Le pape François, un maître de la pastorale urbaine

Sortie de son livre « Dieu dans la ville » en Italie

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« La foi est comme une nouvelle « béatitude »… elle améliore les villes et permet d’ « ouvrir » les yeux et les horizons (…) Accompagnée de la charité elle devient « levain » et « témoignage » pour les autres », écrit le cardinal Jorge Mario Bergoglio dans son livre « Dieu dans la ville » (« Dios en la Ciudad »).

C’est le titre du petit ouvrage qui accompagne cette semaine la sortie en Italie du premier numéro du nouvel hebdomadaire des éditions Saint-Paul Credere, la gioia della fede, (Croire, la joie dans la foi). Il a été écrit par le pape François lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires.

Il consiste en quelque 50 pages qui commentent la synthèse du document final de la Vème conférence de l’épiscopat latino-américain d’Aparecida (mai 2007), racontant comment un pasteur peut croire et enseigner que « Dieu est au cœur de la ville », cette ville où beaucoup d’exclus, de marginalisés, d’étrangers, ne sont pas considérés des citoyens à part entière.

Le cardinal Bergoglio, partant d’images de l’Evangile – Zachée qui a appris l’arrivée de Jésus dans la ville et monte sur un arbre pour le voir, sans penser qu’il aurait été vu et appelé ; Bartimée l’aveugle, qui retrouvera la vue et deviendra un témoin et un héraut du Christ ; et la femme hémorroïsse qui se contente de toucher son manteau et reçoit en don la guérison – évoque l’épiphanie d’une rencontre qui, survenue en ville, rend possible la présence du divin dans l’histoire de la quotidienneté.

Dieu est entré dans l’histoire de l’homme, en assumant sa nature et donnant sa vie pour son salut, il est entré dans nos villes, a posé sa tente au milieu gens, marche avec nous. Quand ses traces ne sont pas visibles sur le sol, elles nous révèlent le mystère de la miséricorde, car Dieu nous a pris dans ses bras et nous a rapprochés de son cœur.

Le fait que Jésus soit entré en ville, aujourd’hui laboratoire d’une culture contemporaine complexe et plurielle, incite tout le monde à sortir de sa solitude et de sa cachette et à aller à sa rencontre : l’entrée de Jésus, lit-on dans le livre du pape François « nous pousse à sortir dans la rue » et à aller à la rencontre des autres hommes qui sont ce Jésus que l’on n’arrive pas toujours à voir : « j’avais faim … j’avais soif … à chaque fois que tu as fait cela à un de mes frères, c’est à moi que tu l’as fait. »

« Sortir » c’est « aller vers … », donc  rencontrer les autres, les accompagner comme les disciples d’Emmaüs et faire fructifier la charité, en prenant soin des autres, en devenant pour eux « levain » et « témoins » d’une vraie charité à imiter, dit la synthèse du document final d’Aparecida commenté par le cardinal Bergoglio.

Le « bon pape François », saluant les foules de simples « bonjour », « bonsoir » et « bon déjeuner », devient un maître de la pastorale urbaine, qui se nourrit d’actions plurielles. « Les villes sont des lieux de liberté et d’opportunités ; les personnes ont la possibilité d’y connaître d’autres personnes, d’interagir et de partager: Dans la ville il est possible d’expérimenter les liens de fraternité, solidarité et universalité. L’être humain est appelé à marcher de plus en plus vers son prochain et à partager avec celui qui est diffèrent, à l’accepter et à être accepté »

Saint Paul le disait (Rom, 13,1) en recommandant d’être de « bon citoyens », Don Bosco le répétait, lui qui voulait que tous ses jeunes soient de « bon chrétiens et d’honnêtes citoyens », l’Eglise l’affirme et le pape François le propose de nouveau, en affirmant que « vivre à fond l’humain, dans chaque culture, dans chaque ville, améliore le chrétien et féconde la ville en lui donnant un cœur ».

« Savoir regarder tout le monde et observer chacun » est la règle d’or de la pédagogie du Bon pasteur qui prend soin de chacune des brebis qui lui sont confiées, et engage le chrétien à savoir voir et regarder autour de lui. Ainsi, affirme le cardinal, « Ne pas voir », « ne pas regarder », « passer son chemin », comme dans la parabole du bon samaritain, n’est pas être fidèle aux valeurs de l’Evangile.

Le pape François, qui cite Benoît XVI, illustre ce concept qui consiste à « ne pas voir », qui est déterminé par un « nivellement des regards ». Le regard de foi s’oppose à la perspective de la science et des moyens de communication, et il est souvent considéré « démodé » ; il ne regarde pas des sujets abstraits, des paradigmes abstraits, mais regarde au contraire « ecclésialement des réalités bien vivantes ».

Celui qui dort dans la rue ou devant les portes des Eglises ne saurait être considéré « une saleté parmi les saletés ou un déchet du paysage urbain, de la culture du rejet et du refus », mais, selon un regard de foi, propre à une culture de la proximité, ouvert aux autres, reproduisant la pédagogie du Père du fils prodigue, lequel chaque matin va à son balcon et attend le fils qui retourne à la maison du Père et, le voyant arriver de loin, court à sa rencontre pour le prendre dans ses bras.

Dans sa conclusion, le pape François affirme que la foi, presqu’une nouvelle « béatitude »,  améliore les villes et permet de « voir », d’ « ouvrir les yeux », d’ « élargir le regard ». La foi qui devient charité accueille l’autre, et dans la rencontre, se concrétise le regard de celui qui sait aimer.

L’expression évangélique dans le récit du jeune riche: « Il le regarda et l’aima » devient un « canon », un principe d’usage chrétien. « Le regard d’amour ne discrimine pas, ni ne relativise parce qu’il est miséricordieux et créatif ».

Sortir de soi pour rencontrer les autres dans une attitude de proximité, le regard tourné vers le transcendant, capable de traduire la foi en témoignage et en actes de charité, constitue le nouveau défi du pape François pour une Eglise qui marche et grandit dans le service, suivant avec patience les rythmes du changement, qui ne se déclenchera que si chacun le veut et contribue à le mettre ne œuvre.

Traduction d’Océane Le Gall

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Giuseppe Adernò

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