Mariage de Clément et Maria Faure, 1er mai 2025 dans une maison du Cenacolo à Rome © Anne van Merris

Mariage de Clément et Maria Faure, 1er mai 2025 dans une maison du Cenacolo à Rome © Anne van Merris

Témoignage : « Ou c’est la mort ou tu rentres au Cenacolo »

Rencontre avec Clément et Maria Faure, au service de jeunes dépendants  

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Clément et Maria Faure se sont rencontrés dans la communauté catholique internationale du Cenacolo, ayant pour vocation d’accueillir des jeunes souffrant principalement d’addictions, et qui regroupe différents états de vie à travers le monde.

Ce 1er mai 2025, Clément et Maria se sont mariés à Rome, entourés des équipes encadrantes mais aussi de tous les jeunes qu’ils ont aidés et avec qui ils ont partagé la vie. Zenit les a rencontrés. 

 

Clément 

Le couple a décidé de "s'engager dans la communauté du Cenacolo pour servir" © Clément et Maria Faure 

Le couple a décidé de « s’engager dans la communauté du Cenacolo pour servir » © Clément et Maria Faure

Je suis rentré au Cenacolo il y a 8 ans parce que j’avais besoin de comprendre mon orientation de vie, de faire un point. Même si la communauté a pour mission première d’accueillir des jeunes dépendants, elle existe aussi pour ceux qui ont besoin de se poser ou d’opérer un discernement dans leur vie.

Des prêtres m’avaient conseillé ce lieu pour que je fasse un vrai chemin. Je suis resté trois ans et demi à Lourdes, puis je suis allé à Ars. J’ai ensuite fait un séjour à la maison-mère en Italie du nord, à Saluzzo, pour mieux comprendre le charisme de la communauté. Personnellement, j’ai mis beaucoup de temps à m’intégrer et à comprendre comment me rapprocher des jeunes toxicomanes.

Ce qui est beau, c’est que Maria et moi sommes rentrés au Cenacolo le même jour, mais nous ne nous connaissions pas. C’était à Lourdes, dans deux maisons différentes, et nous ne nous sommes connus que deux ans après ! Aujourd’hui, on a fait le choix ensemble de s’engager dans la communauté du Cenacolo pour servir.

L’organisation de nos journées s’articulent autour de la prière, de la vie fraternelle et du travail. On se lève à 6 heures du matin. On a le premier chapelet dans la chapelle devant le Saint-Sacrement, puis un partage de l’Évangile : comment la Parole de Dieu nous parle aujourd’hui ? Après le petit-déjeuner, on commence la journée de travail, et chacun a ses engagements : certains s’occupent de l’entretien du parc, d’autres du potager, des animaux, etc.

Il est vrai que nous ne sommes jamais seuls au Cenacolo. En général, quand un jeune dépendant arrive en communauté, il a un ange gardien qui l’accompagne tous les jours, car la tentation pour lui est le repli et l’isolement. Cet ange gardien travaille avec lui, partage avec lui, est proche de lui en toutes circonstances pour l’aider à prendre le rythme et à s’intégrer.

Maria

Avec les sœurs du Cenacolo, tenant un portrait de mère Elvira, la fondatrice © Clément et Maria Faure

Avec les sœurs du Cenacolo, tenant un portrait de mère Elvira, la fondatrice © Clément et Maria Faure

Il y a 8 ans également, mon père m’a proposé le rentrer au Cenacolo, parce que je n’étais pas bien : j’étais anorexique et j’avais des problèmes d’alcool. Je n’arrivais pas à m’en sortir toute seule. La communauté m’a beaucoup aidée, et un an après, c’est moi qui ai commencé à aider les jeunes qui arrivaient !

Plus tard, j’ai choisi de rester au Cenacolo pour permettre à d’autres jeunes de s’épanouir, de se retrouver et de se reconstruire. Le fait d’être passée moi-même par cette souffrance me permet de mieux comprendre et aider les autres à surpasser leurs propres difficultés. Le but est qu’ils puissent se dire : « C’est possible ! »

Les jeunes qui arrivent ont souvent une dépendance et sont dans une grande détresse. En fait, le Cenacolo est comme la dernière chance pour eux, le dernier choix possible. C’est un peu : « Ou c’est la mort ou tu rentres au Cenacolo ». Mais s’ils continuent à rester à l’extérieur, ils ne s’en sortent pas, ils le savent. C’est lourd pour eux, car ils laissent toute leur vie, le travail, les amitiés, la famille.

Beaucoup d’entre eux n’ont jamais prié avant d’arriver ou n’ont jamais écouté la Parole de Dieu. Et beaucoup changent en découvrant petit à petit le chapelet, l’adoration, le partage de l’Évangile. Il y a une ambiance spirituelle positive et vivante ici, qui est porteuse. Au début de la fondation du Cenacolo, mère Elvira priait seule. Un jour, un garçon l’a vue. « Qu’est-ce que tu fais à 6 heures du matin ? » lui a-t-il demandé. Elle a répondu : « Je prie. » « Ah, je peux venir ? » a dit le jeune. Et cela a commencé comme ça !

Il y a des conflits évidemment, et c’est normal. Mais on essaie de les partager et de se pardonner mutuellement. On ne vit jamais seuls les conflits, on apprend à les gérer ensemble. Moi-même au début, j’étais en colère et j’ai fini par tout remettre à la Vierge Marie. Je n’avais jamais encore expérimenté la grâce de la prière.

 

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Anne van Merris

Journaliste française, Anne van Merris a été formée à l'Institut européen de journalisme Robert Schuman, à Bruxelles. Elle a été responsable communication au service de l'Église catholique et responsable commerciale dans le privé. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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