Mgr Silvano Maria Tomasi

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Nucléaire iranien : une victoire de "la méthode du dialogue"

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Le représentant du Saint-Siège à l’ONU à Genève salue le fruit des négociations marathon qui ont transformé l’essai du pré-accord d’avril dernier: une logique est enclenchée qui pourra aider à al résolution d’autres conflits.

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Mgr Tomasi considère le nouvel accord international sur le nucléaire iranien comme un « pas très positif » : « Il montre que, même quand cela est très difficile, la méthode du dialogue peut aboutir. »

Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies, à Genève, confie sa réaction au micro de Radio Vatican après l’accord « historique » signé à Vienne mardi, 14 juillet.

Mgr Tomasi salue ce qu’il appelle « la méthode du dialogue » : « Tout d’abord, je dirais que c’est un pas très positif, parce que l’on doit suivre la méthode du dialogue même quand les situations sont très difficiles. Et de cette manière, on peut espérer arriver à conclure quelque chose de positif entre les puissances en difficulté entre elles en ce moment. »

Il espère que l’accord facilitera les relations entre les grandes puissances et le Moyen-Orient, mais aussi les négociations pour mettre fin à la violence en Syrie, qu’il permettra de réduire l’influence de Daech qu’il qualifie de « désastreuse » : « Le fait que l’Iran et les membres permanents du Conseil de sécurité sont arrivés à signer un accord, je crois que cela pourrait d’abord faciliter les relations des grandes puissances avec le Moyen-Orient et enfin faciliter les négociations pour mettre fin à la violence en Syrie. Surtout dans ce pays. Et essayer de travailler ensemble pour neutraliser l’influence négative, en réalité, désastreuse, que le soi-disant Etat islamique continue à provoquer, pas seulement au Moyen-Orient, mais aussi dans d’autres parties du monde. »

Pour la suite à donner à l’accord, Mgr Tomasi compte sur le bon sens et le sens du bien commun universel : « Il faut renoncer à la mentalité qu’il y a des Etats qui sont mauvais et d’autres qui ont plus de bonne volonté : il faut travailler partout et ensemble pour arriver à créer un contexte international qui facilite le développement, les bonnes relations pacifiques entre les pays. En ce moment, l’embargo qui avait été imposé à l’Iran va être éliminé, et nous avons vu dans le cas de Cuba que c’est un pas qui peut seulement conduire à des conséquences positives. Evidemment, il reste quand même certains problèmes difficiles à résoudre comme l’approbation de l’accord de la part du Congrès des Etats-Unis mais j’espère que le sens commun et la bonne volonté de trouver une voie commune pour arriver à la paix en Syrie et dans la région du Moyen-Orient puissent dominer les discussions et prévaloir. »

L’envoyé du Saint-Siège à l’ONU compte sur le rôle des Nations-Unies : « Il est absolument nécessaire je crois de renforcer les efforts des Nations-Unies et des son représentant, du Secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, qui essaye d’amener à la même table des négociations tous les acteurs impliqués dans les conflits actuels au Moyen-Orient et surtout en Syrie. Et la présence de l’Iran et l’influence de l’Iran pourraient être un facteur positif, même si tout le monde n’est pas d’accord avec toutes les positions politiques d’un pays ou de l’autre. »

Il estime que l’accord aura une influence positive pour la résolution d’autres conflits: « Je crois que l’influence positive de l’accord pourrait être utilisée pour d’autres   régions, surtout dans le cas du soi-disant Etat islamique-Isis qui devient le point de référence pour des groupes comme Boko-Haram et d’autres, qui en appellent à la loyauté avec cet Etat fantomatique pour dire qu’il vont justifier la violence et les désastres qu’ils procurent aux populations, en Libye, au Nigeria, dans d’autres point du monde. Alors, vraiment, si on commence vraiment à négocier et à résoudre le problème du Moyen-Orient, on aura des conséquences positives dans le Nord de l’Afrique, dans l’Ouest de l’Afrique, la Somalie, d’autres pays. Et de cette manière, on pourra vraiment dire que l’effort des structures internationales, surtout des Nations-Unies ont encore une raison d’être positive et que ce n’est pas seulement un forum de dialogue sans conclusions pratiques, comme quelqu’un l’a fait observer. »

L’accord a été conclu à Vienne (Autriche) entre l’Iran et le groupe « 5+1 » – Etats-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne, Russie, autrement dit les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne -, après 12 ans de discussions et presque 2 ans de négociations à Vienne, Genève, New-York et Lausanne, qui ont débouché sur un pré-accord  début avril 2015, et ont été couronnées par un marathon de 17 jours.

L’Iran renonce à l’arme nucléaire, le « groupe des 5+1 » renforcera les contrôles sur le nucléaire civil et ils lèveront peu à peu l’embargo.

Dans son message Urbi et Orbi, à Pâques, le 5 avril, le pape avait salué le pré-accord en disant : « En même temps, avec espérance, confions au Seigneur qui est si miséricordieux l’entente obtenue à Lausanne ces jours derniers, afin qu’elle soit un pas définitif vers un monde plus sûr et fraternel.”

Et auparavant, en février dernier, le pape François avait reçu Mme Shahindokht Molaverdi, vice-présidente de la République islamique de l’Iran, au Vatican.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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