Discours du pape au mouvement « Retrouvaille », sur les couples en difficulté

Audience du vendredi 26 septembre

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ROME, Vendredi 3 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a adressé aux participants de la rencontre internationale du mouvement « Retrouvaille », depuis trente ans au service des couples en difficulté, qu’il a reçus à Castel Gandolfo le vendredi 26 septembre.

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Monsieur le cardinal,

Vénérés frères dans l’épiscopat

et dans le sacerdoce,

Chers frères et sœurs!

Je vous accueille avec joie aujourd’hui, à l’occasion de la rencontre mondiale du mouvement Retrouvaille. Je vous salue tous, époux et prêtres, avec les responsables internationaux de cette association, qui depuis plus de trente ans œuvre avec un grand dévouement au service des couples en difficulté. Je salue en particulier le cardinal Ennio Antonelli, président du Conseil pontifical pour la famille, et je le remercie de ses paroles courtoises, ainsi que de m’avoir présenté les finalités de votre mouvement.

Chers amis, j’ai été frappé par votre expérience, qui vous met au contact des familles marquées par la crise du mariage. En réfléchissant sur votre activité, j’ai encore une fois reconnu le « doigt » de Dieu, c’est-à-dire l’action de l’Esprit Saint, qui suscite dans l’Eglise des réponses adaptées aux besoins et aux urgences de chaque époque. A l’heure actuelle, une urgence profondément ressentie est certainement celle des séparations et des divorces. L’intuition des conjoints canadiens Guy et Jeannine Beland, en 1977, d’aider les couples dans une situation de crise grave, à affronter la crise grâce à un programme spécifique, qui vise à la reconstruction de leurs relations, non pas comme une alternative à des thérapies psychologiques, mais en suivant un parcours distinct et complémentaire, fut donc providentielle. En effet, vous n’êtes pas des professionnels ; vous êtes des époux qui ont souvent vécu personnellement les mêmes difficultés, qui les ont surmontées avec la grâce de Dieu et le soutien de Retrouvaille et qui ont ressenti le désir et la joie de mettre, à leur tour, leur propre expérience au service des autres. Parmi vous se trouvent plusieurs prêtres qui accompagnent les époux sur leur chemin, en fractionnant pour eux la Parole et le Pain de la vie. «Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » (Mt 10, 8) : c’est à cette parole de Jésus, adressée à ses disciples, que vous faites constamment référence.

Comme votre expérience le démontre, la crise conjugale – nous parlons ici de crises sérieuses et graves – constitue une réalité à deux faces. Elle se présente, d’une part, en particulier dans sa phase aiguë et la plus douloureuse, comme un échec, comme la preuve que le rêve est fini ou s’est transformé en un cauchemar et que, malheureusement, « il n’y a plus rien à faire ». C’est l’aspect négatif. Mais il y a un autre aspect, qui nous est souvent inconnu, mais que Dieu voit. Chaque crise, en effet, – la nature nous l’enseigne – est un passage vers une nouvelle phase de vie. Cependant, si chez les créatures inférieures cela se produit automatiquement, chez l’homme cela implique la liberté, la volonté et, donc, une « espérance plus grande » que le désespoir. Dans les moments les plus sombres, les conjoints ont perdu l’espérance ; il faut alors que d’autres personnes la conservent, il faut un « nous », une compagnie d’amis véritables qui, dans le plus grand respect, mais aussi avec une sincère volonté de bien, soient prêts à partager un peu de leur espérance avec ceux qui l’ont perdue. Pas de manière sentimentale ou velléitaire, mais organisée et réaliste. Vous devenez ainsi, au moment de la rupture, la possibilité concrète pour le couple d’avoir une référence positive, à laquelle se confier dans le désespoir. En effet, lorsque la relation dégénère, les conjoints sombrent dans la solitude, tant individuelle que du couple. Ils perdent l’horizon de la communion avec Dieu, avec les autres et avec l’Eglise. Alors, vos rencontres offrent la « prise » pour ne pas s’égarer entièrement, et pour remonter progressivement la pente. J’ai plaisir à penser à vous comme aux gardiens d’une espérance plus grande pour les époux qui l’ont perdue.

La crise est donc une étape de croissance. C’est dans cette perspective que l’on peut lire le récit des noces de Cana (Jn 2, 1-11). La Vierge Marie s’aperçoit que les époux « n’ont plus de vin » et elle le dit à Jésus. Ce manque de vin fait penser au moment où, dans la vie de couple, l’amour finit, la joie s’épuise et l’enthousiasme du mariage diminue brutalement. Après que Jésus eut transformé l’eau en vin, ils firent des compliments à l’époux car – disaient-ils – il avait conservé jusqu’à ce moment « le bon vin ». Cela signifie que le vin de Jésus était meilleur que le précédent. Nous savons que ce « bon vin » est le symbole du salut, de la nouvelle alliance nuptiale que Jésus est venu réaliser avec l’humanité. C’est précisément de celle-ci que chaque mariage chrétien est le sacrement, même le plus difficile et vacillant, et il peut donc trouver dans l’humilité le courage de demander de l’aide au Seigneur. Lorsqu’un couple en difficulté, ou – comme le démontre votre expérience – même déjà séparé, s’en remet à Marie et s’adresse à Celui qui a fait des deux « une seule chair », il peut être certain que cette crise deviendra, avec l’aide du Seigneur, un passage de croissance, et que l’amour en sortira purifié, mûri, renforcé. Seul Dieu est en mesure de faire cela, lui qui désire se servir de ses disciples comme des collaborateurs valables, pour approcher les couples, les écouter, les aider à redécouvrir le trésor caché du mariage, le feu resté enseveli sous la cendre. C’est Lui qui ravive et qui refait brûler la flamme ; pas de la même façon que lorsque l’on tombe amoureux bien sûr, mais d’une manière différente, plus intense et profonde, la flamme étant cependant toujours la même.

Chers amis, qui avez choisi de vous mettre au service des autres dans un domaine aussi délicat, je vous assure de ma prière pour que votre engagement ne devienne pas une simple activité, mais reste toujours, au fond, un témoignage de l’amour de Dieu. Votre service va à « contre courant ». Aujourd’hui, en effet, lorsqu’un couple entre en crise, il trouve de nombreuses personnes prêtes à lui conseiller la séparation. Même aux époux mariés au nom du Seigneur on propose le divorce avec facilité, oubliant que l’homme ne peut pas séparer ce que Dieu a uni (cf. Mt 19, 6; Mc 10, 9). Pour accomplir votre mission, vous avez vous aussi besoin de nourrir sans cesse votre vie spirituelle, de mettre de l’amour dans ce que vous faites pour que, au contact des réalités difficiles, votre espérance ne disparaisse pas ou ne se réduise pas à une formule. Que la Sainte Famille de Nazareth, à laquelle je confie votre service et, en particulier, les cas les plus difficiles, vous aide dans cette œuvre apostolique délicate. Que Marie, Reine de la famille, soit à vos côtés, alors que de tout cœur je vous donne ma Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous ceux qui adhèrent au mouvement Retrouvaille.

 

© Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice du Vatican
Traduction : Zenit

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ZENIT Staff

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