ROME, Mercredi 19 décembre 2007 (ZENIT.org) – Pour l’Elysée, il s’agit d’un voyage « extrêmement important » au plan diplomatique et au plan national.
Après le « Conseil européen » et la « Conférence internationale des donateurs pour l’Etat palestinien », cette visite au Vatican constitue, pour l’Elysée, le « troisième grand événement international » du président ces derniers jours. Des deux premiers, il sera vraisemblablement question aussi au Vatican.
Ce voyage est « extrêmement important » à la fois pour des « raisons diplomatiques » et des raisons d’intérêt « national », a indiqué le porte-parole de l’Elysée, David Martinon lors du point presse du 13 décembre, « puisque la diplomatie du Saint-Siège est une diplomatie extrêmement active et influente : c’est un partenaire qui compte et c’est un allier de poids pour un grand nombre de sujets, un grand nombre de dossiers importants en ce moment même ».
La diplomatie vaticane
Diplomatie tout d’abord donc, et de citer le Liban, la Terre Sainte, l’Afrique et l’Amérique latine : « Le Liban, puisque le Saint-Siège s’implique et s’est impliqué de longue date pour essayer de trouver une solution pour assurer la stabilité du Liban, où comme vous le savez, les autorités religieuses ont une grande importance. Le Vatican est aussi présent sur le conflit palestino-israélien et il était d’ailleurs représenté à la conférence d’Annapolis. De façon générale, le Vatican est sensible à l’évolution des communautés chrétiennes au Moyen-Orient, mais aussi sur le continent africain où le Vatican continue de jouer un rôle de médiateur sur un certain nombre de dossiers. J’ai dit l’Afrique mais j’aurais aussi pu citer l’Amérique latine où le Vatican est très présent ».
La situation française
Le porte-parole soulignait, pour ce qui est du point de vue « national », le « respect » et « l’attachement » du président français « de façon générale à la question spirituelle ». « Le président de la République avait eu l’occasion, rappelait M. Martinon, de s’interroger et de s’exprimer sur la question des religions dans la République française. Il avait, en 2004, écrit un livre d’entretiens avec le Père Philippe Verdin, qui s’appelait ‘La République, les religions, l’espérance’. Ce sera l’occasion pour le président de redire son respect et son attachement, non à une religion en particulier, même si la religion chrétienne tient une place importante en France de par l’histoire et l’actualité, mais de façon générale à la question spirituelle, puisqu’il a toujours considéré qu’elle était au cœur d’un grand nombre de concitoyens, quelle que soit leur confession ».
La liberté
A propos du livre de M. Sarkozy, publié en 2004, « La République, les religions, l’espérance », qu’il avait présenté au Vatican, le cardinal bordelais Jean-Louis Tauran, ancien « ministre des Affaires étrangères » de Jean-Paul II et actuellement président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, déclarait en mai dernier au quotidien italien Avvenire que le président Sarkozy avait alors été « indéniablement courageux » de rompre avec quelques tabous français.
« Nous avons surtout discuté de cette phrase d’Alexis de Tocqueville, qui se trouve en exergue de son livre : ‘C’est le despotisme qui peut se passer de la foi, pas la liberté’. Et nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il s’agit d’une phrase vraie, qui vaut aussi pour la France, et pour le monde d’aujourd’hui », confiait le cardinal Tauran.
Ce livre, disait-il encore « a été écrit par un ministre qui n’a pas peur de parler de religion, en affirmant que les chrétiens ne doivent pas avoir honte de leur foi et ne doivent pas avoir de complexe d’infériorité. Intéressante aussi la définition de la laïcité qui se trouve dans le livre (nous traduisons de l’italien, ndlr) : ‘Je crois dans une laïcité positive, c’est-à-dire dans une laïcité qui garantit le droit de vivre sa propre religion comme un droit fondamental de la personne. La laïcité n’est pas l’ennemie des religions, au contraire, la laïcité est la garantie pour chacun de nous de croire et de vivre sa propre foi’. Une définition à laquelle on peut tout à fait souscrire ». (Cf. Zenit du 10 mai 2007).
Anita S. Bourdin