siège, dans le cadre d’un certain nombre de manifestations importantes organisées pour célébrer le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre le Saint Siège et les États-Unis d’Amérique.
Comme l’a souligné le Pape François à l’occasion de sa visite apostolique aux États-Unis en septembre 2015, l’objectif de notre collaboration est de construire une société réellement tolérante et inclusive et de sauvegarder la dignité et les droits inaliénables de chaque personne humaine.
Le colloque d’aujourd’hui sera axé sur trois questions importantes liées à notre engagement commun en faveur de la promotion de la dignité humaine, notamment la promotion du droit fondamental à la liberté religieuse, la lutte contre le fléau de la traite des personnes et l’aide humanitaire.
1. Promouvoir la liberté religieuse : Comme l’a déclaré le pape François à Rabat, « la liberté de conscience et la liberté religieuse sont indissociablement liées à la dignité humaine ». La liberté religieuse est à la fois un principe fondamental qui découle de la nature humaine et une réalité existentielle dans la vie de chaque personne. Malheureusement, en tant que principe comme à travers l’expérience vécue par un trop grand nombre de personnes, elle est menacée. « Dans le monde d’aujourd’hui, a observé avec une certaine tristesse le pape François, la liberté religieuse est plus souvent affirmée que mise en pratique » (1).
À Abou Dhabi, le 4 février dernier, le pape François et le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed El-Tayyeb, ont fait une déclaration commune sur la « fraternité humaine ». Dans cette déclaration, parmi bien d’autres points intéressants, ils « déclarent résolument que les religions ne doivent jamais inciter à la guerre, à la haine, à l’hostilité et à l’extrémisme, ni à la violence ou à l’effusion de sang. Ces réalités tragiques sont la conséquence d’une déviation des enseignements religieux ».
La déclaration commune a également mis un accent particulier sur la nécessité indispensable de développer et de respecter le principe d’une citoyenneté égale pour tous. Personne ne devrait se sentir ni être traité comme un citoyen de deuxième classe en raison de son appartenance religieuse.
Pour faire progresser la liberté religieuse, il serait utile que les autorités politiques s’engagent auprès des dirigeants religieux, des organisations confessionnelles et des organisations de la société civile, véritablement déterminées à promouvoir la liberté religieuse et la liberté de conscience. Sans manquer de dénoncer les violations de la liberté religieuse, il serait également utile de développer un réseau international de leaders religieux et de personnes de bonne volonté pour construire la tolérance, la fraternité et un sain pluralisme. Les religions ont le droit et le devoir de dire clairement qu’il est possible de construire une société où « un pluralisme sain, respectueux des différences et qui les valorise en tant que telles » est un « allié précieux dans l’engagement à défendre la dignité humaine… et un chemin vers la paix dans notre monde » (2).
Il est de plus en plus évident que la liberté religieuse (et la religion elle-même) profite aux peuples dans de nombreux domaines de la vie. À la lumière de ce qui précède, le pape François l’a noté : « Lorsque les individus et les communautés se voient garantir l’exercice effectif de leurs droits, non seulement ils sont libres de réaliser leur potentiel, mais ils sont également libres, par leurs talents et leur dur labeur, de contribuer au bien-être et à l’enrichissement de la société dans son ensemble. » (3) En effet, je suis d’avis que l’accent principal en matière de liberté religieuse ne devrait pas être politique ou idéologique : le souci principal devrait être de protéger efficacement les droits de l’homme et les libertés fondamentales et de promouvoir une coexistence pacifique et des sociétés inclusives dans lesquelles les gens peuvent exprimer librement leurs convictions sans crainte d’être censurés par le discours commun et où les minorités sont pleinement respectées.
2. Lutter contre la traite des personnes : La traite des personnes est l’une des réalités les plus sombres et les plus répréhensibles dans le monde d’aujourd’hui. Lorsque le pape François s’est rendu aux Nations Unies en septembre 2015, il a déclaré que des fléaux tels que « la traite des êtres humains, la commercialisation des organes et tissus humains, l’exploitation sexuelle des garçons et des filles, le travail forcé, y compris la prostitution » et d’autres maux ne peuvent être traités par les seuls « engagements solennels ». Nous devons veiller à ce que nos efforts soient « vraiment efficaces dans la lutte contre tous ces fléaux ».
Les personnes qui n’ont « rien à perdre » sont très vulnérables à la rapacité des trafiquants, qui savent repérer et exploiter les situations de désespoir. Les trafiquants d’êtres humains n’ont aucun scrupule à exploiter les personnes très vulnérables qui peuvent fuir la persécution, les conflits, les catastrophes environnementales et les privations économiques. Les conflits armés et la crise des migrants et des réfugiés ont exacerbé le nombre de personnes vulnérables qui deviennent la proie des trafiquants.
Le Saint-Siège et l’Église catholique sont profondément engagés dans la libération, la réhabilitation et la réintégration des victimes de la traite. Pour ne citer qu’un exemple, les religieuses catholiques du monde entier travaillent sans relâche pour restaurer la dignité des victimes de la traite, et beaucoup d’entre elles se sont réunies au sein du Réseau Talitha Kum, qui est également représenté à ce Symposium. Nous avons besoin de personnes courageuses comme celles-ci pour changer la vie des personnes vulnérables ; nous avons besoin de personnes dévouées pour sensibiliser les gens au mauvais modus operandi des trafiquants ; nous avons besoin de dirigeants courageux pour prendre les décisions appropriées pour combattre et vaincre progressivement cet horrible crime contre l’humanité.
3. Fournir une assistance humanitaire : le Saint-Siège et l’Église catholique, par l’intermédiaire de son réseau d’organisations caritatives, fournissent une assistance humanitaire qui bénéficie directement à des millions de personnes dans le monde, en particulier dans les zones de conflits armés ou d’autres crises politiques, sociales ou économiques. Dans la distribution de l’aide, les agences et organismes catholiques ne font aucune distinction quant à l’identité religieuse ou ethnique de ceux qui ont besoin d’aide, et cherchent toujours à donner la priorité aux plus vulnérables et à ceux qui en ont le plus besoin.
Les organismes catholiques reçoivent leurs fonds des appels lancés par les conférences épiscopales nationales, des dons privés de fidèles catholiques et, parfois, par le biais de partenariats avec des gouvernements et des organisations internationales. Le Saint-Siège apprécie cette collaboration. Toutefois, dans certains cas, le financement public est conditionné par des considérations idéologiques, qui ne sont pas toujours compatibles avec des principes et convictions religieuses. Il serait invasif de la part d’un donateur d’imposer sa culture, ses valeurs, son idéologie et ses politiques, érodant les traditions, l’histoire, les valeurs religieuses et morales des personnes qu’il entend aider.
Je tiens également à souligner que, tout en répondant aux urgences humanitaires, le Saint-Siège estime qu’il est urgent de s’attaquer aux causes profondes de ces crises, telles que des guerres effroyables, des persécutions, des violations des droits humains, une instabilité politique ou sociale, une pauvreté extrême, les conséquences du changement climatique etc. À cet égard, il est important de rappeler l’appel du Pape François, dans Laudato sì, pour une « écologie intégrale » qui souligne le lien entre protection de l’environnement, lutte contre la pauvreté, justice sociale, économie et politique.
Toutes ces questions seront discutées avec nos invités et panélistes : Je souhaite encore une fois la bienvenue à chacun d’entre vous et vous remercie chaleureusement de votre présence à ce symposium.
Permettez-moi de remercier tout particulièrement le Secrétaire Pompeo d’être venu au Vatican pour cet événement. C’est un signe clair de l’importance qu’il attache aux relations entre le Saint-Siège et les États-Unis d’Amérique, ainsi qu’à l’attention particulière accordée par le Gouvernement américain à la liberté religieuse et au partenariat avec les organisations confessionnelles. Je vous remercie beaucoup. Je tiens également à féliciter Son Excellence Madame l’Ambassadrice Callista Gingrich et le personnel de l’Ambassade des États-Unis auprès du Saint-Siège pour l’initiative et l’organisation logistique de cette manifestation, en collaboration avec la Section pour les Relations avec les Etats, le Bureau du Protocole et le Gouvernorat de la Cité du Vatican, qui a aimablement offert et préparé cet ancienne Salle du Synode pour ce symposium. Je vous remercie tous.
Au nom du pape François, du cardinal secrétaire d’État et en mon nom propre, j’ai le plaisir d’ouvrir officiellement le Symposium.
Je vous remercie !
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
 
(1) http://w2.vatican.va/content/francesco/en/speeches/2014/june/documents/papa-francesco_20140620_liberta-religiosa.html
(2) Cf. Pape François, Evangelii Gaudium, nn. 255 et 257.
(3) http://w2.vatican.va/content/francesco/en/speeches/2015/september/documents/papa-francesco_20150926_usa-liberta-religiosa.html

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Hélène Ginabat

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