Les Nations Unies © Mission du Saint-Siège à l'ONU

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ONU : le grave problème du manque de logement dans le monde

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Le Saint-Siège dénonce les pratiques injustes sur le marché du logement

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« Malgré la Déclaration universelle et la Déclaration de Copenhague, le manque de logement est un grave problème dans de nombreuses régions du monde » et dont les conséquences « touchent principalement les personnes en situation de vulnérabilité ». C’est ce qu’a affirmé le représentant du Saint-Siège à l’ONU, qui s’est félicité cependant des efforts consentis « pour examiner des programmes et des projets concrets visant à identifier et à partager des solutions ».

Mgr David P. Charters, chargé d’Affaires a.i. à la Mission permanente d’observation du Saint-Siège auprès des Nations Unies, est intervenu lors de la discussion générale de la 58e session de la Commission pour le développement social, sur le thème : « Logement abordable et systèmes de protection sociale pour tous pour lutter contre le problème des sans-abri », à New York, du 10 au 19 février 2020.

Pour combattre ce fléau, Mgr Charters a suggéré des initiatives, « dont beaucoup sont depuis longtemps mises en œuvre par des institutions caritatives catholiques du monde entier ». Il a plus spécialement souligné la nécessité « de mener des études plus approfondies sur les causes complexes et souvent imbriquées du problème des sans-abri, en ne tenant pas seulement compte  des micro- et macro-données. En particulier, le rôle joué par les pratiques injustes sur le marché du logement mérite l’attention et doit être traité par la réglementation et la législation ».

Voici notre traduction du discours de Mgr David P. Charters

HG

Discours de Mgr David P. Charters

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège est heureux de participer à cette 58e session de la Commission pour le développement social consacrée au thème « Logement abordable et systèmes de protection sociale pour tous pour lutter contre le problème des sans-abri ». (1)

Nous sommes reconnaissants de l’attention portée à cette importante question sociale et espérons que les questions pratiques discutées au cours de cette session nous aideront à prendre des mesures concrètes pour lutter contre le problème des sans-abri dans le monde.

Alors que nous célébrons le 25e anniversaire de la Déclaration de Copenhague sur le développement social (2), nous rappelons avec gratitude l’accent mis sur la manière dont « nos sociétés doivent répondre plus efficacement aux besoins matériels et spirituels des individus, de leurs familles et des communautés dans lesquelles ils vivent dans nos divers pays et régions ». (3) Ma propre délégation a récemment fait observer que, pour parvenir à un développement social significatif tel que celui auquel aspire la Déclaration de Copenhague, « les mesures visant à construire des sociétés qui prennent soin de tous et leur permettent de participer activement à la vie sociale, économique, culturelle et politique nécessitent une vision claire fondée sur le caractère central de la personne humaine, sa dignité humaine et les droits inaliénables qui découlent de cette dignité ». (4)

Un élément essentiel de cette dignité est d’avoir accès à un logement sûr. Il y a plus de soixante-dix ans, la Déclaration universelle des droits de l’homme déclarait avec audace que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille… ce qui inclut un logement ». (5)

Monsieur le Président,

Malgré la Déclaration universelle et la Déclaration de Copenhague, le manque de logement est un grave problème dans de nombreuses régions du monde (6). Il oblige les sans-abri à vivre dans des conditions dépourvues de sécurité, de la protection nécessaire de la vie familiale et de la dignité fondamentale. Toutefois, le problème des sans-abri n’est pas seulement le fait d’être privé d’un espace physique dans lequel on peut habiter. Il représente également une perte de la famille, des amis et de la communauté. En outre, le problème des sans-abri – qu’il s’agisse du manque d’un logement décent ou du manque d’un logement qui corresponde à la dignité de la personne humaine – est inextricablement lié à des phénomènes tels que le manque d’emploi, les protections sociales inadéquates, les politiques d’expulsion et de location injustes, la discrimination, la pauvreté, les conflits violents, la guerre et les catastrophes naturelles. Il est également généré par les séparations familiales et par les politiques et les circonstances économiques qui divisent les familles et les laissent sans le filet de sécurité essentiel que l’on trouve uniquement dans une famille forte et adéquatement soutenue.

Les conséquences du problème des sans-abri touchent principalement les personnes en situation de vulnérabilité. Les chômeurs, les femmes, les enfants, les membres des peuples indigènes, les minorités religieuses ou ethniques, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes sans famille souffrent souvent de la douleur d’être sans abri en plus des autres fardeaux qu’ils portent. Pourtant, « ils sont trop souvent traités avec la même indifférence, comme s’ils n’existaient pas – comme s’il s’agissait d’une situation “normale” qui échoue à toucher les cœurs ». (7)

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège se félicite des panels et des discussions spécifiques mis en place pendant la session de la Commission pour examiner des programmes et des projets concrets visant à identifier et à partager des solutions. Afin de contribuer à la discussion, le Saint-Siège saisit cette occasion pour mettre en évidence trois types d’initiatives, dont beaucoup sont depuis longtemps mises en œuvre par des institutions caritatives catholiques du monde entier pour prendre en charge les personnes sans-abri et les installer dans leur propre logement :

  1. Au « niveau de la rue » : Les personnes sans-abri ont besoin de nourriture, de vêtements et d’un toit. Les soupes populaires, les refuges et les centres de jour gérés par les diocèses et les paroisses, les ordres religieux et les associations de bénévoles fournissent cette aide immédiate et « de première ligne ». Récemment, le pape François a créé des espaces, même sur la place Saint-Pierre, pour distribuer de la nourriture et d’autres produits de première nécessité aux sans-abri, ainsi que pour offrir des installations sanitaires et des douches. Il est également clair, cependant, que les sans-abri ont besoin d’un suivi et de soins pour faire face aux effets psychologiques de la vie en marge de la société – et souvent complètement en dehors. À cet égard, il est essentiel de leur offrir des services allant de l’accompagnement spirituel à la formation professionnelle, afin de garantir leur intégration complète dans la société au sens large.
  2. Au niveau national : Les causes du problème des sans-abri sont diverses et diffèrent d’un État à l’autre et d’une région à l’autre. Il est nécessaire de mener des études plus approfondies sur les causes complexes et souvent imbriquées du problème des sans-abri, en ne tenant pas seulement compte  des micro- et macro-données. En particulier, le rôle joué par les pratiques injustes sur le marché du logement mérite l’attention et doit être traité par la réglementation et la législation.
  3. Au niveau international : Le droit universellement reconnu à un niveau de vie adéquat ne devrait pas être considéré uniquement au sein de cette Commission. Les différents forums des Nations Unies sur les droits de l’homme devraient mettre davantage l’accent sur ce droit social.

En conclusion, le Saint-Siège remercie tous les participants pour leur engagement actif pendant ces huit jours de travail sur le développement social, la dignité humaine et les droits de l’homme.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

____________________

  1. E/CN.5/2020/3.
  2. A/CONF.166/9.
  3. Id. p. 1.
  4. Mgr Bernardito Auza, Déclaration sur le développement social à la Troisième Commission, 1er octobre 2019.
  5. Art. 25 de la DUDH.
  6. Pape François, Lettre encyclique Laudato Si’, n.152, 24 mai 2015.
  7. Pape François, « Comme s’ils n’existaient pas » : Méditation matinale dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe, 16 mars 2017.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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