Audience générale du 6 mai 2020 © Vatican Media

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Catéchèse : le pape loue « l’obstination si belle » de l’aveugle Bartimée

Nouveau cycle sur la prière (Traduction intégrale)

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Il y a, « dans le coeur de l’homme », une voix « qui s’interroge sur le sens de notre chemin ici-bas, surtout quand nous nous trouvons dans l’obscurité », a affirmé le pape François. Cette « voix qui invoque », cette prière, « vient de notre état de précarité, de notre continuelle soif de Dieu ». L’aveugle Bartimée de l’évangile de Marc, qui crie jusqu’à ce que Jésus l’entende et s’arrête, manifeste, a expliqué le pape, « cette obstination si belle de ceux qui cherchent une grâce et qui frappent, qui frappent à la porte du coeur de Dieu ».

Le pape François a commencé un nouveau cycle de catéchèses sur la prière, ce mercredi 6 mai 2020, au cours de l’audience qui a été transmise en direct streaming de la Bibliothèque du Palais apostolique du Vatican, comme c’est l’usage depuis le début du confinement à Rome. Le pape a défini la prière comme « la respiration de la foi », « son expression la plus authentique », un « cri qui sort du coeur de celui qui croit et qui se confie en Dieu ».

Le cri de Bartimée est comme « une profession de foi », qui touche « le coeur de Dieu et les portes du salut s’ouvrent pour lui », a fait observer le pape. Jéus reconnaît « toute la puissance de la foi de cet homme pauvre, démuni et méprisé, qui attire la miséricorde et la puissance de Dieu ». La foi, a-t-il encore dit, c’est cette « protestation contre une condition difficile dont nous ne comprenons pas la raison » et c’est en même temps, « avoir deux mains levées et une voix qui crie pour implorer le don du salut ».

Voici notre traduction de la catéchèse du pape François.

HG

Catéchèse en italien du pape François (Traduction intégrale)

Chers frères et soeurs, bonjour !

Aujourd’hui nous commençons un nouveau cycle de catéchèses sur le thème de la prière. La prière est la respiration de la foi, c’est son expression la plus authentique. Comme un cri qui sort du coeur de celui qui croit et qui se confie en Dieu.

Pensons à l’histoire de Bartimée, un personnage de l’Évangile (cf. Mc 10, 46-52) et, je vous le confesse, pour moi, c’est le plus sympathique de tous. Il était aveugle, assis à mendier au bord de la route à la périphérie de sa ville, Jéricho. Ce n’est pas un personnage anonyme ; il a un visage, un nom : Bartimée, c’est-à-dire « fils de Timée ». Un jour, il entend dire que Jésus allait passer par là. En effet, Jéricho était un carrefour de gens, continuellement traversé par des pèlerins et des marchands. Alors Bartimée se poste là : il aurait fait l’impossible pour rencontrer Jésus. Nombreux étaient ceux qui faisaient la même chose : souvenons-nous de Zachée, qui est monté dans l’arbre. Beaucoup voulaient voir Jésus, et lui aussi.

Cet homme entre ainsi dans les Évangiles comme une voix qui crie à tue-tête. Lui, il ne nous voit pas ; il ne sait pas si Jésus est près ou loin, mais il l’entend, il le comprend à partir de la foule qui, à un certain moment, augmente et s’approche…. Mais lui, il est complètement seul et personne ne se préoccupe de lui. Et Bartimée, que fait-il ? Il crie. Et il crie, et il continue de crier. Il utilise la seule arme à sa disposition : sa voix. Il commence à crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » (v.47). Et il continue ainsi de crier.

Ses hurlements répétés dérangent, cela ne fait pas bien-élevé et beaucoup lui font des reproches, lui disent de se taire : « Mais tiens-toi bien, pas comme cela ! ». Mais Bartimée ne se tait pas, au contraire, il crie encore plus fort : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » (v.47). Cette obstination si belle de ceux qui cherchent une grâce et qui frappent, qui frappent à la porte du coeur de Dieu. Il crie, il frappe. Cette expression, « Fils de David », est très importante ; cela signifie « le Messie » – il confesse le Messie – , c’est une profession de foi qui sort de la bouche de cet homme méprisé de tous.

Et Jésus écoute son cri. La prière de Bartimée touche son coeur, le coeur de Dieu et les portes du salut s’ouvrent pour lui. Jésus le fait appeler. Il bondit et ceux qui, auparavant, lui disaient de se taire, le conduisent maintenant au Maître. Jésus lui parle, lui demande d’exprimer son désir – c’est important – alors, le cri devient une demande : « Seigneur, que je retrouve la vue ! » (cf. v.51).

Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé » (v.52). Il reconnaît toute la puissance de la foi de cet homme pauvre, démuni et méprisé, qui attire la miséricorde et la puissance de Dieu. La foi, c’est avoir deux mains levées et une voix qui crie pour implorer le don du salut. Le Catéchisme affirme que « l’humilité est le fondement de la prière » (Catéchisme de l’Église catholique, 2559). La prière vient de la terre, de l’humus – d’où découle « humble », « humilité » – ; elle vient de notre état de précarité, de notre continuelle soif de Dieu (cf. ibid., 2560-2561).

La foi, nous l’avons vu avec Bartimée, est un cri ; la non-foi, c’est étouffer ce cri. Cette attitude qu’avaient les gens, pour le faire taire : ce n’était pas des gens de foi, lui en revanche, si. Étouffer ce cri, c’est une forme d’ “omerta“. La foi est une protestation contre une condition difficile dont nous ne comprenons pas la raison ; la non-foi, c’est se limiter à subir une situation à laquelle nous nous sommes adaptés. La foi est l’espérance d’être sauvés ; la non-foi, c’est s’habituer au mal qui nous opprime et continuer ainsi.

Chers frères et soeurs, nous entamons cette série de catéchèses avec le cri de Bartimée, peut-être parce que dans une figure comme la sienne, tout est déjà écrit. Bartimée est un homme persévérant. Autour de lui, il y avait des gens qui expliquaient qu’il était inutile d’implorer, que c’était un braillement sans réponse, que c’était du tapage qui dérangeait et c’est tout, qu’il cesse s’il vous plaît de crier : mais lui, il n’est pas resté en silence. Et il a finalement obtenu ce qu’il voulait.

Plus forte que n’importe quelle argumentation contraire, il y a dans le coeur de l’homme une voix qui invoque. Nous avons tous cette voix, en nous. Une voix qui sort spontanément, sans que personne ne la commande, une voix qui s’interroge sur le sens de notre chemin ici-bas, surtout quand nous nous trouvons dans l’obscurité : « Jésus, aie pitié de moi ! Jésus, aie pitié de moi ! ». Belle prière, celle-là.

Mais ces paroles ne seraient-elles pas gravées dans la création tout entière ? Tout invoque et supplie pour que le mystère de la miséricorde trouve son accomplissement définitif. Les chrétiens ne sont pas les seuls à prier : ils partagent le cri de la prière avec tous les hommes et avec toutes les femmes. Mais l’horizon peut être encore élargi : Paul affirme que la création tout entière « gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement » (Rm 8,22). Les artistes se font souvent les interprètes de ce cri silencieux de la création, qui perce en toute créature et qui émerge surtout dans le coeur de l’homme, parce que l’homme est un « mendiant de Dieu » (cf. CCC, 2559). Une belle définition de l’homme : « mendiant de Dieu ». Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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