Kazakhstan : consécration de la nouvelle cathédrale de Karaganda (2/2)

Le devoir de l’Eglise : donner à Dieu une place visible

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Propos recueillis par Paul De Maeyer

Traduction d’Hélène Ginabat

ROME, vendredi 31 août 2012 (ZENIT.org) – « La construction d’une nouvelle cathédrale avec une véritable esthétique sacrée et des œuvres d’art est aussi une proclamation du premier devoir de l’Eglise : donner à Dieu, au Dieu qui s’est incarné, la première place, une place visible », déclare Mgr Schneider, évêque auxiliaire du diocèse de Karaganda, où une nouvelle cathédrale sera consacrée dimanche 9 septembre 2012 (cf. Zenit du 9 juillet 2012).

Nous publions ici la seconde partie d’un entretien de Zenit avec Mgr Athanasius Schneider (cf. Zenit du 30 août 2012 pour la première partie).

Zenit – Quels sont les perspectives de l’Eglise catholique avec les autres confessions chrétiennes au Kazakhstan?

Mgr Schneider – Nous voulons conserver des rapports de respect mutuel, des relations personnelles d’amitié et continuer d’entreprendre des œuvres communes pour la défense de la vie et des valeurs morales.

Vous avez voulu que l’art et la beauté soient très présents dans votre diocèse, en signe de témoignage de la foi catholique ?

La construction d’une nouvelle cathédrale avec une véritable esthétique sacrée et des œuvres d’art est aussi une proclamation du premier devoir de l’Eglise : donner à Dieu, au Dieu qui s’est incarné, la première place, une place visible, parce que Dieu s’est rendu visible dans l’Incarnation et dans l’Eucharistie ; donner à Dieu la première place dans le sens où l’on offre en son honneur une œuvre artistique qui est belle, parce que Dieu est l’auteur de toute la beauté et mérite de recevoir en son honneur de la part des croyants quelque chose de vraiment beau.

Par ailleurs, une telle cathédrale peut être une manifestation concrète de l’amour plein de tendresse de la communauté croyante, l’épouse du Christ, envers le Corps du Christ : elle offre, en l’honneur de ce Corps du Christ, d’une certaine façon, la sainte prodigalité de la femme pécheresse qui a offert, en l’honneur du Christ, le vase de parfum précieux d’un prix extrêmement élevé (« plus de trois cents deniers », cf. Mc 14, 4). Pour oindre le corps du Christ, la femme pécheresse a dépensé une somme avec laquelle on pouvait faire vivre une famille pendant une année. Les personnes présentes se sont indignées devant un tel gaspillage. Mais Jésus a loué ce saint gaspillage en disant : « C’est une bonne œuvre qu’elle a accomplie sur moi » (Mc 14, 6). Il faut encore ce « saint gaspillage » pour Jésus.

Beaucoup de personnes ont visité la nouvelle cathédrale. La majorité était des personnes non catholiques, et souvent non chrétiennes. Elles ont été attirées par la beauté. Elles ont exprimé leur admiration visiblement. Quelques femmes non chrétiennes ont même pleuré d’émotion en ma présence. Une fois, j’ai passé une demi-heure à montrer et à expliquer la cathédrale à un jeune couple non chrétien, avec tous ses détails artistiques et ses objets sacrés. Lorsque j’ai terminé, nous sommes sortis de la cathédrale et la femme m’a dit : « Pendant cette demi-heure, j’ai purifié mon âme. Puis-je revenir seule ? Parce que je veux admirer toutes ces belles choses en silence ». J’ai répondu : « Certainement, vous pouvez venir autant de fois que vous le voulez ». En une demi-heure, à travers l’explication d’un art sacré qui est beau, j’ai donné une leçon sur la vérité de la foi catholique. La réaction de presque toutes les personnes qui ont visité la cathédrale jusqu’ici, en particulier celles qui ne sont pas chrétiennes, est toujours aussi spontanée : admiration, silence, ouverture au surnaturel. J’ai constaté dans ces situations cette vérité que l’âme humaine est naturellement chrétienne, comme le dit Tertullien, c’est-à-dire que Dieu a inscrit en elle la capacité de le connaître et de le vénérer. Les catholiques ont le devoir de guider ces âmes ouvertes vers la foi et l’adoration surnaturelle, vers la foi et l’adoration du Christ, de la Sainte Trinité, de mener les âmes au ciel. Sur les grandes portes de bronze de l’entrée de la cathédrale, ces paroles de l’Ecriture sainte sont inscrites : « C’est ici la porte de Dieu, c’est ici la porte du ciel » (Domus Dei – porta caeli). Ces paroles sacrées sont une devise tout à fait adaptée à cette cathédrale, pour ce travail d’évangélisation visible, comme pour l’œuvre d’évangélisation tout entière.

Pourriez-vous nous expliquer la signification spirituelle et théologique des peintures que vous avez fait réaliser dans la crypte ?

Je voulais exprimer de manière plus profonde, dans la cathédrale, le mystère de la sainte Eucharistie, parce que l’Eucharistie construit spirituellement l’Eglise, l’Eucharistie fait vivre l’Eglise continuellement jusqu’à la fin des temps. Le véritable fondement de l’Eglise est l’Eucharistie. C’est pourquoi j’ai mis dans la crypte, qui constitue quasiment les fondations de la cathédrale, un cycle de 14 images sur l’Eucharistie, en analogie avec les 14 stations de la Via Crucis de la nef principale. Toute l’Ecriture sainte nous annonce le Christ fait chair, le Christ fait homme. Mais le Christ s’est fait Eucharistie, il nous a laissé sa chair qui est réellement, vraiment et substantiellement présente dans le mystère de l’Eucharistie. J’ai choisi les images eucharistiques les plus connues de l’Ecriture Sainte, comme la symbolique eucharistique la plus connue : le sacrifice d’Abel, celui de Melchisédech, celui d’Abraham, l’agneau pascal, la manne dans le désert, la nourriture ? du prophète Elie dans son chemin vers la montagne de Dieu, le temple de Jérusalem, Bethléem ou la « maison du pain », le miracle des noces de Cana, la multiplication des pains, le discours eucharistique dans l’évangile de Jean, la dernière Cène, Emmaüs, l’Agneau de la Jérusalem céleste.

Pourriez-vous nous raconter votre expérience en tant que commanditaire de ces 14 toiles auprès d’un artiste et théoricien de l’art : Rodolfo Papa ?

Le « cycle eucharistique » a été mon dernier rêve pour la cathédrale. Je savais qu’il aurait manqué quelque chose sans le « cycle eucharistique ». J’ai prié le Seigneur de m’envoyer un artiste qui soit avant tout profondément chrétien, un artiste qui aime l’Eucharistie, qui sache peindre dans un esprit vraiment sacré et édifiant pour les fidèles. Grâce à quelqu’un que je connaissais, j’ai rencontré le professeur Rodolfo Papa. Quand j’ai vu certaines de ses œuvres religieuses et que j’ai parlé avec lui de la foi et de l’Eucharistie, j’ai compris que cet artiste était celui que le Seigneur m’envoyait. Ma conviction s’est encore affermie quand j’ai lu son livre sur la théologie de l’art sacré, « Discours sur l’art sacré » (Discorsi sull’arte sacra) avec une introduction du cardinal Cañizares (Catagalli, Siena 2012).

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ZENIT Staff

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