Rencontre avec la communauté catholique à Rakovsky, Bulgarie © Vatican Media

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Bulgarie : la clef de l'Eglise reste toujours sur la porte, affirme le pape

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Rencontre avec la communauté catholique à Rakovski (Texte intégral)

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L’Eglise ne ferme jamais sa porte « de l’intérieur ». Si la porte est fermée, »la clef est toujours à l’extérieur, tu peux ouvrir… approche-toi, regarde bien, et tu trouveras la clef à l’extérieur. Ouvre et entre », a assuré le pape François en rencontrant la communauté catholique bulgare dans l’église Saint-Michel-Archange à Rakovski, ce 6 mai 2019.
Au deuxième jour de son voyage apostolique, le pape s’est rendu dans cette ville à majorité catholique, où il a célébré la première communion de 245 enfants, puis a rencontré les fidèles, dans l’après-midi. Dans son long discours largement improvisé – et traduit au fur et à mesure en bulgare – il a mis en garde contre le pessimisme : « Les pessimistes ne font jamais rien de bien. Les pessimistes gâchent tout. Quand je pense au pessimiste, il me vient à l’esprit l’image d’un beau gâteau. Que fait le pessimiste ? Il verse du vinaigre sur le gâteau, il gâche tout. Les pessimistes ruinent tout ; au contraire, l’amour ouvre toujours les portes. »
Le pape a aussi invité à lutter contre « la culture du qualificatif », c’est-à-dire « à ne pas passer sa vie en collant des étiquettes, en cataloguant celui qui est digne d’amour et celui qui ne l’est pas, mais à chercher à créer des conditions pour que chaque personne puisse se sentir aimée, surtout celles qui se sentent oubliées par Dieu, parce qu’elles sont oubliées par leurs frères ». « Celui qui aime ne perd pas de temps à s’apitoyer sur lui-même, mais il voit toujours quelque chose de concret à pouvoir faire », a-t-il affirmé.
Et d’exhorter aussi : « Ne vous éloignez jamais de l’Eglise. Si tu t’en éloignes, tu perdras la mémoire de la maternité de l’Eglise, tu commenceras à penser du mal de ta mère l’Eglise, et plus tu t’éloigneras, plus cette image de mère deviendra une image de mauvaise marraine. La mauvaise marraine est dans ton cœur ; l’Eglise, elle, est mère. »
Le pape François a conclu en encourageant : « Il vous a été donné d’écrire ce qui est à venir. Ces pages n’ont pas été écrites, c’est à vous de les écrire, l’avenir est dans vos mains. C’est vous qui devez écrire le livre de l’avenir. »
AK
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Bon après-midi ! Je vous remercie pour l’accueil chaleureux, pour les danses et les témoignages. C’est toujours un motif de joie de pouvoir rencontrer le saint Peuple de Dieu avec ses mille visages et charismes.
Mgr Iovcev m’a demandé de vous aider à “voir avec les yeux de la foi et de l’amour”. Avant tout, je voudrais vous remercier parce que vous m’avez aidé à mieux voir et à comprendre un peu plus le motif pour lequel cette terre a été tant aimée et aussi importante pour saint Jean XXIII, où le Seigneur était en train de préparer ce qui serait un pas important dans notre cheminement ecclésial. Parmi vous a germé une amitié forte envers les frères orthodoxes qui le poussa sur une route capable d’engendrer la fraternité tant attendue et fragile entre les personnes et les communautés. Voir avec les yeux de la foi. Je désire rappeler les paroles du “bon Pape” qui a su accorder son cœur au Seigneur, de manière à pouvoir dire qu’il n’était pas d’accord avec ceux qui, autour de lui, voyaient seulement le mal et à les nommer prophètes de malheur. D’après lui, il fallait avoir confiance dans la Providence qui nous accompagne continuellement et qui, au milieu des adversités, est capable de réaliser des projets supérieurs et inattendus (Discours d’ouverture du Concile Vatican II, 11 octobre 1962).
Les hommes de Dieu sont ceux qui ont appris à voir, à avoir confiance, à découvrir et à se laisser guider par la force de la résurrection. Ils reconnaissent évidemment qu’il existe des situations ou des moments douloureux et particulièrement injustes, mais ils ne restent pas les bras croisés, effrayés ou, pire encore, en alimentant un climat d’incrédulité, de malaise ou de nuisance, parce que cela ne fait que blesser l’âme, en affaiblissant l’espérance et en empêchant toutes les solutions possibles. Les hommes et les femmes de Dieu sont ceux qui ont le courage de faire le premier pas – c’est important, faire le premier pas – et qui cherchent avec créativité à être aux avant-postes en témoignant que l’Amour n’est pas mort, mais a vaincu tout obstacle. Ils se risquent parce qu’ils ont appris que Dieu Lui-même, en Jésus, s’est risqué. Il a mis en jeu sa propre chair, afin que personne ne puisse se sentir seul ou abandonné. C’est la beauté de notre foi : Dieu qui se risque en se faisant l’un de nous.
En ce sens, je voudrais partager avec vous une expérience faite il y a quelques heures. Ce matin, j’ai eu la joie de rencontrer, dans le camp de réfugiés de Vrazhedebna, des réfugiés provenant de divers pays du monde pour trouver un cadre de vie meilleur que celui qu’ils ont abandonné, et j’ai aussi rencontré des volontaires de la Caritas. Quand je qui entré, j’ai vu les volontaires de la Caritas, j’ai demandé qui ils étaient, je pensais qu’ils étaient peut-être les pompiers, en rouge. Et là-bas, ils m’ont dit que le cœur du Centre naît de la conscience que toute personne est enfant de Dieu, indépendamment de l’ethnie ou de la confession religieuse. Pour aimer quelqu’un, il n’y a pas besoin de lui demander son curriculum vitae ; l’amour précède, il anticipe. Pourquoi ? Parce que l’amour est gratuit. Dans ce centre de la Caritas, il y a beaucoup de chrétiens qui ont appris à voir avec les yeux mêmes du Seigneur qui ne s’arrête pas sur les qualificatifs, mais qui cherche et attend chacun, avec des yeux de Père. Il faut faire attention : nous sommes tombés dans la culture du qualificatif. Cette personne est comme-ci, celle-là est comme ça… Dieu ne veut pas cela. C’est une personne, elle est l’image de Dieu. Pas de qualificatifs. Laissons Dieu donner les qualificatifs ; nous, donnons l’amour à toute personne. Cela vaut aussi pour le commérage. La médisance nous vient si facilement : celui-là est comme-ci, il faut cela, et nous donnons toujours des qualificatifs aux gens. Je ne parle pas de vous car je sais qu’ici il n’y a pas de médisance [rires]. Mais pensons aux lieux où il y en a.
C’est donner des qualificatifs aux gens. Nous devons passer de la culture du qualificatif à la réalité du substantif. Voir avec les yeux de la foi est une invitation à ne pas passer sa vie en collant des étiquettes, en cataloguant celui qui est digne d’amour et celui qui ne l’est pas, mais à chercher à créer des conditions pour que chaque personne puisse se sentir aimée, surtout celles qui se sentent oubliées par Dieu, parce qu’elles sont oubliées par leurs frères. Celui qui aime ne perd pas de temps à s’apitoyer sur lui-même, mais il voit toujours quelque chose de concret à pouvoir faire. Dans ce Centre, vous avez appris à voir les problèmes, à les reconnaître, à les affronter ; vous vous laissez interpeller et vous cherchez à discerner avec les yeux du Seigneur. Comme a dit le Pape Jean : « Je n’ai jamais connu un pessimiste qui ait réalisé quelque chose de bien ». Les pessimistes ne font jamais rien de bien. Les pessimistes gâchent tout. Quand je pense au pessimiste, il me vient à l’esprit l’image d’un beau gâteau. Que fait le pessimiste ? Il verse du vinaigre sur le gâteau, il gâche tout. Les pessimistes ruinent tout ; au contraire, l’amour ouvre toujours les portes. Le Pape Jean avait raison : « Je n’ai jamais connu un pessimiste qui ait réalisé quelque chose de bien ». Le Seigneur est le premier à ne pas être pessimiste et, continuellement, il cherche à ouvrir pour nous tous des chemins de Résurrection. Le Seigneur est un optimiste incurable, il cherche toujours à penser du bien de nous, à nous faire avancer, à miser sur nous. Que c’est beau quand nos communautés sont des chantiers d’espérance ! L’optimiste est un homme ou une femme qui créé de l’espérance dans la communauté.
Mais pour acquérir le regard de Dieu, nous avons besoin des autres, nous avons besoin qu’ils nous apprennent à regarder et à entendre comment Jésus regarde et entend ; que notre cœur puisse palpiter de ses propres sentiments. Pour cela, j’ai apprécié quand Mitko et Miroslava, avec leur petit ange Bilyana, nous ont dit que la paroisse a toujours été pour eux leur seconde maison, le lieu où ils trouvent toujours, dans la prière communautaire et dans le soutien des personnes chères, la force pour aller de l’avant. Une paroisse optimiste, qui aide à avancer.
Ainsi, la paroisse se transforme en un foyer au milieu de tous les foyers et est capable de rendre présent le Seigneur là justement où chaque famille, chaque personne cherche quotidiennement à gagner sa vie. Là, au croisement des routes, il y a le Seigneur qui n’a pas voulu nous sauver par un décret, mais qui est entré et veut entrer au plus intime de nos familles et nous dire comme à ses disciples : “La paix soit avec vous !”. Ce salut du Seigneur est beau. “La paix soit avec vous !” Là où il y a la tempête, l’obscurité, le doute, l’angoisse, le Seigneur dit “La paix soit avec vous !”. Et il ne fait pas que le dire, il fait la paix.
Je suis content de savoir que vous trouvez bonne cette “maxime” qu’il me plaît de partager avec les époux : “Ne jamais aller se coucher en colère, pas même une nuit” (et, à ce que je vois, avec vous ça marche). Une maxime qui peut aussi servir pour nous tous chrétiens. J’aime dire aux couples de ne pas se disputer, mais que s’ils se disputent, il n’y a pas de problème, parce qu’il est normal de se mettre en colère. C’est normal, et parfois de se disputer un peu fort : parfois les assiettes volent. Mais il n’y a pas de problème de se disputer, à condition que l’on fasse la paix avant que la journée ne se termine. Ne jamais terminer la journée en guerre. A vous tous, époux : ne finissez jamais la journée en guerre. Savez-vous pourquoi ? Parce que la « guerre froide » du lendemain est très dangereuse. Et père, comment puis-je faire la paix ? Où apprendre le discours pour faire la paix ? Faites cela, un geste, et on fait la paix. Seulement un geste d’amour. Vous avez compris ? C’est vrai que, comme vous l’avez aussi raconté, on passe à travers diverses épreuves ; pour cela, il est nécessaire d’être attentifs parce que la colère, la rancœur ou l’amertume ne doivent jamais prendre possession du cœur. Et en cela, nous devons nous aider, prendre soin les uns des autres afin que la flamme que l’Esprit a allumée dans notre cœur ne s’éteigne pas.
Vous reconnaissez, et vous en êtes reconnaissants, que vos prêtres et vos sœurs prennent soin de vous – ils sont courageux, applaudissons-les. Mais quand je vous écoutais, j’ai été touché par ce prêtre qui partageait non pas combien il avait été bon durant ces années de ministère, mais qui a plutôt parlé des personnes que Dieu a mises à ses côtés pour l’aider à devenir un bon ministre de Dieu. Ces personnes, c’est vous.
Le Peuple de Dieu remercie son pasteur et le pasteur reconnaît qu’il apprend à être croyant avec l’aide de son peuple, de sa famille et au milieu d’eux. Quand un prêtre, une personne consacrée, un évêque, s’éloigne du Peuple de Dieu, son cœur se refroidit et il perd cette capacité de croire comme le Peuple de Dieu. J’aime cette affirmation : le Peuple de Dieu aide les consacrés, qu’ils soient prêtres, évêques ou religieuses, à être croyants. Le Peuple de Dieu est une communauté vivante qui soutient, accompagne, intègre et enrichit. Jamais séparés, mais unis, chacun apprend à être signe et bénédiction de Dieu pour les autres. Le prêtre, sans son peuple, perd son identité et le peuple, sans ses pasteurs, peut se diviser. L’unité du pasteur qui soutient et lutte pour son peuple et le peuple qui soutient et lutte pour son pasteur. Cela est grand. Chacun consacre sa vie aux autres. Personne ne peut vivre seulement pour soi, nous vivons pour les autres. Saçint Paul le disait dans une de ses lettres : personne ne vit pour soi. Père, je connais quelqu’un qu vit pour lui. Cette personne est-elle heureuse ? Est-elle capable de donner vie aux autres ? Est-elle capable de leur sourire ? Ce sont des personnes égoïstes. C’est le peuple sacerdotal qui, avec le prêtre, est en mesure de dire : « Ceci est mon corps livré pour vous ». Ainsi, nous apprenons à être une Église-famille-communauté qui accueille, écoute, accompagne, se préoccupe des autres en révélant son vrai visage qui est un visage de mère. L’Eglise est mère. Église-mère qui vit et fait siens les problèmes de ses enfants, non pas en offrant des réponses toutes faites. Les mères, quand elles doivent répondre à la réalité de leurs enfants, disent ce qui leur vient aux lèvres ce moment-là.
Les mères n’ont pas de réponse toute faite, elles répondent avec le cœur, avec un cœur de mère. Ainsi l’Eglise est mère. Cette Eglise faite de nous tous, prêtres, peuple, évêques, consacrés, qui cherchent ensemble des chemins de vie, de réconciliation ; en cherchant à rendre présent le Règne de Dieu. Église-famille-communauté qui prend en main les nœuds de la vie qui, très souvent, sont de grosses pelotes, et avant de les dénouer, les fait siens, les reçoit dans ses mains et les aime. C’est ainsi que font les mères, quand elles voient un enfant qui leur ont donné beaucoup de difficultés, elles ne condamnent pas, elles prennent ces difficultés entre leurs mains et les font leurs. C’est ainsi qu’est notre mère l’Eglise, c’est ainsi que nous devons la regarder. C’est la mère qui nous prend comme nous sommes, avec nos difficultés, avec nos péchés. Elle est mère, elle sait toujours arranger les choses. Il ne vous semble pas beau d’avoir une telle mère ? Ne vous en éloignez jamais. Ne vous éloignez jamais de l’Eglise. Si tu t’en éloignes, tu perdras la mémoire de la maternité de l’Eglise, tu commenceras à penser du mal de ta mère l’Eglise, et plus tu t’éloigneras, plus cette image de mère deviendra une image de mauvaise marraine. La mauvaise marraine est dans ton cœur ; l’Eglise, elle, est mère.
Une famille parmi les familles – c’est l’Eglise -, ouverte pour témoigner, comme nous disait la sœur, au monde d’aujourd’hui de la foi, de l’espérance et de l’amour envers le Seigneur et envers ceux qu’Il aime avec prédilection. Une maison avec les portes ouvertes. L’Eglise est une maison aux portes ouvertes, parce qu’elle est mère. J’ai été si touché par ce qu’avait écrit écrit un grand prêtre. Il était poète et il aimait tant la Vierge. C’était aussi un pécheur, il savait qu’il était pécheur. Il se mettait devant la Vierge Marie, il pleurait devant elle. Une fois, il écrivit un poème, demandant pardon à la Vierge, et prenant la résolution de ne plus jamais s’éloigner de l’Eglise. Il écrit ainsi : « Ce soir, Madame, la promesse est sincère. Mais, au cas où, n’oubliez pas de laisser la clef dehors. » Marie et l’Eglise ne ferment jamais de l’intérieur. Si elles ferment la porte, la clef est toujours à l’extérieur, tu peux ouvrir. C’est notre espérance, l’espérance de réconciliation. Père, vous nous dites que l’Eglise et la Vierge sont une maison aux portes ouvertes… mais si vous saviez les mauvaises choses que j’ai faites dans la vie. Pour moi, les portes de l’Eglise, et de la Vierge, sont fermées. Tu as raison, elles sont fermées, mais approche-toi, regarde bien, et tu trouveras la clef à l’extérieur. Ouvre et entre. Tu ne dois pas sonner, ouvre et les clef est là. Cela sert pour toute la vie.
En ce sens, j’ai un “petit travail” pour vous. Vous êtes des enfants dans la foi des grands témoins qui furent capables de témoigner, par leur vie, de l’amour du Seigneur sur cette terre. Les frères Cyrille et Méthode, hommes saints et avec de grands rêves, se convainquirent que la manière la plus authentique pour parler avec Dieu était de le faire dans sa propre langue. Ceci leur donna l’audace de se décider à traduire la Bible pour que personne ne restât privé de la Parole qui donne la vie.
Être une maison aux portes ouvertes, sur les pas de Cyrille et Méthode, requiert aujourd’hui aussi de savoir être audacieux et créatifs pour se demander comment il est possible de traduire de manière concrète et compréhensible aux jeunes générations l’amour que Dieu a pour nous. Nous devons être audacieux, courageux. Nous savons et nous expérimentons que « les jeunes, dans les structures habituelles, ne trouvent souvent pas de réponses à leurs préoccupations, à leurs besoins, à leurs problèmes et à leurs blessures » (Exhort. Ap. Christus vivit, n. 202). Et ceci nous demande un nouvel effort d’imagination dans nos actions pastorales pour chercher la manière d’atteindre leur cœur, de connaître leurs attentes et d’encourager leurs rêves, en tant que communauté-famille qui soutient, accompagne et invite à regarder l’avenir avec espérance. Une des grandes tentations que les nouvelles générations affrontent réside dans le manque de racines qui les soutiennent, et cela les conduit au déracinement et à une grande solitude. Nos jeunes, au moment où ils se sentent appelés à exprimer tout le potentiel dont ils disposent, restent maintes fois à mi-chemin à cause des frustrations ou des déceptions qu’ils expérimentent parce qu’ils n’ont pas de racines sur lesquelles prendre appui pour regarder de l’avant (cf. ibid., nn. 179-186). Et cela s’accroît quand ils se voient obligés d’abandonner leur terre, leur patrie, leur famille.
Je voudrais souligner ce que j’ai dit de nombreuses fois sur les jeunes qui perdent si souvent leurs racines. Aujourd’hui, dans le monde, il y a deux groupes de personnes qui souffrent énormément : les jeunes et les personnes âgées. Nous devons les faire se rencontrer. Les personnes âgées sont les racines de notre société. Nous ne pouvons pas les renvoyer de nos communautés. Ils sont la mémoire vivante de notre foi. Les jeunes ont besoin de racines, de mémoire. Faisons-les communiquer, sans peur. Il y a une belle prophétie du prophète Joël : les vieux rêveront et les jeunes prophétiseront. Quand les jeunes rencontrent les anciens, ces derniers commencent à revivre, ils recommencent à rêver ; les jeunes prennent courage auprès des vieux, ils avancent et commencent à faire ce qui est si important dans leur vie, c’est-à-dire fréquenter l’avenir. Nous avons besoin que les jeunes fréquentent l’avenir. Mais cela peut se faire seulement s’ils ont les racines des plus vieux. Quand je venais ici, il y avait tant de personnes âgées sur les routes, vieux et vieilles, ils saluaient. Ils ont un trésor en eux. Et il y avait tant de jeunes. Eux aussi saluaient mais ils ne se voyaient pas. Il faut qu’ils se rencontrent. Que les anciens donnent aux jeunes cette capacité de prophétiser, c’est-à-dire de fréquenter l’avenir. Ce sont les défis actuels, n’ayons pas peur.
N’ayons pas peur d’accepter de nouveaux défis, à condition que nous nous efforcions par tous les moyens de faire en sorte que notre peuple ne soit pas privé de la lumière et de la consolation qui naissent de l’amitié avec Jésus, d’une communauté de foi, d’une paroisse qui le soutient et d’un horizon toujours stimulant et rénovateur qui lui donne sens et vie (cf. Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n. 49). N’oublions pas que les pages les plus belles de la vie de l’Église ont été écrites quand le peuple de Dieu, avec créativité, se mettait en route pour chercher à traduire l’amour de Dieu en chaque moment de l’histoire, avec les défis qu’il rencontrait progressivement. C’est beau de savoir que vous pouvez compter sur une grande histoire vécue, mais c’est encore plus beau de prendre conscience qu’il vous a été donné d’écrire ce qui est à venir. Ces pages n’ont pas été écrites, c’est à vous de les écrire, l’avenir est dans vos mains. C’est vous qui devez écrire le livre de l’avenir. Ne vous lassez pas d’être une Église qui continue d’engendrer, au milieu des contradictions, des douleurs et de la pauvreté, les enfants dont cette terre a besoin aujourd’hui au début du 21ème siècle, en ayant une oreille sur l’Évangile et l’autre sur le cœur de votre peuple. Merci. [applaudissements]. Je n’ai pas fini, je vais encore vous tourmenter un peu… Je vous remercie pour cette belle rencontre et, en pensant au Pape Jean, je voudrais que la bénédiction que je vous donne maintenant soit une caresse du Seigneur sur chacun de vous. Il avait donné cette bénédiction, avec le souhait qu’elle soit une caresse.
© Librairie éditrice du Vatican et Zenit pour les passages improvisés.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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