Mons. Romero arzobispo de El Salvador

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Le bienheureux Oscar Romero, au service des pauvres et des opprimés

Le pape François évoque le nouveau bienheureux du Salvador, Mgr Oscar Romero. Et le cardinal Amato explique que l’option de Mgr Romero pour les pauvres  « n’était pas idéologique, mais évangélique ».

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Le pape François a évoqué Mgr Oscar Romero, après la prière mariale du Regina Caeli, place Saint-Pierre, en disant: “Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador, a été tué en haine de la foi alors qu’il célébrait l’eucharistie. Ce pasteur zélé a choisi, à l’exemple de Jésus, d’être au milieu de son peuple, spécialement les pauvres, et les opprimés, aussi au prix de la vie.”

Le pape a aussi évoqué la béatification de soeur Irene Stefani, missionnaire italienne, au Kenya.: “Que l’exemple héroïque de ces bienheureux suscite en chacun de nous le vif désir de témoignage de l’Evangile avec courage et abnégation”, a dit le pape.

Un prêtre bon et un évêque sage

La béatification a eu lieu samedi 23 mai, à San Salvador, sur la Plaza del Divino Salvador del Mundo.</p>

Mgr Oscar Arnulfo Romero Galdámez a été béatifié comme martyr : il a été assassiné en haine de la foi le 24 mars 1980 par un tueur des escadrons de la mort, alors qu’il célébrait la messe dans la chapelle d’un hôpital. Un seul coup de feu, mortel. Le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, a présidé la célébration au nom du pape François. Il a évoqué la figure de l’archevêque martyr au micro de Radio Vatican en italien

Il revient sur le martyre : « « Le pape François résume bien l’identité sacerdotale et pastorale de Romero, quand il l’appelle un « évêque et martyr, pasteur selon le cœur du Christ, évangélisateur et père des pauvres, témoin héroïque du Royaume de Dieu, Royaume de justice, de fraternité et de paix ». Romero était en effet un prêtre bon et un évêque sage. Mais c’était surtout un homme vertueux. Il aimait Jésus, il l’adorait dans l’Eucharistie, il aimait l’Église, il vénérait la Bienheureuse Vierge Marie et il aimait son peuple. Son martyre ne fut pas une improvisation mais il a été longtemps préparé. Jeune séminariste à Rome, peu avant son ordination sacerdotale, il écrivait dans ses notes : « Cette année, je ferai ma grande remise à Dieu ! Mon Dieu, aide-moi, prépare-moi. Tu es tout, je ne suis rien, et pourtant, ton amour veut que je sois beaucoup. Courage ! Avec ton tout et avec mon rien, nous ferons ce beaucoup ».

Un timide fort devant la menace 

L’assassinat de Mgr Romero a suivi celui du jésuite Rutilio Grande, qui a été aussi un « tournant » pour Mgr Romero : « Ce qui a été un tournant dans sa vie de pasteur doux et presque timide fut le meurtre, le 12 mars 1977, du père Rutilio Grande, prêtre jésuite salvadorien, qui avait quitté l’enseignement universitaire pour se faire curé des « campesinos » (les paysans latino-américains, ndlr), opprimés et marginalisés. Cela a été l’événement qui a touché le cœur de l’archevêque Romero, qui a pleuré son prêtre comme pouvait le faire une mère pour son propre fils. Il s’est immédiatement rendu à Aguilares pour la messe de suffrage, et a passé la nuit à pleurer en veillant et en priant pour les trois victimes innocentes, pour le père Rutilio et les deux paysans qui l’accompagnaient. Les « campesinos » étaient restés orphelins de leur bon père. Romero a voulu prendre sa place. Dans son homélie, l’archevêque déclara : « La libération que le père Rutilio Grande prêchait est inspirée par sa foi, une foi qui nous parle de la vie éternelle, une foi que maintenant, le visage tourné vers le ciel, accompagné des deux « campesinos », il montre dans sa totalité, dans sa perfection : la libération qui aboutit dans le bonheur en Dieu, la libération qui naît du repentir du péché, la libération qui se fonde sur le Christ, l’unique force salvatrice ». »

Une option évangélique pour les pauvres

Il a alors eu des paroles encore plus claires pour défendre l’Église, aux côtés du peuple opprimé, en dépit des menaces qu’il recevait tous les jours : « Oui. « J’ai considéré comme un devoir, a-t-il écrit, de me positionner résolument en défense de mon Église et aux côtés de mon peuple si opprimé et brimé. Mais ses paroles n’étaient pas une incitation à la haine et à la vengeance, mais l’exhortation vibrante d’un père à ses enfants divisés, qui étaient invités à l’amour, au pardon et à la concorde. En contemplant la beauté de la nature et la splendeur du paysage salvadorien, l’archevêque avait l’habitude de dire que le ciel doit commencer ici sur la terre. Il regardait sa chère patrie si tourmentée avec l’espérance au cœur. Il rêvait qu’un jour, sur les ruines du mal, brille la gloire de Dieu et son amour.

Son option pour les pauvres n’était pas idéologique, mais évangélique. »

Et de préciser : « Son option pour les pauvres n’était pas idéologique, mais évangélique. Sa charité s’étendait aussi aux persécuteurs auxquels il prêchait la conversion au bien, et auxquels il assurait le pardon, en dépit de tout. Il était habitué à être miséricordieux. Sa générosité qui lui faisait donner à ceux qui demandaient, était – selon les dires des témoins –large, totale, surabondante. Il donnait à ceux qui demandaient. Parfois il disait que si on lui rendait l’argent qu’il avait distribué, il se serait retrouvé millionnaire.

Des saints pour l’Amérique latine

Cette béatification fortifie les chrétiens d’Amérique latine, ajoute le cardinal Amato : « Romero est une autre étoile très lumineuse qui s’allume dans le firmament spirituel américain. Il appartient à la sainteté de l’Église américaine. Grâce à Dieu, il y a de nombreux saints sur ce merveilleux continent. Récemment, le pape François en a évoqué quelques-uns. En plus de frère Junipero Serra, qui sera canonisé le 23 septembre prochain à Washington D.C., le Saint-Père énumérait beaucoup d’autres saints et saintes qui se sont distingués par différents charismes : Rose de Lima, Mariana de Quito, Teresita des Andes; Toribio de Mogrovejo, François de Laval, Rafael Guizar Valencia; Juan Diego et Kateri Tekakwhita; Pierre Claver, Martín de Porres, Alberto Hurtado; Francesca Cabrini, Elisabeth Ann Seaton et Catalina Drexel; Francisco Solano, José de Anchieta, Alonso de Barzana, María Antonia de Paz y Figueroa, José Gabriel del Rosario Brochero et des martyrs comme Roque González, Miguel Pro et Oscar Arnulfo Romero. Les saints et les martyrs américains, qui prient devant le Seigneur pour leurs frères et sœurs encore pèlerins sur cette terre, sont nombreux. Le bienheureux Oscar Romero appartient à ce vent de sainteté impétueux qui souffle sur le continent américain, terre d’amour et de fidélité à la bonne nouvelle de l’Évangile. »

Traduction de l’interview par Constance Roques

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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