Rwanda/Bruxelles: Les réserves du Saint-Siège

Une situation dénoncée par l´ICG

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CITE DU VATICAN, Dimanche 10 juin 2001 (ZENIT.org) – Dans une déclaration du 9 juin, le directeur de la salle de presse du Vatican a rappelé la position du Saint-Siège sur les responsabilités dans le génocide du Rwanda tout en émettant des réserves à propos du procès qui s´est déroulé à Bruxelles contre quatre Rwandais dont deux religieuses. De fait, le travail de la Cour de justice internationale est mis en cause dans le cas du génocide rwandais par un « groupe de crise international » (ICG).

La cour d´Assises de Bruxelles a rendu, vendredi 8 juin, son verdict dans le procès où quatre Rwandais étaient poursuivis pour crimes de guerre et de droit international liés au génocide de 1994. Les quatre accusés ont tous été reconnus coupables. Une loi de 1993 donne en effet aux Cours de Belgique juridiction universelle sur les crimes de guerre.

D´une part, M. Navaro Valls insiste sur la prise en compte du contexte rwandais et du propre témoignage des inculpés. « On espère, disait le directeur de la salle de presse du Saint-Siège dans sa déclaration, que les personnes inculpées soit mises en conditions de faire valoir leur propre version des faits et que ce qui est décidé dans un pays étranger, si loin du Rwanda, ait été suffisamment considéré dans le contexte des événements très violents et d´une situation de grande confusion.

D´autre part, il exprime sa « surprise »: les responsabilités ne retomberaient-elles que sur certains? « Dans l´attente de la sentence définitive, concluait le porte-parole du Vatican, le Saint-Siège ne peut qu´exprimer une certaine surprise en voyant reporter sur un petit nombre de personnes les graves responsabilités de nombreux hommes et groupes, eux aussi impliqués dans le terrible génocide qui a eu lieu au cœur de l´Afrique ».

Le Saint-Siège rappelle en même temps que l´Eglise n´est pas responsable des fautes commises par ses membres et que ceux-ci doivent assumer leurs responsabilités.

Le pape le disait déjà le 14 mai 1996, et le directeur de la salle de presse du Saint Siège, M. Joaquin Navarro Valls, a cité ces paroles du pape: « Tous les membres de l´Eglise qui ont péché durant le génocide doivent avoir le courage d´assumer les conséquences des faits qu´ils ont accomplis contre Dieu et contre leur prochain », disait le pape au peuple rwandais.

Pour ce qui est de la responsabilité de l´Eglise, le pape disait clairement la liberté et la responsabilité des individus: « L´Eglise ne peut être tenue responsable des fautes de ses membres qui ont agi contre la loi évangélique; ils seront eux-mêmes appelés à rendre compte de leurs propres actions ».

Consolata Mukangango (Soeur Gertrude), 42 ans, était, au moment des faits, supérieure du monastère de Sovu, où vivait également sa consoeur, également inculpée, Julienne Mukabutera (Soeur Marie Kisito), 36 ans. Toutes deux ont été reconnues coupables d´avoir livré aux acteurs du génocide plusieurs milliers de réfugiés qui étaient venus chercher protection et nourriture dans leur couvent.

Les principaux faits reprochés à la prieure de Sovu et à sa consœur se sont passés entre les 18 avril et le 6 mai 1994. L´instruction du procès, recoupée par divers témoignages, a montré que les deux femmes entretenaient des contacts avec un certain Emmanuel Rekeharo, redoutable chef des milices locales Interahamwe, aujourd´hui emprisonné au Rwanda pour sa participation au génocide.

Alphonse Higaniro, ancien ministre et industriel a reçu une peine de 15 ans de prison, Consolata Mukangango (sœur Gertrude) 12 ans, ainsi que Julienne Mukabutera (sœur Maria Kisito), et Vincent Ntezimana, professeur d´université: ils sont tous les quatre originaires de la région de Butare.

Mais l´International crisis group (ICG), dénonce la « scandaleuse inefficacité » du Tribunal de l´ONU pour juger les crimes de guerre au Rwanda. La cour internationale qui a son siège à Arusha, en Tanzanie, et est présidée par l´ancien ministre australien des affaires étrangères, M. Gareth Evans, a accumulé un retard impossible à rattraper, et l´ICG dénonce sa « bureaucratie ».

La Cour d´Arusha compte 9 juges et quelque 800 employés, avec un budget annuel de 90 millions de dollars. Or, elle n´a pas encore prononcé de jugement contre les responsables du génocide, y compris un inculpé qui se trouve en prison depuis 5 ans. On risque que les inculpés soient relâchés pour dépassement des délais, estime l´ICG. Un contexte qui fait comprendre les réserves émises par le Saint-Siège.

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ZENIT Staff

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