Corée : Un jeune catholique objecteur de conscience risque la prison

Etudiant à l’université catholique de Séoul

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ROME, Vendredi 11 Novembre 2005 (ZENIT.org) – Un jeune catholique de Corée risque la prison pour son refus d’effectuer le service militaire obligatoire, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org, EDA n. 428).

Pius Ko Dong-ju est âgé de 24 ans. Catholique, il est étudiant en sociologie à l’Université catholique de Corée, gérée par l’archidiocèse de Séoul. Depuis le 11 octobre dernier, jour théorique de son incorporation pour le service militaire obligatoire – d’une durée de deux ans –, il évite de fréquenter le campus par peur d’être interpellé et envoyé de force sous les drapeaux. Croyant et pratiquant, deuxième d’une famille de quatre enfants dont les parents sont aussi des catholiques fervents, Pius Ko justifie son refus du service national parce que, ainsi qu’il l’explique, l’entraînement qu’il recevrait à l’armée – « poignarder, tirer, lancer des grenades et d’autres formes de combat » – irait contre sa foi. La Bonne Nouvelle de Jésus étant l’amour du prochain, précise l’étudiant qui est membre de l’Association des étudiants catholiques de Séoul depuis 1999, revêtir l’uniforme militaire équivaut à tout le contraire : « La peur et la haine qui débouchent sur la guerre ».

Selon les lois en vigueur en Corée, le service militaire est obligatoire pour tous les garçons. D’une durée d’environ deux ans, il est effectué au sein de l’armée ou des forces de police anti-émeute. Il doit être accompli entre l’âge de 20 et 24 ans, sauf sursis accordé pour études ou d’autres motifs. Dans tous les cas, il doit être effectué avant l’âge de 35 ans. Régulièrement, la Corée du Sud est épinglée par les organisations internationales de défense des droits de l’homme pour son refus répété de reconnaître le droit à l’objection de conscience pour des motifs religieux ou moraux. En effet, chaque année, plusieurs centaines de jeunes hommes sont interpellés pour refus de servir sous les drapeaux. La plupart d’entre eux sont des Témoins de Jéhovah et quasiment tous sont condamnés à une peine de prison ferme de dix-huit mois (1).

Selon Francis An Won-young, coordinateur du mouvement « Jeunesse catholique pour la paix », Pius Ko est le premier catholique à se déclarer publiquement en tant qu’objecteur de conscience. De son côté, le jeune homme appelle l’Assemblée nationale à introduire un projet de loi mettant en place un service alternatif à la conscription obligatoire. Selon lui, le pays se prive d’une richesse en jetant en prison des jeunes qui y sont improductifs, alors qu’ils pourraient servir la société différemment.

De son côté, un aumônier de l’Association des étudiants catholiques de Séoul déclare, en demandant l’anonymat : « A titre personnel, je respecte les convictions de Ko, mais je ne peux pas en dire plus étant donné que l’Eglise locale n’a pas pris position sur le sujet. Le problème est plutôt sensible en ce moment. » Il ajoute seulement qu’à ce jour, l’Eglise de Corée n’a pas accordé une grande attention à l’objection de conscience.

(1) Voir EDA 399, 402. Selon les chiffres de l’armée sud-coréenne, il y a eu 379 objecteurs de conscience en 2001, 825 en 2002, 561 en 2003, 755 en 2004, et 390 depuis le début de cette année. Actuellement, 1 185 objecteurs de conscience sont sous les verrous. A 99,4 %, ils appartiennent aux Témoins de Jéhovah. En juillet 2004, un verdict de la Cour suprême a cassé une décision de justice reconnaissant à un Témoin de Jéhovah le droit à l’objection de conscience.

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ZENIT Staff

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