Réunion pré-synodale avec les jeunes © Vatican Media

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Jeunes : laisser émerger les questions, sans les anesthésier

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Le pape en dialogue avec les jeunes de la réunion pré-synodale (2)

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« Laisser émerger les questions », sans les « anesthésier » et trouver « une personne sage » pour être accompagné : c’est le conseil du pape François à Maxime Rassion, jeune français non-catholique, président de la «Junior Consulting» de l’Institut Catholique de Paris, qui participait à l’inauguration de la réunion de préparation au Synode d’octobre 2018 sur les jeunes, le  19 mars, à Rome.
Le pape a aussi formulé des recommandations aux accompagnateurs de jeunes : « [Les jeunes] vivent cette inquiétude, quelques inquiétudes, qui bien souvent sont moralement repoussées. [Au contraire], ne pas t’effrayer : prends-la, accompagne-la, aide à discerner. Discerner, accompagner, écouter et chercher à ce que la personne sorte tout et qu’elle-même cherche à trouver la route. »
Devant les 300 jeunes participant à la réunion, au Collège pontifical Maria Mater Ecclesia, il a invité à « avoir le courage de parler des choses qui se produisent » sans maquillage.
Voici notre traduction de la deuxième réponse du pape, en dialogue avec les jeunes.
AK
En dialogue avec le pape (2)

Question n. 2 Maxime RASSION – France

Très Saint-Père, Je m’appelle Maxime, je suis étudiant en Droit à Paris. Je n’ai pas été baptisé et je ne suis pas catholique. Aujourd’hui, comme des milliers de jeunes, croyants ou non, je dois faire des choix, notamment autour de mon orientation professionnelle. Cependant, je suis indécis, perdu et inquiet. Ce choix crucial pour mes études, a fait resurgir en moi, une forme d’insécurité et d’oppression. Comme si je m’étais essentiellement construit sur la forme et non pas sur le fond. Je me retrouve actuellement comme face à un mur, celui du sens profond à donner à ma vie. Je pense avoir besoin de discernement face à ce vide. Je voudrais trouver mes fondations afin de mieux me connaitre, de savoir qui je suis, dans ce monde et par rapport à Dieu. Si je crois en une puissance transcendante, je suis dépassé par l’immensité de l’Eglise et questionné entre ma volonté personnelle ou l’influence que peut avoir un mouvement. J’ai l’impression de ne pas avoir réellement construit ma colonne vertébrale, je voudrais bâtir une forteresse dans mon coeur. Je veux pouvoir choisir et avancer, j’ai cette volonté au plus profond de moi, mais je ne sais pas par ou commencer, savez-vous quel chemin dois-je prendre ? Je vous remercie sincèrement.

Pape François

Je vais te dire : de cette façon, tu as déjà commencé. Le danger est de ne pas laisser surgir les questions. Ce que je vois, c’est que tu les laisses émerger, pour les voir. Tu as déjà commencé ; tu as commencé à laisser émerger les questions, sans anesthésier les questions ! Nos questions fortes – et c’est important, prenez note – peuvent subir le processus du son qu’on baisse, et être anesthésiées un peu, un peu, un peu ou totalement. Il y a une manière « éduquée » d’anesthésier les questions et cela n’est pas social. C’est la technique qui finit dans la corruption avec des gants blancs ! On commence comme cela. La loyauté envers soi-même doit avoir le courage de dire les vérités crues, telles qu’elles sont et se poser les questions crues telles qu’elles sont, sans anesthésie. « Je pense avoir besoin de discernement face à ce vide ». C’est vrai. Nous avons tous besoin de discernement. C’est pourquoi, dans le titre du Synode, il y a ce mot, n’est-ce pas ? Et quand il y a ce vide, cette inquiétude, il faut discerner. Nous devons dire, sur ce point, que de nombreuses communautés ecclésiales ne savent pas le faire ou il leur manque la capacité de discerner. C’est un des problèmes que nous avons, mais il ne faut pas s’effrayer. [Les jeunes] vivent cette inquiétude, quelques inquiétudes, qui bien souvent sont moralement repoussées. [Au contraire], ne pas t’effrayer : prends-la, accompagne-la, aide à discerner. Discerner, accompagner, écouter et chercher à ce que la personne sorte tout et qu’elle-même cherche à trouver la route. Vous aurez ici, par exemple, des facilitateurs dans les groupes : c’est une manière d’aider à faire en sorte que les questions sortent. Ils aident à discerner. Le dialogue, le dialogue pour discerner. Faire que cela t’aide. Cela, c’est par rapport au « besoin de discernement face à ce vide ». Parce qu’il y a un vide à l’intérieur. Dans la vie, il faut toujours avoir deux choses : premièrement, avoir le courage de parler des choses qui se produisent ; mais on ne peut pas parler de tout avec tout le monde ; il y a des choses qui concernent notre identité plus profonde. Cherche quelqu’un en qui tu aies confiance ! Cela peut être une personne âgée, une personne sage, un jeune sage : les jeunes aussi ont la sagesse ! Pense à Salomon. Les jeunes ont la sagesse. Certains jeunes. Cherche une personne sage. Le sage est quelqu’un qui ne s’effraie de rien, qui sait écouter et qui a le don du Seigneur pour dire la parole juste au bon moment. Fais en sorte qu’il soit interpellé par ton inquiétude, et laisse-toi interpeller par lui : le dialogue, non ? Mais ce que tu as dit, Maxime, est une des choses dont nous avons le plus besoin. Tu es président de la « Junior Consulting » de l’Institut Catholique de Paris. Là, tu as l’expérience de la manière dont cela se fait et comment on s’aide en tout cela. C’est important parce que, quand un jeune ne trouve pas cette route du discernement – pas seulement vocationnel, discernement à mille choses, de ce que sens toi-même, non ? – il se fermera de façon négative. Et se refermer ainsi dans la vie, c’est porter en soi une tumeur. Quelque chose d’enfermé dans l’âme qui, tôt ou tard, te fait un poids et t’enlève ta liberté. Il est important de tout ouvrir, de ne pas maquiller ses sentiments, de ne pas mimer ses sentiments. Les pensées qui émergent doivent être [portées] dans le discernement, avec quelqu’un. Je crois que ce que tu dis, que tu voudrais « choisir et avancer », je crois que cette volonté si profonde est précisément le début d’un processus de discernement qui doit avancer et durer toute la vie. Mais c’est beau, quand on a une personne avec laquelle parler de ces choses. Laisser sortir ses sentiments. Ne pas les anesthésier, ne pas les diminuer. Chercher quelqu’un qui m’inspire confiance pour en parler et faire le discernement. C’est ma réponse pour toi, Maxime.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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