Anne Kurian

ROME, lundi 20 août 2012 (ZENIT.org) – « La prière ne fait pas abstraction de la vie sociale », estime le cardinal Barbarin à propos de la prière pour la France, lue le 15 août 2012 dans tout le pays.

La Conférence des évêques de France a en effet proposé une « prière universelle » pour la France, à toutes les paroisses du pays, à l’occasion de la solennité de l’Assomption (cf. Zenit du 30 juillet 2012).

Si la prière pour la France n’est pas une nouveauté – elle a été instaurée au XVIIe siècle par Louis XIII, qui a consacré la France à la Vierge Marie le 15 août 1638 – cependant l’initiative a suscité cette année bien des débats.

Sur les 4 intentions de prières – pour les victimes de la crise, pour les gouvernants, pour les familles et pour les enfants et les jeunes – c’est la dernière qui a retenu l’attention, parce qu’elle invite à prier pour que les enfants « bénéficient pleinement de l’amour d’un père et d’une mère. »

Certaines voix se sont étonnées de cette prière, y lisant une allusion contre le « mariage » et l’adoption d’enfants par des personnes de même sexe et une intrusion de l’Eglise dans le politique.

En parallèle, un appel à l’avis des téléspectateurs sur la chaine de télévision M6, le 15 août 2012, indiquait que 55 % des Français « comprennent » la position de l'Eglise catholique et seulement 38 % ne le comprennent pas.

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, explique les enjeux de cette prière dans une interview de Jean-Marie Guénois parue le 13 août 2012 sur le site du Figaro.

Dimension politique

La prière, estime-t-il, est la « mission première » de l’Eglise, qui « doit parler quels que soient les courants qui traversent l'opinion publique ».

« L'engagement des époux, les enfants et les jeunes », sont des intentions « qui montent spontanément au cœur des croyants », constate le cardinal, appelant à ne pas « terroriser le bon sens ».

En outre, la laïcité n’interdit pas la prière, ajoute-t-il car la France n’est pas une « tyrannie » où il faudrait « soumettre nos rites et nos formulaires au commandement de la «pensée unique» ».  

Si « prier est d'abord un acte spirituel », de « confiance » en Dieu, cependant la prière a aussi une « dimension politique », poursuit-il : il est « naturel » de « prier pour sa famille, pour son pays » car la prière ne fait pas « abstraction des questions de la vie sociale, encore moins des souffrances des hommes ».

« Ce qui donne à penser, dans ces réactions - et paradoxalement à se réjouir -, c'est que certains semblent avoir peur de la prière », fait-il remarquer également : « elle est puissante, en effet! ».

Le rôle des gouvernants

Cette prière pour la France intervient alors que « l'heure est grave », souligne par ailleurs le cardinal, qui dénonce « une rupture de civilisation » dans le fait de « dénaturer le mariage, qui est depuis toujours une réalité merveilleuse et fragile ».

Par la prière, le croyant « affirme que la source ultime du bien n'est pas dans l'autorité politique », rappelle-t-il. A ce titre, le pouvoir politique est aussi invité à voir « ce qui dépend de lui et ce qui le dépasse ». En l’occurrence, fait-il observer, « changer le mariage et la famille » ne relève pas de l'autorité d'un Parlement. 

Pour le cardinal, le rôle des gouvernants est de « de veiller sur la santé, l'éducation, la répartition des biens, les transports, la sécurité, et d'abord la paix ». Ils ont « de grandes responsabilités, pour l'équilibre de la vie sociale, l'amélioration de nos conditions de vie », insiste-t-il.

Aujourd’hui, concède-t-il, la crise actuelle laisse « peu de marge de manœuvre » au gouvernement. Mais il ne doit pas pour autant « trouver des dérivatifs sur des sujets dits «sociétaux» », met en garde le cardinal.

Dans La Croix du 18 juillet 2012, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, est revenu sur sa rencontre personnelle avec François Hollande, le 17 juillet 2012.

Le cardinal a notamment rappelé au président de la République que « le mariage n’est pas une façon de reconnaître l’authenticité des liens entre deux personnes qui s’aiment » mais « une institution sociale pour assurer le mieux possible la bonne éducation des enfants. »