Première publication le 23 mai 2024 par le Magazine Zélie
Hubert de Torcy a fondé Saje, une entreprise qui distribue des films d’inspiration chrétienne dans les cinémas, dans des projections privées et sur la plateforme Saje+. Pour lui, le cinéma a un impact puissant pour diffuser l’Évangile. Entretien.
Zélie : Qu’est-ce qui vous a amené à lancer la société Saje ?
Hubert de Torcy : C’était il y a près de 10 ans. Je ressentais une frustration de voir beaucoup de films chrétiens sortir aux Etats-Unis, comme Cristeros ou Dieu n’est pas mort, mais n’être distribués par personne en France. Depuis ma conversion, j’ai une passion pour l’évangélisation par le cinéma. à l’époque, j’avais une petite société de production de films et de clips pour des structures chrétiennes ; j’ai aussi co-fondé le journal d’évangélisation L’1visible.
En 2014, avec Saje, nous avons tenté une première expérience : distribuer en France le film Cristeros. Il a récolté 90 000 entrées. Pour un coup d’essai, cela a été un succès, qui a montré que ce film avait trouvé son public.
Comment trouvez-vous les films que vous distribuez ? Et quels critères retenez-vous ?
Aujourd’hui, ce sont les producteurs qui nous trouvent, car ils connaissent notre identité. Nous avons un comité qui visionne les 50 à 100 films qui nous sont proposés chaque année. Nous en sélectionnons seulement 15 à 20 par an.
Ce qui nous fait emporter l’adhésion, c’est d’abord l’émotion spirituelle que le film permet de ressentir, et qui donne à voir quelque chose de ce qu’est Dieu, sa miséricorde et son amour. Le second critère est cinématographique et esthétique. Au début de Saje, nous avions moins de choix et les films que nous avons distribués n’étaient pas tous d’une égale qualité visuelle. C’est davantage le cas aujourd’hui. Nous observons aussi que les films qui marchent bien sont ceux qui font tourner de grands acteurs. Le cinéma chrétien sort de la cave !
Selon vous, peut-on évangéliser par le cinéma ?
Je pense aussi au film Jésus l’enquête, qui raconte l’histoire d’un journaliste athée, dont la femme se convertit, et qui essaie de prouver que Dieu n’existe pas, en vain. J’ai entendu beaucoup de témoignages de couples, pour lesquels ce film a été l’occasion de se réconcilier sur le sujet de la foi.
Après avoir vu le film Sacerdoce de Damien Boyer, une femme de pasteur m’a dit que si elle avait croisé dans sa vie des prêtres comme ceux du documentaire, elle serait devenue catholique !
Un film peut-il transmettre un message chrétien, sans être trop explicite au risque de « dire » au lieu de subtilement et artistiquement « montrer » ?
Je crois que les plus grands films sont souvent excellents artistiquement. Je pense notamment à J’y crois encore de Andrew et Jon Erwin, une love story où une jeune fille a un cancer, et qui pose la question de Dieu et du mal tout en étant servi par des acteurs très connus chez les jeunes adultes et les adolescents. Nos partenaires pour ce film étaient d’ailleurs Aufeminin ou encore NRJ12 !
Parlez-nous d’une rencontre qui vous a marqué ces dernières années dans le milieu du cinéma…
C’est celle de Gad Elmaleh et de son film Reste un peu, sorti en 2022, où il fait son « coming-out spirituel ». Ce n’est pas le récit d’une conversion, mais cela manifeste une quête de Dieu et de spiritualité. Le film a eu un impact libérateur dans le monde du cinéma. Je connais des stars que le film a rejointes, ou stimulées. Certains ont dit après avoir vu le film : « Moi aussi, je suis chrétien ».