Voeux au Corps diplomatique 7 janvier 2019 © Vatican Media

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"Aimer les jeunes et les aider": discours de M. Poulides (texte complet)

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L’ambassadeur de Chypre est le doyen du Corps diplomatique

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« Merci pour votre ministère en faveur de l’humanité », a déclaré M. George Poulides, ambassadeur de Chypre près le Saint-Siège et doyen du Corps diplomatique, à l’occasion de la présentation des vœux des Nations aux pape François ce lundi 7 janvier 2019, en la salle Regia du palais apostolique du Vatican. En bon francophone, M. Poulides s’est adressé au pape François en français, une langue que celui-ci lit, comprend, et parle parfois.
Surtout, l’ambassadeur à invité à « aimer les jeunes » et à les aider « à prendre soin, à leur tour, de la maison commune ».
Et en évoquant les défis passés – le synode pour les jeunes – et ceux de l’année à venir, il a cité saint Jean Chrysostome : « Sainteté, l’année qui vient de se conclure passe un témoin dense en défis, mais riche d’espérances. En prévision de votre imminent voyage au Panama pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, je vous salue par les paroles d’un éminent Père de l’Église Orientale, saint Jean Chrysostome : « L’âme du jeune est la statue la plus précieuse de toutes » (Contre les détracteurs de la vie monastique III, 7). Aimons les jeunes et aidons-les à prendre soin, à leur tour, de la maison commune, la Terre, en y construisant un avenir où la dignité de la femme et de l’homme puisse retrouver sa centralité. »
Voici le texte du discours de l’ambassadeur de Chypre.
AB
Discours de M. George Poulides
Très Saint-Père,
Je me sens profondément honoré et particulièrement rempli d’émotion de vous présenter pour la première fois, en tant que Doyen du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, nos meilleurs vœux de bonne santé et d’une fructueuse poursuite de votre mission apostolique.
En cette occasion, je voudrais jeter un rapide coup d’œil sur l’année écoulée. En cette année 2018 où ont été célébrés le centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale et les 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, vous avez accompli votre infatigable engagement pour la défense de la dignité humaine, en identifiant dans ce principe le fondement, la ‘‘pierre angulaire’’ (Mc 12, 10) sur laquelle il faut construire un monde authentiquement juste, libre et pacifique.
Malgré les grands progrès accomplis ces dernières soixante-dix années dans le domaine des droits humains, beaucoup reste encore à faire. Ainsi, aujourd’hui encore, les inégalités et les injustices affectent des millions de personnes. La pauvreté, la faim, les conflits armés, l’existence de nouvelles formes d’esclavage, la limitation des libertés religieuses, la détérioration de l’environnement, la menace nucléaire sont des défis dramatiques qui doivent être constamment répertoriés.
Sainteté, vous invitez les gouvernements, et nous tous, à intervenir par des politiques concrètes dans la résolution de ces problèmes en considérant l’homme dans sa totalité, en promouvant son bien individuel et collectif, ce que l’Église appelle le ‘‘développement humain intégral’’. Ce ne sont pas des problèmes séparés, mais une unique grande question, qui est à la fois spirituelle, sociale et environnementale.
Saint-Père, à plusieurs reprises, vous avez mis l’accent sur l’écoute et sur l’accueil comme antidote contre la ‘‘culture de la marginalisation’’ moderne, contre cette ‘‘globalisation de l’indifférence’’ qui s’avère aujourd’hui si exacerbée par le matérialisme. On marginalise la personne âgée, le faible, le malade, le pauvre, l’étranger comme s’il s’agissait de ‘‘déchets’’ que la société doit jeter. Vous suggérez d’embrasser la société d’un regard solidaire, en partant des plus pauvres et de ceux qui se trouvent à la périphérie.
Dans ce sens, la famille diplomatique reconnaît la grande contribution du Saint-Siège pour la promotion d’une action efficace dans le domaine des migrations globales, à travers une stratégie fondée sur quatre piliers que vous avez identifiés avec quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir, intégrer.
À l’occasion de votre voyage au Pérou et au Chili, vous avez mis l’accent sur la promotion d’une écologie intégrale, qui demande d’écouter et de respecter les personnes et les peuples, en reconnaissant en elle l’alternative d’un modèle de développement qui est cause de détérioration humaine, sociale et environnementale.
En outre, Saint-Père, dans votre inlassable œuvre de construction d’une culture de paix, à plusieurs reprises vous avez mis l’accent sur l’importance de la poursuite du chemin vers la réconciliation à travers le dialogue. Et cet engagement de votre part a trouvé une illustration dans le voyage à Genève, lors du 70ème anniversaire de la fondation du ‘‘Conseil Œcuménique des Églises’’, durant lequel vous avez invité les chrétiens à croire à la valeur de l’‘‘unité dans la diversité’’. De même, à l’occasion de votre voyage apostolique en Lettonie, en Estonie et en Lituanie, vous avez mis en exergue la possibilité de développer une féconde communion dans les différences. Dans un élan renouvelé d’espérance, en juillet dernier à Bari, Saint-Père, vous avez promu la rencontre œcuménique pour la paix au MoyenOrient, en accueillant autour d’une même table les représentants des différentes Églises chrétiennes du Moyen-Orient et en dénonçant ‘‘le silence complice’’ du monde face à la guerre. Cela a été une rencontre de grande valeur œcuménique : pour la première fois dans l’histoire les Primats des Églises catholique, orthodoxes et d’Orient, ont échangé ensemble fraternellement. Une réalité et un symbole de future unité !
D’autre part, vous avez établi des ponts de dialogue entre les religions, essentiels pour construire et défendre la paix, tout en maintenant intactes les différentes identités.
L’année qui vient de s’achever, enfin, a été également marquée par l’attention que vous avez portée, Saint-Père, à deux thèmes étroitement liés entre eux : la famille et les jeunes. Votre participation à la 9ème Rencontre mondiale des familles, tenue en août dernier en Irlande, a mis en lumière l’importance de la famille pour construire un tissu social solide et pour accueillir le don inestimable de la vie, sous toutes ses formes. Nous nous rappelons très bien, Saint-Père, comment à cette occasion vous avez souhaité que le monde entier agisse comme une unique famille, surtout envers les frères les plus faibles.
Décisif est le rôle que vous confiez, Sainteté, aux jeunes. Le Synode des Évêques du mois d’octobre dernier leur a été consacré. Plus d’une fois, dans vos discours, vous les avez invités à rêver d’un avenir d’espérance, qui mette à profit la sagesse ancestrale de leurs grands-parents. Jeunes et personnes âgées peuvent ensemble construire un avenir à la mesure de l’homme.
Sainteté, l’année qui vient de se conclure passe un témoin dense en défis, mais riche d’espérances. En prévision de votre imminent voyage au Panama pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, je vous salue par les paroles d’un éminent Père de l’Église Orientale, saint Jean Chrysostome : « L’âme du jeune est la statue la plus précieuse de toutes » (Contre les détracteurs de la vie monastique III, 7). Aimons les jeunes et aidons-les à prendre soin, à leur tour, de la maison commune, la Terre, en y construisant un avenir où la dignité de la femme et de l’homme puisse retrouver sa centralité.
En vous remerciant encore pour votre ministère en faveur de l’humanité, je vous prie, Saint-Père, d’accepter, au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, les vœux les plus fervents de bonne année et de bonne santé.
[Texte original : français]
 
 
 
 
 
 
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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