Blaj (Roumanie) rencontre avec les Roms © Vatican Media

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La demande de pardon du pape François, dans la tradition de ses prédécesseurs, par Andrea Tornielli

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La sollicitude de Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI pour les gens du voyage

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« Quand le pape demande pardon »: on se souvient du titre du livre du « vaticaniste » italien Luigi Accattoli sur saint Jean-Paul II.  On se souvient probablement aussi de la célébration de demande de pardon voulue par Jean-Paul II lors du grand jubilé de la Rédemption, en l’An 200, le 12 mars, à Saint-Pierre.
Eh bien, ce dimanche 2 juin 2019, alors que le pape François a demandé pardon aux Roms, à Blaj (Roumanie) des discriminations dont ils ont fait l’objet de la part de catholiques, et le directeur éditorial du Dicastère pour la communication du Vatican, Andrea Tornielli, rappelle cette « tradition » des pardons demandés par les papes.
Dans la petite église de Barbu Lautaru, le quartier Rom de Blaj, le pape a reconnu en effet: « L’histoire nous dit que même les chrétiens, même les catholiques, ne sont pas étrangers à un tel mal ».
La sollicitude des papes pour les gitans
Il rappelle la sollicitude de saint Paul VI pour les Roms: « L’attention envers ces communautés remonte au 26 septembre 1965, lors du pontificat Paul VI. En célébrant la messe au camp international tzigane près de Pomezia, non loin de Rome, il avait prononcé cette phrase : «Vous n’êtes pas en marge dans l’Église, mais, à certains égards, vous êtes au centre, vous êtes au cœur : vous êtes au cœur de l’Église car vous êtes seuls». Paul VI, qui rappelait à cette occasion les abus, les discriminations et les persécutions subies par ces personnes, n’a pas prononcé de mea culpa. C’est cependant lui qui a inauguré la saison des demandes de pardon envers les autres confessions chrétiennes pour certaines sombres pages du passé. »
A. Tornielli rappelle ce passage concernant les gens du voyage dans la demande de pardon de Jean-Paul II en l’An 2000: «Les chrétiens doivent savoir se repentir des paroles et des comportements qui leur ont parfois été suggérés par l’orgueil, la haine, la volonté de dominer les autres, et l’hostilité envers les groupes sociaux les plus faibles, comme ceux des immigrants et des gitans».
Benoît XVI aussi a accueilli différents groupes des gens du voyage au Vatican, le 11 juin 2011, et il leur a dit, rappelle Tornielli :«Malheureusement, au cours des siècles, vous avez connu le goût amer du manque d’accueil et, parfois, de la persécution… La conscience européenne ne peut oublier autant de souffrances ! Jamais plus votre peuple ne devrait faire l’objet de harcèlement, de rejet et de mépris !»
Les autres pardons de François
Le journaliste et historien italien souligne donc que le pape François, « poursuit sur le chemin déjà tracé ». Et il cite d’autres demandes de pardon formulées par le pape argentin: « Il l’avait déjà fait, par exemple, envers les Indiens du Chiapas en 2015 ou comme en août 2018, face au scandale des abus envers des mineurs, dans la Lettre au peuple de Dieu : «Avec honte et repentir, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être où nous devions être, que nous n’avons pas agi à temps pour reconnaître la dimension et la gravité des dommages causés à de nombreuses vies». »
« Le chemin emprunté par celui qui demande pardon n’est pas toujours facile ni indolore », fait observer Tornielli qui rappelle les critiques à l’encontre de saint Jean-Paul II à ce sujet: « Le Pape Wojtyla, en suivant systématiquement les traces du Concile et de Paul VI, avait suscité diverses critiques au sein de l’Église. Le Pape polonais, au cours de son pontificat, avait prononcé des dizaines de demandes de pardon et avait revisité plusieurs événements du passé. Il avait parlé des croisades, d’un certain acquiescement des catholiques face aux dictatures du XXe siècle, des divisions entre les Églises, des mauvais traitements infligés aux femmes, du procès de Galilée et de l’Inquisition, de la persécution des juifs, des guerres de religions, du comportement des chrétiens face aux autochtones d’Afrique et d’Amérique du sud. »
La « normalité » du pardon
Andrea Tornielli rappelle combien la demande de pardon, le repentir, la réconciliation, la purification, font partie des attitudes chrétiennes fondamentales: « Pour les chrétiens, il est normal (ou cela devrait l’être) de demander pardon, de se reconnaître comme pécheurs, continuellement en quête de purification. »
Il fait observer que ce qui se vit au niveau individuel, personnel, tout le Corps de l’Eglise le vit: « Et même si les fautes ont toujours été et demeurent personnelles, à chaque époque, l’Église cherche à comprendre et à vivre plus fidèlement le message évangélique, en prenant conscience de ses faux pas et des erreurs commises. »
Il reconnaît les objections avancées contre ces demandes de pardon des papes: « L’objection la plus souvent soulevée en opposition aux demandes de pardon par rapport aux événements du passé a ses raisons : on ne peut pas juger ceux qui nous ont précédés à la lumière de la sensibilité actuelle. »
Cependant, il répond en rappelant l’attitude du Christ, dans sa Passion même: « Mais même au cours des siècles passés, il a été possible de comprendre, comme l’ont fait certains prophètes souvent non entendus, que Jésus a toujours été du côté des victimes et jamais de celui des bourreaux, du côté des persécutés et jamais des persécuteurs. Même à l’apôtre Pierre, qui, pour le défendre, avait coupé l’oreille du serviteur du Grand Prêtre, il avait ordonné que l’épée soit remise dans son fourreau. »
En arrivant à la petite église de Blaj, le pape a béni une plaque en marbre rappelant l’extermination des Roms pendant la seconde guerre mondiale.
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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