Prière dans l'église de Taizé @ WIKIMEDIA COMMONS - Damir Jelic

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Taizé : « La jeune génération a des intuitions très justes »

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Entretien avec Frère Aloïs

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« La jeune génération a des intuitions très justes concernant l’unité des chrétiens, le dialogue et la réconciliation, l’engagement pour les plus démunis et la solidarité », affirme Frère Aloïs, prieur de la communauté de Taizé.

En cette année 2020, marquée par deux anniversaires – 15 ans de l’anniversaire de la mort du Frère Roger et 80 ans de Taizé – le prieur a accordé une interview au site de l’Église catholique en France, le 17 août dernier. Il a parlé de moments-clés de l’histoire de Taizé, de la figure du Frère Roger, fondateur de la communauté, et de l’attention particulière des Frères aux jeunes.

« Beaucoup de jeunes comprennent intuitivement que l’Évangile nous stimule à dépasser les frontières de peuples, de cultures, d’origines sociales, affirme le prieur : Et encore davantage les frontières confessionnelles ! »

Les jeunes : « cette recherche et cette soif spirituelle »

Frère Aloïs souligne qu’il « continue à constater » chez les jeunes pèlerins « cette recherche et cette soif spirituelle » : « Ils ne cherchent pas seulement un temps fort avec des jeunes de leur âge, explique-t-il, mais aussi une écoute personnelle qui leur permet de partager leurs joies et leurs peines, leurs épreuves et leurs questions ». « En les accueillant à Taizé, nous voulons avant tout être des hommes d’écoute », affirme-t-il.

C’est en fait ce que souhaitait Frère Roger, estime le prieur actuel de Taizé. Le fondateur voulait aussi « redire » sa confiance dans les jeunes, rappelle Frère Aloïs : « Le dernier livre qu’il a publié de son vivant, « Pressens-tu un bonheur ? », s’achève d’ailleurs par ces paroles : « Pour ma part, j’irais jusqu’au bout du monde, si je le pouvais, pour dire et redire ma confiance dans les jeunes générations. »

Dans son interview, le prieur souhaite aussi souligner « un deuxième niveau d’écoute de la jeune génération : il concerne les grands défis du moment pour l’Église et la société » : « Beaucoup de jeunes, dit-il, partagent avec nous leurs engagements et leur recherche pour la sauvegarde de la planète, ils sont vivement conscients que c’est une urgence face au changement climatique qui s’aggrave. Avec eux, nous abordons ces questions à partir de la foi, pour que la peur ne soit pas notre seul guide. »

Le prieur parle également de l’accueil des jeunes en cette période du coronavirus. En raison de la pandémie, explique-t-il, Taizé a dû reporter à l’été 2021 « un week-end d’amitié entre jeunes chrétiens et musulmans et une semaine de réflexion pour les jeunes de 18 à 35 ans ». Cependant, les rencontres internationales continuent « cette année, dans le respect des mesures sanitaires ».

La communauté organise aussi « une rencontre européenne à Taizé » qui aura lieu du 27 décembre 2020 au 1er janvier 2021. Les rencontres européennes traditionnelles, organisées chaque année, « donne à tous ceux qui y participent de faire une expérience extraordinaire d’hospitalité », souligne le prieur. La rencontre européenne de jeunes à Turin, prévue cette année, a été reportée d’un an. La rencontre à Taizé a été proposée à sa place.

Même si « des tensions réelles existent actuellement en Europe », explique le prieur, « il est d’autant plus important de découvrir tout ce que nous avons en commun ». « Sans créer des liens personnels, nous n’arriverons pas à trouver de solutions pour préserver et faire grandir l’unité du continent européen », ajoute-t-il.

Frère Roger : « son esprit reste vivant »

Évoquant la venue de Frère Roger à Taizé, en août 1940, le prieur rappelle qu’il « n’avait que 25 ans » lorsqu’il a « voulu quitter sa Suisse natale pour se rapprocher des graves épreuves du moment ». « Cette décision marque le début de la fondation de la communauté », explique Frère Aloïs.

En rencontrant les jeunes d’aujourd’hui, le prieur actuel leur parle du fondateur de Taizé : « Mais il me semble, dit-il, que, au-delà des paroles, son esprit reste vivant dans notre communauté sans que nous ayons à nous en préoccuper outre mesure. Il disait lui-même que nous étions appelés à montrer le Christ, comme Jean Baptiste, et non pas à nous montrer nous-mêmes. »

Tout au long de sa vie, poursuit Frère Aloïs, « Frère Roger a su faire preuve de l’ouverture nécessaire pour découvrir les signes du temps et adapter la vie fraternelle en conséquence ».

Le quinzième anniversaire de la mort du frère Roger ainsi que 80 ans de Taizé seront célébrés « très simplement », souligne le prieur, au cours de la « prière commune ». Il croit que c’est ce que Frère Roger « aurait souhaité ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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