Mme Latifa Ibn Ziaten, capture @ Vatican Media

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Fraternité humaine : le pape François parle au téléphone avec Latifa Ibn Ziaten

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«L’amour aujourd’hui, on en a vraiment besoin»

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« Chaque religion parle d’amour, et l’amour aujourd’hui, on en a vraiment besoin », affirme Latifa Ibn Ziaten, lauréate du Prix Zayed 2021 pour la Fraternité humaine, qui a pu parler au téléphone avec le pape François.

Elle a reçu cette récompense – ainsi que l’autre lauréat, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres – au cours de la rencontre en ligne avec le pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, le 4 février 2021, lors de la première Journée internationale de la Fraternité humaine, instaurée par les Nations Unies, indique Vatican News du 4 février.

« Ils ont vu mon travail, ils sont conscients, explique Latifa Ibn Ziaten. Ils ont vu cette mère qui fait trois-quatre conférences par semaine, dans les écoles, dans les prisons, dans les foyers…» La mère de famille franco-marocaine est persuadée que le prix « va changer beaucoup de choses » dans sa vie : « Dans mon cœur, dans mon esprit, me donner une aide avec des portes qui me seront bientôt ouvertes ». « Je serai – je l’espère et j’en suis certaine – à la hauteur, poursuit-elle, pour aller jusqu’au bout grâce à ce prix-là, le garder avec beaucoup de fierté. »

Il y a quelques jours, Latifa Ibn Ziaten s’est entretenue par téléphone avec le pape François : « Cela m’a énormément touchée, dit-elle. J’espère qu’un jour je le verrai et lui serrerai sa main. Ce sera un grand honneur pour moi de voir ce grand pape. » Elle « n’a pas eu la chance de le voir » lors de son voyage apostolique au Maroc, en 2019 : « J’espère aller le voir à Rome, ce serait un grand honneur de le voir, que ce soit lui ou le Cheikh bin Zayed Al Nahyan, deux grandes personnalités qui resteront gravées dans ma vie. »

Le prix Zayed est le premier prix qui a été remis à la fois par le Grand Imam d’Al-Azhar et par le pape François : « C’est extraordinaire qu’ils aient été ensemble pour signer ce document pour la Fraternité (Document sur la fraternité humaine, signé en février 2019 à Abou Dhabi, ndlr), affirme Latifa Ibn Ziaten, c’est énorme, excellent, c’est quelque chose d’historique, et j’espère que nous tous allons continuer à aller vers la jeunesse, vers le monde entier. »

« Le combat pour la paix »

La lauréate travaille auprès des jeunes en difficulté depuis plus de huit ans, après l’assassinat de son fils Imad par le terroriste Mohammed Merah, à Toulouse, le 11 mars 2012. Elle fait « des projets éducatifs », elle part « avec des groupes de jeunes » « à l’étranger: Israël, Palestine, Maroc, pays européens… Pour montrer l’échange, le vivre-ensemble, pour connaître le respect de l’autre, respecter la différence de l’autre ».

Pour elle, le prix décerné va lui « donner encore plus de courage et de volonté pour continuer » dans sa « démarche, cette mission » qu’elle appelle « le combat pour la paix ». « Ce prix, explique la lauréate, m’a vraiment donné le bonheur, l’espoir, malgré cette blessure profonde dans mon cœur. Cela va m’aider à me relever encore plus et à tendre la main à cette jeunesse. »

Malgré les discours de violence ou de haine qui sont encore très présents en France, Latifa Ibn Ziaten croit que les choses « avancent » : « Elles avancent, c’est important, car sinon je ne continuerais pas à faire mon travail, affirme-t-elle. Vraiment, aujourd’hui, il ne faut pas lâcher. Le jeune a besoin d’un cadre et d’un message de paix. Si l’on est plusieurs, on arrivera à ramener le calme dans le monde. »

Selon elle, les jeunes « ont besoin d’aide, car ils sont enfermés » : « Si l’on ouvre toutes ces cités qui sont fermées, si l’on donne sa chance à cette jeunesse, je suis sûre que l’on vivra tous ensemble sans problème. »

« La religion c’est la paix »

Latifa Ibn Ziaten a été parmi les premiers qui ont apporté leur soutien et leurs condoléances aux catholiques au moment de l’attentat à la cathédrale de Nice, en octobre 2020. Elle pense qu’« il est important aujourd’hui de parler de foi et de paix, parce que la religion aide ». « Moi, quand j’ai perdu mon fils, c’est ma foi qui m’a le plus aidée », dit-elle. « La foi m’a aidée à me relever, car j’ai prié jour et nuit, j’ai dit à Dieu « Aide-moi ». Et chaque lieu où je rentrais, que ce soit une église, une synagogue, n’importe où, j’allumais une bougie pour la paix, pour calmer cette douleur que j’ai dans mon cœur. »

La foi et la religion sont importantes, souligne la mère de famille: « C’est important de s’exprimer sur la foi, de parler avec son cœur et d’aller vers l’autre, sans imposer la religion à l’autre. … La foi est importante. Il est important de croire et de parler aussi de la religion, car la religion c’est la paix. Cela ne parle que de la paix, du vivre-ensemble, de la tolérance et de l’amour. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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