Visite à la Caritas de Rabat (Maroc) © Vatican Media

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Caritas Maroc: témoignage de Abena Banyomo Jackson (Cameroun)

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« J’ai commencé à travailler auprès de mes frères migrants »

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« J’ai commencé à travailler auprès de mes frères migrants, avec mon expérience mais
surtout avec mon cœur », explique Abena Banyomo Jackson (Cameroun), devant le pape François à l’occasion de la visite de celui-ci ce samedi 30 mars 2019, à Rabat, au siège de la Caritas diocésaine
Rencontre avec les migrants, au terme de sa première journée « marathon ».
C’est d’ailleurs ce que le pape a suggéré dans son allocution: que les amis des migrants soient des migrants eux-mêmes.
AB
Témoignage de Abena Banyomo Jackson (Cameroun)
Très Saint-Père,
Je m’appelle Abena Banyomo Jackson, originaire d’un petit village du Cameroun. En 2013,
désespéré des conditions de vie de ma famille, j’ai décidé de quitter mon pays et d’aller en Europe, afin
de trouver une meilleure situation qui me permettrait d’aider ma famille. Je suis parti à l’aventure et,
après avoir traversé le Nigéria, le Niger et l’Algérie, je suis arrivé clandestinement au Maroc. Mon
périple, mes tentatives pour rejoindre l’Espagne par la mer ou par la terre, la vie clandestine dans la forêt de Gourougou puis dans les ghettos de migrants, m’ont conduit, à rencontrer un homme qui a fait bifurquer ma trajectoire : un curé. Il m’a accueilli dans sa maison, l’Eglise, et m’a donné un souffle
nouveau.
A ses côtés, j’ai commencé à travailler auprès de mes frères migrants, avec mon expérience mais
surtout avec mon cœur. Pourquoi ne pas revisiter mon rêve et questionner le sens de mon aventure ?
M’installer au Maroc, oui…mais il me fallait obtenir des papiers pour être en situation régulière. Cela a
pris du temps mais j’ai finalement obtenu ma carte de séjour en 2016 lors de la campagne de
régularisation initiée par Sa Majesté le Roi. Quelques temps après, j’ai été engagé par Caritas pour aider les migrants à vivre dignement et œuvrer chaque jour pour l’universalité des droits humains. Je vois dans la Caritas la possibilité d’aider ma famille mais surtout de contribuer à construire un monde meilleur. Ces rencontres et les chemins qu’elles m’ont ouverts ont changé ma vie, mon rêve.
Très Saint-Père, je tenais aujourd’hui à vous dire merci du fond du cœur. L’Église m’a accueilli et
s’est occupée de moi comme une mère, dans la Paix et avec Amour. Le Maroc, comme un père, m’a
donné la valeur d’un homme libre. Aujourd’hui, je rends hommage aux personnes qui m’ont permis
d’arriver là où je suis et je souhaite de tout cœur que mon témoignage puisse aussi sensibiliser mes
frères : il n’y a pas de pays de rêve, il y a simplement différents chemins. L’important est de garder
l’espoir et la foi !
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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