L’amour et les autres religions

Entretien avec un expert du dialogue avec le bouddhisme

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ROME, Dimanche 30 septembre 2007 (ZENIT.org) – Le christianisme étant la religion de l’amour, le dialogue, pour les chrétiens, n’est rien de moins que la mise en pratique de l’amour de Dieu.

C’est ce qu’affirme Cinto Busquet, prêtre du mouvement des Focolari spécialisé dans la théologie des religions, qui a vécu 17 ans au Japon.

Dans son ouvrage « Tra Oriente et Occidente. Alla ricerca di un senso » (Città Nuova, 222 pages, 12 euros) (« Entre l’Orient et l’Occident. A la recherche d’un sens »), Cinto Busquet explore la diversité culturelle, la recherche et la relation avec Dieu, le sens de la souffrance et de la mort.

Zenit – Dialoguer avec les autres nous permet-il de mieux nous comprendre ?

P. C. Busquet – Certainement. Mais le dialogue, quand on est religieux, ne se limite pas à un simple échange d’informations. Pour nous chrétiens, le Dieu qui s’est révélé à nous définitivement en Jésus Christ est un Dieu qui veut « dialoguer » avec nous et c’est pour cela que sa « Parole » établit sa demeure parmi nous. C’est le Dieu qui est en soi un « dialogue », car il est la communion parfaite de cet amour entre le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Donc, même s’il s’agit d’un dialogue avec des fidèles d’autres religions ou avec des personnes n’ayant pas une appartenance religieuse précise, il suffit que ce dialogue se réalise dans l’amour et dans le signe du don et de l’écoute mutuelle, pour être expérience de Dieu, de son esprit, qui rend possible notre « rencontre » dans une relation d’amour réciproque.

Zenit – Dans votre voyage entre l’orient et l’occident, vous vous définissez une personne heureuse. Que vous ont appris ces 17 ans de vie au Japon ?

P. C. Busquet – Beaucoup. Il est difficile de le dire en quelques mots. Quand tout à coup on se retrouve à vivre dans un contexte totalement différent de celui où l’on est né et où l’on a grandi, notre vision des choses s’élargit.

En tant que chrétien, j’ai dû réfléchir plus intensément à ma propre foi, pour essayer de la rendre accessible à mon entourage. Il a d’abord fallu que je m’ouvre aux catégories culturelles et religieuses du monde qui m’accueillait, sans préjugés et sans être pressé d’arriver à des conclusions.

Et puis, je pense que la sensibilité orientale a accentué cet amour que j’ai pour le silence et pour tous les petits gestes chargés de symboles, que cela m’a rendu plus intuitif et plus attentif aux autres, dans le respect de leur diversité par rapport à moi …

Zenit – Comment percevez-vous le rôle des religions en Asie ?

P. C. Busquet – Selon notre foi, l’amour universel de Dieu ne connaît pas de frontières : Dieu est notre Père à tous. La Rédemption que Jésus Christ est venu accomplir s’étend à tous les hommes. L’Esprit Saint agit dans le cœur de tout homme et l’ouvre au bien.

Donc, avant même l’annonce explicite de l’Evangile aux divers peuples, Dieu a été, et il est, à l’œuvre parmi eux.

Les religions sont la plus haute expression des différentes cultures, et apprendre à les connaître signifie enrichir son esprit et s’ouvrir encore plus à l’immensité du Mystère de Dieu et à la vérité sur l’homme.

Les religions d’Asie sont imprégnées de spiritualité et de sagesse. Elles peuvent, sans aucun doute, être un stimulant, une aide, pour nous aussi les chrétiens.

De plus, pour une inculturation efficace de l’Evangile en Asie, on ne peut ignorer ce que les traditions religieuses de ce continent ont élaboré après des millénaires d’histoire ; au contraire, comme nous y invite clairement le récent magistère de l’Eglise, nous devons reconnaître « tout ce qui est vrai et saint dans ces religions » (Nostra Aetate n.2).

Zenit – Ce n’est qu’en aimant que l’on peut faire l’expérience de Dieu. Est-ce que dans les autres religions que vous avez connues (bouddhisme, shintoïsme et autres), l’amour a une importance aussi centrale ?

C. Busquet – Oui et non. Toutes les religions enseignent à faire le bien, à faire preuve de compassion, à dominer ses propres instincts égocentriques pour se mettre au service d’autrui ; nous pourrions donc dire que l’amour, vu comme une attitude du cœur humain qui souhaite et accomplit le bien envers son prochain, est important pour toutes les religions.

Toutefois, je pense que l’on peut dire, en toute certitude, qu’aucune religion ne met autant l’amour au centre de sa propre doctrine et de sa propre pratique religieuse que le christianisme.

Toute la révélation de Dieu à travers nos saintes écritures pourrait se résumer en ces quelques mots : « Dieu est amour » de la première lettre de Jean.

L’amour, pour le chrétien, n’est pas quelque chose qui renvoie simplement à une action extérieure ou à notre volonté : c’est la participation à la vie même de Dieu, qui est amour.

Le commandement que nous a laissé Jésus est celui de nous aimer, mais comme nous le rappelle Benoît XVI dans son encyclique « l’amour peut être commandé car il est avant tout donné ». Autrement dit, même si dans le bouddhisme, par exemple, la ‘compassion’ illimitée envers l’autre est considérée comme le sommet de la vie religieuse, elle n’a certes pas le caractère central que possède l’agape dans le christianisme.

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ZENIT Staff

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