Le patriarche Bartholomaios Ier, patriarche oecuménique de Constantinople, évoque sa prochaine rencontre avec son « frère François » en Terre Sainte (24-26 mai 2014), dans un entretien avec Maria Chiara Biagioni publié par l'agence Sir de la Conférence épiscopale italienne.« Les leader des Églises doivent entreprendre des pas décisifs pour réconcilier la chrétienté divisée et répondre aux besoins urgents de notre temps », estime-t-il.

Cinquante ans après la rencontre entre Paul VI et le patriarche Athenagoras, Bartholomaios Ier exprime sa joie que « le pape François ait accepté la proposition de se rencontrer en Terre Sainte pour commémorer cet événement historique ».

Il met en relief les fruits de l'événement du 5 janvier 1964 : « Le ‘dialogue de l’amour’ qu'ils ont commencé, a conduit au ‘dialogue de la vérité’ entre les deux ‘Églises soeurs’ ». La nouvelle rencontre sera donc un signe renouvelé « d'engagement commun ».

Entreprendre des pas décisifs

Le patriarche souligne l'urgence de cet « engagement commun », de « parler d'une unique voix comme Églises chrétiennes de l’Est et de l’Ouest, sur les problèmes qui affligent les vies des fidèles et de toutes les personnes dans le monde entier ».

Il cite à ce propos « la souffrance des personnes dans tous les coins de la planète aujourd'hui; l'utilisation de la religion par but politique; les difficultés des chrétiens du monde entier, en particulier là où l’Église est née et a grandi; les injustices infligées aux membres les plus faibles des sociétés contemporaines et la crise écologique alarmante qui menace l’intégrité et la survie même de la création de Dieu ».

« Aujourd'hui, insiste-t-il, peut-être encore plus qu'il y a 50 ans, il y a un besoin urgent de réconciliation et cela fait de la prochaine rencontre avec mon frère pape François à Jérusalem un événement de grande signification et très attendu. » Une expression fraternelle qui a aussi une dimension spirituelle : les apôtres André (saint patron du patriarcat) et Pierre étaient frères.

Pour le patriarche, qui était présent pour la première fois dans l'histoire des deux Églises, à la messe d'inauguration du pape François, le 19 mars 2013, « les leader des Églises doivent entreprendre des pas décisifs pour réconcilier la chrétienté divisée et répondre aux besoins urgents de notre temps. Le pape François est un leader sincère et altruiste, qui a à coeur la division de l’Église et la souffrance de notre monde. »

Il n'y a pas d'alternative

Le patriarche, qui lors de sa formation a été envoyé à Rome par le patriarche Athenagoras pour suivre des études en droit canon, évoque « les initiatives pionnières entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, au début des années 60 ».

« A la fin de chaque année scolaire, nous étions invités par le pape Paul VI avec d'autres étudiants orthodoxes. Le pape se préoccupait de notre parcours académique et de l'ouverture vers les autres Églises chrétiennes. Nous pouvons témoigner des échanges de visite entre les délégations au Vatican et au Phanar, pour préparer la rencontre entre Athenagoras et Paul VI. »

Il salue en Paul VI et Athénagoras « des visionnaires extraordinaires », qui ont reconnu « que l’Église du Christ ne pouvait pas être divisée si elle adhérait sincèrement aux paroles du Seigneur, ‘que ses disciples soient un’ ».

Si « le chemin des deux Églises ces 50 dernières années n'a pas été facile », cependant « l'esprit d'amour fraternel et respectueux a pris la place de la vieille polémique, alimentée de suspicion et de jugements », estime le patriarche. Il mentionne aussi « des documents communs importants, fruit de la Commission internationale du dialogue théologique des deux Églises ».

« Il y a encore beaucoup à faire et le parcours semble être long... Mais cette route doit être empruntée, il n'y a pas d'alternative », affirme Bartholomaios Ier.