Le Parvis des gentils à Bologne : explications du P. Laurent Mazas

Dialogue sur le temps, autour du plus ancien rouleau de la Torah

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Le « Parvis des gentils » s’arrête à Bologne autour du plus ancien rouleau de la Torah retrouvé par un chercheur de l’université : un dialogue sur le thème du temps, explique à Zenit le directeur du « Parvis des gentils » au sein du Conseil pontifical pour la culture, le P. Laurent Mazas.

La nouvelle édition du « Parvis des gentils » est en effet organisée en Italie, à Bologne, ces trois jours-ci, du 26 au 28 septembre.

Le « Parvis des gentils » a démarré à Paris, à la Sorbonne, à l’UNESCO, à l’Académie française et à Notre Dame. Mais il avait été préparé justement à l’université de Bologne.

Zenit – Quelles sont les étapes de ce « Parvis » de Bologne ?

P. Laurent Mazas – Sur le thème du temps, le « Parvis des gentils » de Bologne est l’occasion de faire dialoguer des personnes qui viennent d’horizons totalement différents – cardinal, musicien, médecins, etc – pour montrer comment le temps intervient dans la vie des hommes, d’une multiple manière. Le « parvis des gentils » c’est un espace où tous peuvent se rencontrer et Bologne est un lieu idéal pour cela.

Un dialogue entre croyants et non-croyants voulu par le pape Benoît XVI, et l’on va fêter les cinq ans de son discours sur le « Parvis »…

Oui, voulu par Benoît XVI, et en quelque sorte confirmé, d’abord par le synode des évêques sur la Nouvelle évangélisation, comme un des éléments importants de la Nouvelle évangélisation dans les cités.  Et puis aussi par le pape François qui nous a demandé d’organiser à Buenos Aires – ce sera à la fin du mois de novembre – un grand événement sur la responsabilité sociale, et puis ce grand écrivain, Borgès.

L’origine du terme, c’est le « Parvis des gentils » du Temple de Jérusalem…

Dans le Temple de Jérusalem, il y avait, au cœur,  la partie du Saint des Saints, réservé au grand prêtre. Autour,  il y avait tout le parvis où accédaient les Juifs, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre Et puis il y avait un espace pur ceux qui ne partageaient pas la foi d’Israël mais s’interrogeaient sur l’existence de Dieu, sur la Bible. Ils venaient interroger les scribes. C’est sur ce parvis que Jésus a chassé les vendeurs en disant : « Vous avez fait de cette maison de prière une maison de trafic. »

Dans l’événement de Bologne il y a quelque chose d’extraordinaire – et peut-être d’autant plus au moment des grandes fêtes juives d’automne ! – c’est que l’on a retrouvé, en terre universitaire, un rouleau de la Torah – du Pentateuque – très ancien : pour la première fois elle sera présentée pendant le « Parvis », avec le cardinal Ravasi qui est lui-même bibliste de formation et avec le grand rabbin de Bologne…

Oui, il ne faut pas oublier que le « Parvis des gentils » c’est le dialogue entre croyants et non-croyants, on en dit pas « catholiques » et non-croyants. Donc quand on est allé à Stockholm, par exemple, on a fait le « Parvis des gentils » avec les Luthériens. Là, il y a ce moment exceptionnel avec le plus ancien rouleau de la Torah qui existe : il a été retrouvé dans la bibliothèque de Bologne. Cela nous fait aussi, réfléchir sur le temps sacré, le temps de Dieu.

A part Buenos Aires, quels sont vos autres projets ?

Il y a une activité que l’on apprécie beaucoup, et qui a un grand succès auprès des étudiants : le « Parvis des étudiants » où l’on fait se rencontrer des étudiants des lycées publics de Rome. On a fait une première édition sur l’économie. Celle-ci sera sur la musique. Ensuite, on choisira d’autres thèmes adaptés aux jeunes d’aujourd’hui. Il y a donc une dimension éducative et culturelle : c’est aussi une occasion de faire réfléchir les étudiants, à partir de leur point de vue,  de leur apprendre à dialoguer avec les autres, à poser des questions, qui sont les questions de l’existence humaine.

Vous avez aussi conclu un accord avec le Ministère italien de l’instruction, de l’université et de la recherche pour un concours qui implique, et c’est très exigent, le primaire et le secondaire?

Toutes les écoles d’Italie, publiques ou privées, tous les niveaux, écoles primaires, collèges et lycées, peuvent participer à un concours qui est fait ensemble par le « Parvis des gentils » et le ministère italien. Les enfants peuvent proposer des créations, que ce soient des poèmes, des textes, des films, des images, des chansons, toutes sortes de créations,  autour d’un thème. L’édition précédente était sur la « voie de la beauté ». Cette année, on a choisi un thème lié à la question de la justice, face à la culture, comme on dit en italien « dello scarto »,  cette société du « gaspillage » : « le soin de l’autre », c’est-à-dire comment ne pas gaspiller aussi sa relation avec l’autre.

Remise du Prix le 30 septembre ?

Au musée « MAXXI » de Rome. Et les jeunes auront une visite dans les musées du Vatican, qui représentent le grand art, classique. Et ensuite le MAXXI qui est le musée d’art du XXIe siècle.  Donc deux monde de l’art, deux atmosphères tout à fait différentes.

Ce qui n’est pas commun, c’est que le « Parvis des gentils », section du Conseil pontifical pour la culture, a donné naissance à une fondation…

Une fondation très active qui a à sa tête un ancien Premier ministre, Giuliano Amato, qui a été Président du Conseil en Italie et qui est non-croyant. Il est extrêmement actif, passionné par le Parvis des gentils, et il est en train de mobiliser beaucoup de monde. Par exemple, au mois de mai, on a fait une rencontre au Parlement italien, sur la question de la fin de la vie : pas seulement « l’euthanasie » mais toute la fin de la vie humaine. Et tous ceux qui y ont participé se retrouveront pour une rencontre avec les politiques, à portes fermées, pour essayer de réfléchir ensemble sur ce que doit être la loi, ou peut-être surtout sur ce qu’elle ne doit pas être.

Vous avez aussi annoncé une rencontre à Pavie : Pavie, c’est saint Augustin ?

Pavie c’est une université connue dans le domaine des sciences et notamment des neurosciences. Certes, il y aura une dimension de littérature classique et saint Augustin, et puis aussi le domaine de la science.

Qui sont vos mécènes ?

L’événement de Bologne est sponsorisé par Finmeccanica, le premier groupe industriel italien, la banque Unicredit, les montres suisses Baum et Mercier. Finmeccanica travaille, je le leur ai dit pour plaisanter, sur la mise au point d’une horloge d’une précision « diabolique », qui sert pour les satellites : ils sont connus en France pour les satellites du projet Galileo. Et puis effectivement on a un certain nombre de sociétés qui essayent de nous aider.

Comment résumer la vocation du « Parvis des gentils » ?

C’est en allant à la rencontre des autres qu’on peut leur transmettre ce qu’on a de plus profond dans son cœur et le but du « Parvis des gentils » c’est d’aller à la rencontre les uns des autres, dans un profond respect. En étant aussi capable d’écouter l’autre, parce que même si pour nous, sa pensée est dans l’erreur, cela nous aide à grandir dans notre foi parce qu’elle nous aide aussi à préciser les raisons de notre espérance.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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