La personne sourde dans la vie de l´Eglise : Discours de Benoît XVI

Audience du 20 novembre aux participants à la Conférence du Conseil pontifical pour la santé

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ROME, Vendredi 20 novembre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a adressé ce vendredi aux participants à la 24ème conférence internationale organisée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé sur le thème « Effata ! La personne sourde dans la vie de l’Eglise », du 19 au 21 novembre.

Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion de la XXIVème conférence internationale organisée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, sur un thème d’une grande importance sociale et ecclésiale : Effata ! La personne sourde dans la vie de l’Eglise. Je salue le président du dicastère, Mgr Zygmunt Zimowski, et je le remercie pour ses paroles cordiales. J’étends mon salut au secrétaire et au nouveau sous-secrétaire, aux prêtres, aux religieux et aux laïcs, aux experts et à toutes les personnes présentes. Je souhaite vous faire part de ma satisfaction et de mes encouragements pour votre engagement généreux dans ce secteur important de la pastorale.

En effet, nombreuses et délicates sont les problématiques qui touchent les personnes sourdes, qui ont été l’objet de réflexions attentives au cours de ces journées. Il s’agit d’une réalité complexe qui s’étend de l’horizon sociologique à l’horizon pédagogique, de l’horizon médical et psychologique à l’horizon éthique, spirituel et pastoral. Les rapports des spécialistes, l’échange d’expériences entre ceux qui travaillent dans ce domaine, les témoignages mêmes des sourds, ont permis une analyse approfondie de la situation et de formuler des propositions et indications pour une attention toujours plus adaptée à nos frères et soeurs.

Le terme « Effata », placé au début du thème de la conférence, rappelle le célèbre épisode de l’Evangile de Marc (cf. 7, 31-37), qui constitue un paradigme sur la manière dont le Seigneur œuvre à l’égard des personnes sourdes. Jésus prend à part un homme sourd et muet et, après avoir accompli certains gestes symboliques, il lève les yeux au ciel et dit : « Effata !, c’est-à-dire Ouvre toi ! ». A cet instant, dit l’évangéliste, l’homme retrouva l’ouïe, le lien de sa langue se dénoua et il parlait correctement. Les gestes de Jésus sont remplis d’attention et pleins d’amour et expriment une compassion profonde pour l’homme qui se trouve devant lui : il lui manifeste son intérêt concret, il le prend à part hors de la confusion de la foule, il lui fait sentir sa proximité et sa compréhension à travers certains gestes remplis de signification. Il lui met ses doigts dans les oreilles et avec sa salive lui touche la langue. Il l’invite ensuite à tourner, avec Lui, son regard intérieur, celui du cœur, vers le père céleste. Enfin, il le guérit et le rend à sa famille, à ses amis. La foule émerveillée ne peut que s’exclamer : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ! » (Mc 7, 37).

Avec sa manière d’agir qui révèle l’amour de Dieu le Père, Jésus ne guérit pas seulement la surdité physique, mais montre qu’il existe une autre forme de surdité dont l’humanité doit guérir, ou plus exactement dont elle doit être sauvée : c’est la surdité de l’esprit, qui élève des barrières toujours plus hautes à la voix de Dieu et du prochain, notamment au cri des derniers et des personnes souffrantes, appelant à l’aide, et enferme l’homme dans un égoïsme profond et destructeur. Comme j’ai eu l’occasion de le rappeler dans l’homélie de ma visite pastorale dans le diocèse de Viterbe, le 6 septembre dernier « nous pouvons voir dans ce ‘signe’, l’ardent désir de Jésus de vaincre dans l’homme la solitude et le manque de communication suscitées par l’égoïsme, pour donner une nouvelle forme à une ‘nouvelle humanité’, l’humanité de l’écoute et de la parole, du dialogue, de la communication, de la communion, de la communion avec Dieu. Une ‘humanité bonne’ comme toute la création de Dieu est bonne ; une humanité sans discrimination, sans exclusion … afin que le monde soit véritablement et pour tous le lieu d’une réelle fraternité’… » (L’Oss. Rom., 7-8 septembre 2009, page 6).

Malheureusement, l’expérience ne montre pas toujours des gestes d’accueil attentif, de solidarité convaincue et de communion chaleureuse envers les personnes sourdes. Les nombreuses associations, nées pour défendre et promouvoir leurs droits, témoignent de l’existence d’une culture inassouvie marquée par des préjugés et des discriminations. Ce sont des comportements déplorables et injustifiables, parce qu’ils sont contraires au respect de la dignité de la personne sourde et à sa pleine intégration sociale. Toutefois, les initiatives promues par des institutions et des associations, aussi bien dans le domaine ecclésial que civil, qui s’inspirent d’une solidarité authentique et généreuse et ont apporté une amélioration des conditions de vie de beaucoup de sourds, sont nettement plus nombreuses. A cet égard, il est significatif de rappeler que les premières écoles pour l’instruction et la formation religieuses de ces frères et soeurs sont nées en Europe au XVIIIe siècle. Depuis, les oeuvres caritatives se sont multipliées dans l’Eglise sous l’impulsion de prêtres, religieux, religieuses et laïcs, dans le but d’offrir aux personnes sourdes non seulement une formation, mais également une assistance intégrale pour qu’elles puissent se réaliser pleinement. Cependant, on ne peut oublier la situation grave dans laquelle elles vivent encore aujourd’hui dans les pays en voie de développement, aussi bien par manque de politiques et de lois adaptées, qu’en raison de la difficulté d’accéder aux soins de santé de base ; la surdité, en effet, est souvent une conséquence de maladies que l’on pourrait soigner facilement. Je lance donc un appel aux autorités politiques et civiles, ainsi qu’aux organismes internationaux, afin qu’ils offrent le soutien nécessaire pour promouvoir, également dans ces pays, le respect nécessaire de la dignité et des droits des personnes sourdes, en favorisant leur pleine intégration sociale, grâce à des aides adaptées. Fidèle à l’enseignement et à l’exemple de son divin Fondateur, l’Eglise continue d’accompagner les diverses initiatives pastorales et sociales en leur faveur, avec amour et solidarité, en consacrant une attention spéciale à ceux qui souffrent, consciente du fait que dans la souffrance se cache précisément une force qui rapproche intérieurement l’homme du Christ, une grâce particulière.

Chers frères et soeurs atteints de surdité, vous n’êtes pas seulement destinataires de l’annonce du message évangélique mais nous en êtes, à plein titre, aussi annonciateurs, en vertu de votre Baptême. Vivez donc chaque jour en témoins du Seigneur dans les domaines de votre vie, en faisant connaître le Christ et son Evangile. En cette année sacerdotale, priez aussi pour les vocations, afin que le Seigneur suscite de nombreux et bons ministres pour la croissance des communautés ecclésiales.

Chers amis, je vous remercie pour cette rencontre et je vous confie tous, vous qui êtes ici présents, à la protection maternelle de Marie Mère de l’amour, Etoile de l’espérance, Vierge du Silence. Je vous accorde de tout coeur la bénédiction apostolique, que j’étends à vos familles et à toutes les associations qui travaillent activement au service des sourds.

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice du Vatican

Traduction française : Zenit

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ZENIT Staff

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