A la lumière de la miséricorde du Christ, l'héritage de Jean XXIII

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« Pape de la bonté ! », par son petit-neveu, Marco Roncalli

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Un petit neveu du pape Jean XXIII, historien, Marco Roncalli,  publie en français, chez Parole et Silence, une biographie du Bon pape Jean intitulée: « Le pape Jean, un saint ».

La postface est signée par l’ancien secrétaire du pape Roncalli, le cardinal Loris Capovilla.

Il y dit notamment ceci, que l’on retient puisque la miséricorde est en quelque sorte le mot d’ordre de ces deux canonisations du dimanche 27 avril, dimanche de la Miséricorde divine: « Fidèle aux dispositions ecclésiastiques, il les interprétait à la lumière de la miséricorde du Christ, héritage de son Église. Parler aux petits, s’approcher des malades et des vieillards, faire fête aux hôtes qu’il accueillait, rompre fraternellement le pain avec chacun, quel qu’il soit, constituaient les moments les plus beaux de son inclination, à la fois innée et venue de son éducation, de communiquer avec tous et de répandre la richesse de sa sensibilité sacerdotale si raffinée. »

Voici un extrait de cette postface.
A.B.

***

Pape de la bonté ! Des épisodes d’une grande variété tous symptomatiques, des déclarations stupéfiantes de représentants qualifiés de la culture et de la religion, nous persuadent que le passage de Jean XXIII sur la scène du monde a confirmé la valeur attrayante de la bonté évangélique, qui conserve d’ailleurs toujours « une place d’honneur dans le discours sur la Montagne : heureux les pauvres, les doux, les pacifiques, les miséricordieux, les assoiffés de justice, les purs de cœur, les affligés, les persécutés » (Journal de l’âme, 1950).

C’est pour cela que les entreprises apostoliques d’Angelo Giuseppe Roncalli, les plus marquantes et aussi les plus modestes et cachées, impressionnèrent l’opinion publique et continuent à étonner les croyants et les chercheurs.

Celui qui s’arrête près de sa dépouille dans la basilique vaticane et dans les lieux de son enfance à Sotto il Monte désire lire quelque chose qui l’oriente et l’aide à comprendre le secret d’une vocation si limpide et d’un service pastoral si développé, pour pouvoir cueillir le sens profond de la sympa- thie et la vénération suscitées par cet enfant de la campagne bergamasque.

Les observateurs attentifs des faits et les investigateurs de la pensée se trouvent face à un chrétien prêt à se laisser guider et transformer par l’Esprit, jusqu’à ne plus appartenir à lui-même, pour s’identifier avec ces indigents, ces hommes considérés comme peu de chose, que le Christ a choisis en premier et a envoyés dans le monde en messagers de libé- ration et de salut.

Le secret du succès de Roncalli tient dans la matrice tra-ditionnelle et, malgré tout, dynamique, de sa formation et de sa culture ecclésiastique, dans le paradoxe apparent qui se situe entre le conservatisme sévère et l’ouverture humaine et évangélique.

Par le don de la paix, il transmettait la consolation, convaincu que l’homme, s’il revenait ne serait-ce que quelques instants au climat de son adolescence généreuse et confiante, pourrait s’ouvrir au « don de Dieu » (Jn 4, 10), en rejetant derrière lui ses péchés d’hier, ses luttes et ses peurs.

Amoureux des archives et des bibliothèques – il fit des études historiques « la distraction la plus heureuse et la plus chère » de toute sa vie –, grand connaisseur des classiques grecs et latins, de l’archéologie et des beaux arts, fin mélomane, capable par conséquent de se confronter aux savants et aux érudits de son temps, il fut aussi un éducateur prudent et sage des élèves du Séminaire de Bergame, auxquels il transmit les trésors de la doctrine sacrée, en redonnant vie aux manuels de l’époque avec une sensibilité pastorale aiguë et une attention lucide aux exigences les plus profondes du peuple chrétien.

Prêtre du confessionnal, de l’art oratoire accessible aux esprits des gens les plus simples, des célébrations populaires, des associations catholiques ; prêtre des jeunes, étudiants et militaires, qui s’intéressait aux problèmes de la presse pério- dique et quotidienne, et même du tourisme scolastique, de l’activité missionnaire ; ministères qui, sans faire de bruit agissent sur les consciences, en déposant en elles des semences de germination future, au profit de la famille et de la société.

Fidèle aux dispositions ecclésiastiques, il les interprétait à la lumière de la miséricorde du Christ, héritage de son Église. Parler aux petits, s’approcher des malades et des vieillards, faire fête aux hôtes qu’il accueillait, rompre fraternellement le pain avec chacun, quel qu’il soit, constituaient les moments les plus beaux de son inclination, à la fois innée et venue de son éducation, de communiquer avec tous et de répandre la richesse de sa sensibilité sacerdotale si raffinée.

Le pape Jean, le « bon », ne suscite pas de nostalgie, ce qui reviendrait à regarder en arrière ; il nous incite plutôt à tenter l’aventure du témoignage et nous invite à rouvrir le Livre divin pour y découvrir l’inspiration à la fidélité et au renouvelle- ment, binôme qu’il a relié avec le fil conducteur du Concile Vatican II et de sa fidèle actualisation. Cet Angelo Giuseppe, ange du Seigneur, renouvelle maintenant son avertissement de veiller tandis que la nuit nous guette ; d’être attentifs, de ne pas céder aux modes qui sont dans l’air du temps ; et il le fait avec l’autorité des charismes qu’il a reçus, l’éloquence de l’exemple, la force de la bonté et de la sainteté.

Bienheureux pape Jean ! Il nous a donné l’exemple de parvenir à toucher les âmes avant même d’ouvrir les lèvres. Comme d’ailleurs il parlait à son Seigneur avec le texte admirable de l’Imitation de Jésus Christ : « O Jésus, splen- deur de la gloire éternelle, consolation du pèlerin, auprès de toi je reste sans voix et c’est mon silence qui te parle » (Livre III, 21, 4).

+ Loris F. Capovilla

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Loris Capovilla

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