Six mille jeunes étaient réunis à Avila, du 5 au 9 août 2015, en ce cinquième centenaire de la naissance de sainte Thérèse de Jésus. Cette rencontre européenne, placée sous le signe de la Madre, se voulait aussi un envoi vers la prochaine Journée mondiale de la jeunesse, à Cracovie (Pologne), en juillet 2016. Le pape François a envoyé un message, signé par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, au président de la Conférence des évêques espagnols, le cardinal Ricardo Blázquez. Le pape est parti du thème de la rencontre, tiré d’une phrase de sainte Thérèse : « Dans les temps difficiles, être des amis forts de Dieu » pour souligner « la soif de vérité, de bonté et de beauté » des jeunes. Récit d’une rencontre… à rebondissements !
M. G.
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Par Ávila José Beltrán
Samedi 8 août au soir. Il est environ onze heures. Un vent fort souffle près des murs d’Avila et les bougies parviennent difficilement à rester allumées plus de quelques secondes. Soudain, les écrans de centaines de téléphones portables illuminent la ville. La veillée à la lueur des bougies se transforme en une « prière en ligne ».
C’est ce qu’a exprimé dans son homélie Mgr Xavier Novell, le plus jeune évêque d’Espagne, qui présidait la veillée. Reprenant la parabole de la vigne et des sarments, que Jésus adressa à des paysans, l’évêque a su rejoindre cette nouvelle génération avec le langage des jeunes qui vivent collés à leur téléphone, la « génération Smartphone », comme il l’a appelée.
« Vous êtes comme le portable, dit Jésus, et moi, je suis comme votre source d’énergie et votre couverture réseau. Sans moi, vous ne pouvez rien faire, vous êtes un instrument intelligent mais inutile. Vous, sans moi, vous vous éteignez », a expliqué Mgr Novell avant d’introduire à l’exposition du Saint-Sacrement : « Dans peu de temps, je serai présent pour vous tous. J’irradierai mon amour sur vous tous, je vous couvrirai de millions de mégas d’amour. Connectez-vous à moi. Demeurez en mon réseau et vous n’en chercherez jamais plus d’autres. Mon amour ne craint pas la concurrence. »
Les applaudissements immédiats et sonores aux paroles de l’évêque ont démontré qu’il avait bien compris l’engagement de la Conférence épiscopale à hacer lio (« faire du vacarme »), donnant un tournant à la pastorale des jeunes pour harmoniser le message de l’Église avec le langage, les inquiétudes et la réalité que vivent ces natifs du numérique.
L’homélie du cardinal Ricardo Blázquez, lors de l’Eucharistie de clôture à laquelle ont participé huit mille personnes venues de douze pays, a emprunté le même ton. Le président de la Conférence épiscopale a abordé le problème principal auquel sont confrontés les croyants et les non-croyants dans la société espagnole : la stagnation. Le cardinal a dénoncé le chômage « si vaste, ample, dur et durable » et a reconnu que « la société vous doit une plus grande solidarité ». Face à cela, il a invité ces jeunes à « ne pas se laisser aller au découragement et à l’indignation » et a affirmé devant les pèlerins que l’Eucharistie dominicale était « la fête de la foi » qui « nous envoie vers toutes les périphéries ».
Au cours de la conférence de presse qui a suivi, le cardinal a souligné encore une fois que « le fait que 50 % des jeunes n’ont pas un travail stable pour pouvoir former une famille et gagner leur pain quotidien à la sueur de leur front n’est pas le symptôme d’une société sereine ».
Le pape François les a aussi encouragés dans un message signé par le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin. Il a recommandé aux jeunes de « ne pas se conformer à une vie médiocre et sans aspirations » mais de « s’efforcer à grandir dans une vie profonde d’amitié avec le Christ ». Le pape est parti du thème de la rencontre, tiré d’une phrase de sainte Thérèse : « Dans les temps difficiles, être des amis forts de Dieu » pour souligner « la soif de vérité, de bonté et de beauté » des jeunes.
Pour se préparer à la messe qui a lancé la Journée mondiale de la jeunesse, prévue en Pologne en juillet 2016, les 6 000 jeunes ont participé à quatre jours de rencontre, expérimentant une nouvelle manière d’être par rapport à d’autres événements organisés par les évêques espagnols.
En suivant peut-être la maxime de don Bosco « Aimons ce qu’aiment les jeunes », les évêques ont cherché à traduire le message de l’Évangile pour ceux qui communiquent à travers les 140 caractères de Twitter. Comme l’a noté l’évêque d’Avila, Mgr Jesús García Burillo, « toute l’Église participe à cet esprit de transformation et de changement. Sainte Thérèse a été pour nous une référence dans la recherche de cet équilibre : elle-même, dans son programme de réforme du Carmel, a décidé de consacrer deux heures par jour à la récréation, à savoir autant de récréation que de prière. Elle unit parfaitement la joie de la vie à la profondeur de la vie chrétienne. C’est ce que nous avons cherché ces jours-ci : que les jeunes expérimentent concrètement et avec dynamisme les enseignements de l’Évangile ». Mgr García Burillo a aussi précisé : « Vous n’êtes pas venus prier devant une image, mais vous avez été attirés par l’esprit de la sainte pour saisir les lignes essentielles capables de s’exprimer dans un projet de vie pour votre quotidien. »
Ainsi, un programme axé sur la sensibilisation et la première annonce a été adapté pour les adolescents, ainsi qu’un itinéraire pour les jeunes à partir de 18 ans. La catéchèse et les célébrations eucharistiques des évêques étaient centrées sur la vie, la pensée et les écrits de Thérèse de Jésus. En soirée : une comédie musicale et des concerts avec des artistes catholiques, mais aussi des chanteurs en tête des ventes en Espagne, comme Pablo López et le père Damián, religieux rédemptoriste qui a participé à l’émission The Voice. Le logo de la rencontre est une peinture de sœur Isabella Guerra représentant l’Immaculée, jeune, qui traversera tous les diocèses espagnols jusqu’à la prochaine JMJ. Elle évoque l’esprit de ces journées vécues par une Église qui cherche à se connecter à la génération de WhatsApp. À travers la parabole du Smartphone !
© Traduction de Zenit, Constance Roques