Châsse de Bernadette Soubirous © wikimedia commons Roock / Rabanus Flavus / CC BY-SA 3.0

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Sainte Bernadette aujourd’hui transfigurée

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Un « exemple de force humble et souriante »

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Sainte Bernadette Soubirous (7 janvier 1844-16 avril 1879), dont c’est, ce vendredi 18 février 2022, la mémoire liturgique, repose, intacte, derrière un voile de verre, dans la chapelle de la maison mère des sœurs de la Charité de Nevers, en Bourgogne, à quelque 260 kilomètres au sud-est de Paris, elle qui a été toute sa vie un « exemple de force humble et souriante », comme a pu le dire saint Jean XXIII.

La béatification et la canonisation

Une vraie énigme pour la science que ce doux visage comme endormi en Dieu, que ce corps resté flexible, de celle qui a été favorisée de dix-huit apparitions de la Vierge Marie à Lourdes, du 11 février au 16 juillet 1856, à la grotte de Massabielle, à Lourdes, alors qu’elle avait quatorze ans.

Bernadette est arrivée au couvent Saint-Gildard de Nevers à 22 ans, le 7 juillet 1866. Elle y recevra le nom de Sœur Marie-Bernard et elle fera sa profession religieuse le 30 octobre de l’année suivante, après un noviciat marqué par un aggravation de son asthme qui la conduit aux portes de la mort et dont elle réchappe après avoir reçu le sacrement des malades. Elle sera elle-même ensuite aide-infirmière et aide-sacristine.
Elle traversera une épreuve morale avec la publication d’un récit des apparitions non conforme à la vérité, qu’elle devra défendre, malgré son désir de silence.
A partir de 1875 sa santé sera définitivement atteinte, une tuberculose venant s’ajouter à son asthme. Cela ne l’empêchera pas de prononcer ses voeux définitifs le 22 septembre 1878.
Elle s’éteint, des suites d’une pneumonie, à l’infirmerie Sainte-Croix le 16avril 1879, à 15 h 30, à l’âge de 35 ans, après avoir fait ôter toutes les images pieuses de sa chambre pour ne conserver qu’un crucifix.

Le cardinal Vico signe le décret d’héroïcité des vertus de Bernadette Soubirous en décembre 1923. Elle est béatifiée par Pie XI le 14juin1925. Le 3 août, son corps, placé dans une châsse de verre et de bronze, est transféré dans la chapelle Saint-Gildard, où les pèlerins affluent depuis pour prier auprès d’elle: « Le corps de sainte Bernadette repose dans cette chapelle depuis le 3 août 1925 », dit l’inscription.

Elle est canonisée le 8 décembre 1933 par le pape Pie XI, non en raison des apparitions, mais en raison de l’exemplarité de sa vie.
Les mains jointes autour d’un chapelet, la tête inclinée sur son épaule gauche gauche, sainte Bernadette, qui a pourtant enduré de grandes souffrances, offre aux pèlerins l’image du bonheur.
Les trois exhumations 
Historien et scientifique, le p. André Ravier, jésuite, a publié les récits complets des trois exhumations, qui ont eu lieu en 1909, 1919 et 1925, en présence médecins, de magistrats, de fonctionnaires municipaux.
La première exhumation a eu lieu trente ans après sa mort, en présence aussi de religieuses âgées, sœurs de Bernadette, qui l’avaient vue sur son lit de mort: à l’ouverture du cercueil, la revoir intacte, transfigurée, sans plus aucun signes de ses souffrances, leur procura un tel choc qu’elles se trouvèrent mal.  Ses dents, ses ongles, ses cheveux étaient tous en place, sa peau et ses muscles étaient élastiques.
Par contre, l’humidité était telle qu’elle avait corrompu ses vêtements et atteint le chapelet.
Après la deuxième exhumation, de 1919, 40 ans après sa mort, les deux médecins, le Dr Talon et le Dr Comte, ont chacun rédigé leur rapport dans deux pièces différentes, pour garantir leur liberté.
Le Dr Comte constate : « Après examen, je constate que le corps de la Vénérable Bernadette est intact, squelette complet, muscles affaiblis mais bien conservés ; seule la peau était ridée (…). Le corps ne présentait aucun signe de putréfaction ou de décomposition, comme on pouvait naturellement s’y attendre quarante ans après les funérailles. »
Ils ont noté que le corps se trouvait dans le même état que dix ans plus tôt: aucun signe de corruption. La peau était un peu plus foncée, peut-être du fait d’une toilette effectués par les religieuses en 1909.
La troisième et dernière exhumation a été effectuée, comme c’est la tradition,  deux jours avant sa béatification, le 14 juin 1925, et quarante-six ans après sa mort. Une autopsie a été pratiquée – pour obtenir une relique -: ils ont déclaré « inexplicable » du point de vue de la science la parfaite conservation des organes internes.
Une pellicule de cire a seulement été appliquée pour préserver l’aspect de la peau, modifié par la toilette de 1909.
Devant ce phénomène, que présente le corps de différents saints dans l’histoire de l’Eglise, il a été décidé de rendre visible le visage de sainte Bernadette visible aux visiteurs: sa sérénité semble une fenêtre ouverte sur le ciel.
Un exemple « de force humble et souriante »
Saint Jean XXIII dira d’elle à Saint-Louis-des-Français, 18 février 1959: « Bernadette a entendu, elle seule, les confidences de Marie, et elle les a transmises au monde. Et le monde – c’est là le grand miracle d’ordre moral –, le monde y a cru, et continue d’y croire. Combien admirable, chez Bernadette, la parfaite conformité à la doctrine dont la céleste Dame l’avait rendue dépositaire ! Et combien lumineux l’exemple de cette sainteté qui ouvrit à une enfant si petite et si humble la voie des cieux, dans l’au-delà, et lui assura pour toujours sur la terre la gloire des autels et la vénération de tout le peuple chrétien !Quelle doctrine ! Quel exemple ! Quel encouragement pour nous ! Ce qu’il y a de faible dans le monde, dit saint Paul, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre la force ; ce qui dans le monde est sans naissance et qu’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi (1 Co 1, 27-28).

Modèle de la prière à Marie, exemple de force humble et souriante, éloquente par le silence même dans lequel elle s’est enveloppée une fois remplies sa mission, sainte Bernadette nous reporte comme irrésistiblement vers ce vrai centre spirituel de Lourdes, la grotte des apparitions, où les paroles de la Mère de Dieu ne cessent de retentir au cœur de ses enfants. Et en même temps, la voyante qui eut le courage de quitter pour toujours ce lieu de l’ineffable rencontre nous rappelle que Lourdes n’est qu’un point de départ : la grâce qu’on y reçoit est un trésor que, loin d’enfouir stérilement, on doit faire fructifier pour la gloire de Dieu et le service de l’Église. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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