Audience générale du 17 oct 2018 © Vatican Media

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Le pape invite les jeunes entrepreneurs à Assise en mars 2020, pour révolutionner l'économie

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L’économie de demain, respectueuse de l’humanité et de l’environnement

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Le pape François invite les jeunes économistes et entrepreneurs du monde entier à une rencontre à Assise, du 26 au 28 mars 2020, pour « étudier et pratiquer une économie différente, qui fasse vivre et non pas mourir, qui inclue et non pas exclue, qui humanise et non pas déshumanise, qui prenne soin de la création sans la piller ».
Cette initiative dans la ville de saint François, sur le thème « L’économie de François » (“Economy of Francesco”), verra la participation de sommités dans le domaine de l’économie. Le pape y convie les jeunes, « car, écrit-il, avec votre désir d’un avenir beau et joyeux, vous êtes déjà prophètes d’une économie attentive aux personnes et à l’environnement ».
Le pape souhaite « un “pacte” pour changer l’économie actuelle et donner une âme à l’économie de demain ». Il faut, insiste-t-il dans un message publié le 11 mai 2019, « “ré-animer” l’économie », « donner l’espérance à notre demain, au bénéfice non seulement des plus pauvres, mais de toute l’humanité ». Il s’agit de « corriger les modèles d’une croissance incapables de garantir le respect de l’environnement, l’accueil de la vie, le soin de la famille, la justice sociale, la dignité des travailleurs, les droits des générations futures ».
Au fil de son message, il souligne que l’environnement « a un besoin urgent d’une économie saine et d’un développement durable qui guérisse ses blessures et lui assure un avenir digne ». « Face à cette urgence, affirme-t-il, tous, vraiment tous, nous sommes appelés à revoir nos schémas mentaux et moraux ».
Pour le pape François, « tant que notre système économique et social produira encore une seule victime et tant qu’il y aura une seule personne mise à l’écart, la fête de la fraternité universelle ne pourra pas avoir lieu ».
A Assise avec les jeunes, il souhaite promouvoir « un processus de changement global qui voie un esprit commun » entre tous les hommes de bonne volonté, « au-delà des différences de credo et de nationalité, unis par un idéal de fraternité avant tout attentif aux pauvres et aux exclus ».
« J’invite chacun de vous à être protagoniste de ce pacte, en portant un engagement individuel et collectif pour cultiver ensemble le rêve d’un nouvel humanisme répondant aux attentes de l’homme et au dessein de Dieu », conclut-il.
Voici notre traduction du message du pape.
Aux jeunes économistes, entrepreneurs et entrepreneuses du monde entier 
Chers amis,
Je vous écris pour vous inviter à une initiative que j’ai tant désirée : un événement qui me permette de rencontrer ceux qui aujourd’hui se forment et commencent à étudier et pratiquer une économie différente, qui fasse vivre et non pas mourir, qui inclue et non pas exclue, qui humanise et non pas déshumanise, qui prenne soin de la création sans la piller. Un événement qui nous aide à demeurer ensemble et à nous connaître, et qui nous conduise à faire un “pacte” pour changer l’économie actuelle et donner une âme à l’économie de demain.
Oui, il faut “ré-animer” l’économie ! Et quelle ville est plus adaptée pour cela qu’Assise, qui est un symbole et un message d’un humanisme de la fraternité depuis des siècles ? Si saint Jean-Paul II la choisit comme icône d’une culture de paix, elle me semble à moi aussi un lieu inspirant d’une nouvelle économie. Ici en effet François se dépouilla de toute mondanité pour choisir Dieu comme étoile du berger de sa vie, en se faisant pauvre avec les pauvres, frère universel. De son choix de pauvreté est née aussi une vision de l’économie qui reste très actuelle. Elle peut donner l’espérance à notre demain, au bénéfice non seulement des plus pauvres, mais de toute l’humanité. Ou plutôt elle est nécessaire, pour le destin de toute la planète, notre maison commune, « soeur notre Mère la Terre », comme François l’appelle dans son Cantique de Frère Soleil.
Dans la lettre encyclique Laudato si’ j’ai souligné comment aujourd’hui plus que jamais tout est intimement connecté et que la sauvegarde de l’environnement ne peut pas pas être dissociée de la justice envers les pauvres et de la solution des problèmes structurels de l’économie mondiale. Il faut donc corriger les modèles d’une croissance incapables de garantir le respect de l’environnement, l’accueil de la vie, le soin de la famille, la justice sociale, la dignité des travailleurs, les droits des générations futures. Malheureusement, l’appel à prendre conscience de la gravité des problèmes et surtout à mettre en acte un modèle économique nouveau, fruit d’une culture de la communion, basée sur la fraternité et sur l’équité, reste encore lettre morte.
François d’Assise est l’exemple par excellence du soin pour les vulnérables et d’une écologie intégrale. Me viennent à l’esprit les paroles qui lui ont été adressées par le Crucifix dans la petite église de San Damiano : «Va, François, répare ma maison qui, comme tu le vois, est toute en ruine ». Cette maison à réparer nous concerne tous. Regarde l’Eglise, la société, le cœur de chacun de nous. Regarde toujours plus aussi l’environnement qui a un besoin urgent d’une économie saine et d’un développement durable qui guérisse ses blessures et lui assure un avenir digne.
Face à cette urgence, tous, vraiment tous, nous sommes appelés à revoir nos schémas mentaux et moraux, pour qu’ils soient plus conformes aux commandements de Dieu et aux exigences du bien commun. Mais j’ai pensé à inviter de façon spéciale vous les jeunes car, avec votre désir d’un avenir beau et joyeux, vous êtes déjà prophètes d’une économie attentive aux personnes et à l’environnement.
Très chers jeunes, je sais que vous êtes capables d’écouter avec le cœur les cris toujours angoissants de la terre et de ses pauvres qui cherchent de l’aide et de la responsabilité, c’est-à-dire quelqu’un qui “réponde” et ne se détourne pas. Si vous écoutez votre cœur, vous vous sentirez porteurs d’une culture courageuse et vous n’aurez pas peur de risquer et de vous engager dans la construction d’une nouvelle société. Jésus ressuscité est notre force ! Comme je vous l’ai dit à Panama et écrit dans l’exhortation apostolique post-synodale Christus vivit: « S’il vous plaît, ne laissez pas les autres être protagonistes du changement ! Vous, vous êtes ceux qui ont l’avenir ! Par vous l’avenir entre dans le monde. Je vous demande aussi d’être protagonistes de ce changement. […] Je vous demande d’être constructeurs du monde, de vous mettre au travail pour un monde meilleur. » (n. 174).
Vos universités, vos entreprises, vos organisations sont des chantiers d’espérance pour construire d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès, pour combattre la culture du déchet, pour donner voix à celui qui n’en a pas, pour proposer de nouveaux styles de vie. Tant que notre système économique et social produira encore une seule victime et tant qu’il y aura une seule personne mise à l’écart, la fête de la fraternité universelle ne pourra pas avoir lieu.
Je désire vous rencontrer à Assise pour cela : pour promouvoir ensemble, à travers un “pacte” commun, un processus de changement global qui voie un esprit commun non seulement entre ceux qui ont le don de la foi, mais entre tous les hommes de bonne volonté, au-delà des différences de credo et de nationalité, unis par un idéal de fraternité avant tout attentif aux pauvres et aux exclus. J’invite chacun de vous à être protagoniste de ce pacte, en portant un engagement individuel et collectif pour cultiver ensemble le rêve d’un nouvel humanisme répondant aux attentes de l’homme et au dessein de Dieu.
Le nom de cet événement – “Economy of Francesco” – fait clairement référence au saint d’Assise et à l’Evangile qu’il vécut en totale cohérence aussi sur le plan économique et social. Il nous offre un idéal et, d’une certaine façon, un programme. Pour moi, qui ai pris son nom, il est source d’inspiration continuelle.
Avec vous, et pour vous, je ferai appel à quelques-uns des meilleurs experts et expertes de la science économique, ainsi qu’à des entrepreneurs et entrepreneuses qui aujourd’hui sont déjà engagés au niveau mondial pour une économie cohérente avec ce cadre idéal. J’ai confiance dans le fait qu’ils répondront. Et j’ai surtout confiance en vous les jeunes, capables de rêver et prêts à construire, avec l’aide de Dieu, un monde plus juste et plus beau.
Le rendez-vous est pour les jeunes du 26 au 28 mars 2020. Avec l’évêque d’Assise, dont le prédécesseur Guido accueillit dans sa maison le jeune François dans le geste prophétique de son dépouillement il y a huit siècles, je compte vous accueillir moi aussi. Je vous attends et déjà je vous salue et je vous bénis. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.
Du Vatican, 1er mai 2019
Mémoire de saint Joseph travailleur
FRANÇOIS

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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